Construction étatique et construction nationale - Linz
Commentaire de texte : Construction étatique et construction nationale - Linz. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Stéphane Martin • 21 Février 2022 • Commentaire de texte • 2 164 Mots (9 Pages) • 464 Vues
Commentaire de texte – Sujet 2
Ce texte est un extrait de l’essai « Construction étatique et construction nationale » écrit par Juan José Linz et publié dans la revue scientifique European Review en 1993. Cet essai met en opposition les États disposant du monopole de la violence et ceux ne la disposant pas pour diverses causes. Une ouverture sur l’objectif des différents régimes est également réalisée. L’auteur est un sociologue au sein de l’université de Yale. Ses travaux sur l’autoritarisme sont réputés. Au travers de ce texte, Juan José Linz fait directement référence au principe de monopole de la violence théorisé par Weber. L’auteur expose les différentes violences que l’Etat peut exercer sur les différentes populations. Il met également en opposition d’autres modèles d’États qui peinent à exercer cette violence en étudiant ces causes. Enfin il fait le lien avec les intentions des Etat à avoir des objectifs collectifs ou non. C’est à partir ce cela qu’il parait pertinent de se demander comment les États possèdent-ils une autorité suffisante pour exercer une violence légitime ? Ainsi nous pouvons également nous poser la question de jusqu’où celle-ci peut-elle s’exercer et à quel prix ? Pour cela nous étudierons dans un premier temps les fondements de la légitimité auprès des population pour assurer une autorité pour ensuite analyser les fragilités de la légitimité lors de différentes crises.
Dans cette première partie nous tacherons d’abord d’établir la notion d’État afin de la relier dans un deuxième temps à sa légitimation afin de montrer que l’Etat peut exercer une violence légitime.
Dès le début de l’extrait l’auteur fait référence à la notion d’Etat. Afin d’appuyer notre développement il nous appartient de la définir. Weber dans Économie et société définit l’Etat comme ceci : « L’Etat moderne est un groupement de domination de caractère institutionnel qui a cherché à monopoliser, dans les limites d’un territoire, la violence physique légitime comme un moyen de domination et qui, dans ce but, a réuni dans les mains des dirigeants les moyens de gestions ». Un autre théoricien des États en donne une autre définition. Dans Théologie Politique de Carl Schmitt, l’État est présenté comme une sorte de dieu, veillant sur l’intérêt général. Il met ainsi en avant des ressemblances entre les deux entités au travers de deux concepts. D’un côté la Ratio, ce qu’on peut trouver de naturel dans la théologie et dans un État : c’est-à-dire une théologie naturelle et une jurisprudence naturelle et d’un autre côté la Scriptura c’est-à-dire toutes la dispositions réglementaires comme le droit positif et religieuses. L’essai de Juan José Linz fait également référence à l’idée de Rechtsstaat, théorisée par Kelsen, où les normes juridiques sont hiérarchisées excluant ainsi les décisions arbitraires. L’idée d’un patriotisme constitutionnel peut aller dans ce même sens. Habermas développe une idée selon laquelle une communauté nationale peut se constituer autours de dispositifs constitutionnels. Avec toutes ces définitions nous voyons clairement qu’un Etat est une entité capable d’imposer des mesures à une population constitué en nation. Cependant, il faudrait analyser comment l’Etat peut imposer des mesures à une population.
Les champs de la violence comme les « ressources financières » ou le « contrôle de la population sur son territoire » ou encore le « pouvoir de décréter les lois » exprimés par Juan José Linz se retrouvent dans la définition webernienne de l’Etat. Les définitions données ici de l’Etat font appel à une notion importante qui est l’expression de la domination de l’Etat. Selon Carl Schmitt les populations sont soumises à l’Etat comme un Dieu, étant de facto légitime mais pour Weber il faut que les populations soient prêtes à obéir. Pour reprendre Weber, il définit 3 modes de légitimations : la traditionnelle, la rationnelle-légale et enfin la charismatique. La légitimité traditionnelle accorde beaucoup d’importance aux croyances, aux normes coutumières héritées du passé. Elle a été privilégiée par un système féodal. L’autorité du chef réside dans la sa situation personnelle ainsi que sa filiation. La légitimité rationnelle-légale accorde l’autorité au statut de la fonction dirigeante tant qu’elle procède d’un ensemble de règles. Une personne physique possède une autorité seulement en raison de sa fonction. Elle s’incarne dans un corps de fonctionnaire d’État qui ont été choisis pour leurs compétences. Leur contrat est écrit et non pas vassalique comme dans un système féodal. Le système bureaucratique est celui mis en place dès le VIIème siècle en Chine où les Mandarins étaient des fonctionnaires lettrés et éduqués sélectionnée par concours. Enfin la légitimité charismatique repose sur la personnalité du leader. C’est le cas des dictatures avec notamment Hitler. Cette légitimité s’avère dans les faits assez fragile car elle s’appuie principalement sur les émotions. Pour prendre l’exemple du régime français, la légitimité de l’Etat se rapproche du modèle rationnelle-légal. C’est un système bureaucratique donnant le pouvoir à des fonctions et non à des personnes. De plus, le corps de fonctionnaire est recruté sur concours. C’est ainsi que l’Etat français semble pouvoir prendre des mesures légales restrictives notamment dans le cadre de la gestion de la crise de la COVID-19 sans provoquer une protestation massive de la population. `
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