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Le monde de l'atelier Lyon XIX

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Par   •  14 Novembre 2015  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 023 Mots (9 Pages)  •  1 191 Vues

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TD L1 Séance 3

Commentaire de document iconographique

Un atelier de canuts vers 1877

Introduction

  • NATURE, AUTEUR, DATE

Le document soumis à notre étude est une gravure sur bois, aujourd’hui conservée au musée Gadagne, à Lyon. Elle a été imprimée sur papier et publiée le 3 mars 1877 dans Le Monde illustré, hebdomadaire parisien concurrent du journal L’Illustration, qui propose à ses lecteurs une iconographie riche et variée. Le dessin est l’œuvre du dessinateur Jules Férat, qui a été envoyé par le journal visiter les ateliers de canuts de la Croix-Rousse. Rendu célèbre par ses représentations du monde ouvrier, Férat est également l’auteur d’illustrations accompagnant certains ouvrages de Jules Verne ou encore de Victor Hugo. La gravure a, quant à elle, été réalisée par Moller, dont on peut apercevoir la signature en bas à droite.

  • CONTEXTE

Cette gravure représente l’intérieur de l’atelier d’un ouvrier en soie, qu’on appelle un « canut ». Elle témoigne d’un contexte bien particulier. Depuis 1815, la fabrication de la soie a connu à Lyon une phase d’expansion de longue durée. Elle repose sur le travail de tissage réalisé dans de petits ateliers qui se sont multipliés dans la première moitié du XIXe siècle (à Lyon en 1848, cette activité occupe 13 080 travailleurs selon Y. Lequin, cf. bibliographie). Mais l’élan de la Fabrique lyonnaise est remis en cause à plusieurs reprises (n.b. : le terme de « Fabrique » est utilisé pour désigner tous les acteurs qui prennent part à l’industrie de la soie). Par deux fois, en 1831 puis en 1834, les canuts se révoltent contre les conditions de travail qui leur sont imposées. Mal payés, ils doivent effectuer de longues journées de travail pour vivre. En 1848, ils sont nombreux à prendre part à la révolution de février. Alors que leur situation semblait vouloir s’améliorer, ils doivent faire face, à partir de 1876, à une crise sans précédent.

  • OBJECTIF

Il n’est donc pas étonnant que cette gravure ait été accompagnée, lors de sa publication, du titre suivant : « La crise lyonnaise. Intérieur d’un tisseur de soie ». L’objectif du dessinateur est double. Il souhaite décrire un atelier modèle, afin de permettre au lecteur du journal d’entrer dans l’intimité d’un canut et de découvrir son travail. Mais cette gravure est aussi une œuvre de circonstance, qui doit accompagner un article d’information : il s’agit de témoigner de la crise que traverse la soierie lyonnaise et de ses conséquences sur une famille d’ouvriers.

  • PROBLEMATIQUE

En quoi cette gravure reflète-t-elle la condition des canuts en 1877 ?

  • PLAN

I/ L’atelier, un lieu de travail…

  1. Le métier, principal outil du canut
  2. L’organisation du travail

II/ … et lieu de vie…

  1. Un espace privé réduit au minium
  2. Des conditions d’hygiène médiocres

III/ … en pleine crise.

  1. La crise de 1877
  2. Ses conséquences sur une famille de canuts

I/ L’atelier, lieu de travail …

  1. Le métier, principal outil du canut

La première chose qu’on voit sur cette gravure, c’est le métier à tisser, qui prend quasiment toute la place dans l’atelier. Le bâti, c’est-à-dire la charpente de bois sur laquelle sont fixées les différentes parties du métier, est très volumineux. L’ensemble du métier mesure environ 4 mètres de haut sur 3 de long. Il s’agit d’un métier jacquard : il est surmonté par une mécanique, inventée à Lyon en 1804 par Joseph Jacquard et qui est destinée à soulever les fils de chaîne. C’est une innovation importante, qui simplifie beaucoup le travail du canut (il peut désormais travailler seul sur un métier, alors qu’il fallait être plusieurs auparavant) et marque un premier pas vers un tissage mécanisé.

Le métier a retenu toute l’attention du dessinateur : il s’est appliqué à en détailler toutes les parties. On peut facilement repérer sur la gravure les fils de chaîne, tendus dans le sens horizontal. Le principe du tissage consiste à croiser les fils de chaîne avec les fils de trame, tendus dans le sens vertical. On remarque également que les fils de chaîne sont tendus entre deux grands rouleaux, qu’on appelle les ensouples. Une fois terminé, le tissu s’enroule autour de celui qu’on voit à gauche. Les fils de chaîne passent à travers un anneau, fixé sur les lames (grands panneaux verticaux). On envoie en travers les fils de trame, enroulés sur un petit cylindre appelé navette, puis un peigne se charge de les pousser vers la gauche (je n’identifie pas le peigne sur la gravure), c’est alors que le tissu commence à se former au niveau de l’ensouple située tout à fait à gauche. Il s’enroule autour au fur et à mesure. Bien qu’il ne soit pas nécessaire, je pense, de rentrer dans les détails techniques, j’ajoute un schéma en fin de commentaire, au cas où.

Le mécanisme jacquard permet de faire monter et descendre automatiquement les lames, en actionnant une pédale.

A droite de la table, on voit un « rouet lyonnais », qui sert à préparer les canettes (petits cylindres sur lesquels on enroule le fil de trame), et un panier vraisemblablement rempli de fils.

  1. L’organisation du travail

Le tissage de la soie est réalisé sous les ordres du chef d’atelier, qui possède les métiers. Il y en a généralement de 2 à 6. Ici, on n’en voit qu’un : sans doute le dessinateur a-t-il préféré ne pas en représenter plus, pour mieux se concentrer sur celui-ci. Le chef d’atelier, qui est ici assis à table, dépend du négociant. Absent de la gravure, son rôle est pourtant très important. C’est lui qui avance le capital, qui fournit la matière première, qui passe commande au chef d’atelier de tel ou tel ouvrage et qui, une fois la pièce terminée, l’achète pour la vendre (le négociant fixe un salaire selon le nombre de pièces produites). Le chef d’atelier est donc un salarié qui possède son outil de travail.

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