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L’arbitrage de Siffin et l’origine des trois branches de l’Islam selon Tabari

Dissertation : L’arbitrage de Siffin et l’origine des trois branches de l’Islam selon Tabari. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  10 Avril 2014  •  2 603 Mots (11 Pages)  •  2 064 Vues

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L’arbitrage de Siffin et l’origine des trois branches de l’Islam selon Tabari

Les mots précédés d’une étoile (*) sont répertoriés dans le lexique à la fin du document.

Ce texte est un extrait du Ta’rikh al-nusûl wa-l-muluk. C’est une histoire universelle, qui commence à la création, prend la forme d’un annale à partir du début de l’ère musulmane, et se termine en 915. L’auteur, al Tabari, Abû ja’fa Muhammad ibn jarir est un historien, et *exégète célèbre du monde musulman. Adepte de l’école juridique *Chaféite, il créa la sienne, mais le succès ne fut pas au rendez-vous. Destiné à éclairer la communauté sur des sujets religieux, juridiques, politiques et sociaux, des auteurs postérieurs d’histoire universelle comme Miskawayh et Ibn al-Athir utilisèrent son texte en tant que source. Tabari écrivit son œuvre sous le califat abbasside. Il s’attira les foudres de la communauté en critiquant l’interprétation hambalite et anthropomorphique du verset coranique, qui dit que Dieu « est assis sur son trône ». Le texte reste objectif en surface, mais vue la mise en exergue de certains éléments au détriment d’autres, on peut penser que Tabari n’était pas forcément bienveillant vis-à-vis de la dynastie omeyyade.

Tabari évoque ici le déroulement de la bataille de Siffin, où s’opposèrent le *calife *Ali et le gouverneur Syrien Mu’awiya. Il développe aussi la première partie de l’arbitrage qui en découle. Amr ibn al-Âs al-sahmi étant le représentant de Mu’awiya et Abû musa celui d’Ali. Le troisième élément important du texte, est la naissance de la secte Kharijite, qui est la conséquence de l’arbitrage humain.

En 658, l’année de cette bataille, la *djahiliya et son fonctionnement exclusivement tribal est révolue. En effet, Muhammad, le prophète, a réussi à mettre en place, par le biais de l’islamisme, un sentiment supra-tribal. La crise Sassanide ainsi que l’impopularité de Constantinople rend Ali héritier d’un territoire qui s’étend des confins de l’Egypte jusqu’en Arménie et en Khorassan, et ce en passant par la Lybie et la péninsule arabique. Les pays conquis n’ont été soumis ni à une islamisation, ni à une arabisation systématique. Le califat préfère mettre l’accent sur une organisation financière du territoire. Les coutumes des populations dites « *du livre » sont respectées en contrepartie de l’acquittement d’un impôt. Umar, le second calife a fortement contribué à la structuration de cet espace islamique : des *wali sont placés à la gouvernance des différentes provinces, et un réseau de *diwân permet de redistribuer les impôts et les richesses équitablement, en fonction du mérite et de l’ancienneté. Les littoraux se voient parés de fortifications, et une flotte est mise en place.

Alors qu’Ali devient la figure de proue d’un ensemble aussi étendu et puissant, quelles sont les raisons de la division de l’umma, et de la montée d’une opposition, qui entrainera sa chute ?

Pour répondre à cette question, nous étudierons la deuxième partie du règne d’Uthman, et plus particulièrement ses choix politiques et les révoltes qu’ils entrainèrent. Puis nous nous intéresserons à la fithna, notamment la baille des Chameaux et celle de Siffin, ainsi que l’arbitrage qui en découle. Pour finir, nous nous pencherons sur les courants principaux de l’Islam.

I. L’Uthman post-conquêtes.

1. Des choix politiques controversés.

Pour mener à bien une série de conquêtes (Arménie, Maghreb, Nubie), Uthman recruta de nouveaux combattants, dont certains n’étaient pas d’anciens musulmans. Ce choix lui aliéna une partie des arabes installés en Irak et en Egypte.

Pour asseoir son pouvoir sur les territoires conquis, il hissa au pinacle les membres de sa famille en les nommant wali. Il privilégia son entourage, parfois fraichement converti, en lui distribuant des parts importantes du butin et des impôts. Ce népotisme, qui fit primer l’union tribale sur l’union religieuse se transforma rapidement en substrat propice à la colère populaire, et au jalousement des anciens compagnons.

De plus, pour affirmer son autorité, il compila les révélations du prophète en un coran. Pour être certain qu’il n’y ai aucune contradiction avec son codex, et pour en avoir l’exclusivité, il détruisit les autres échantillons, et écrits coraniques non conformes.

Ses choix politique furent largement controversés. Plusieurs mouvements dissidents émergèrent et se firent entendre.

2. Le mécontentement des populations, les égyptiens et la mise à mort d’Uthman.

Ces diverses mesures politiques mirent à mal la cohésion religieuse et politique fraichement acquise. A Kûfa, une Révolte éclata en 644/5 afin de prévenir une spoliation, par Uthman, des terres anciennement Sassanides, considérées par les autochtones, comme appartenant aux premiers conquérants. Offensés par la création de la vulgate, et par la destruction des multiples supports de la parole divine, un groupe de *qurrâ’, menés par Mâlik al-Ashtar al-Nakhâ’i, destituèrent l’émir Sa’id b al-Âs et intronisèrent Abû Mûsâ al’Ash’arî à sa place.

A Médine, quelques *ansâr s’opposèrent aussi à ces réformes. Mais l’opposition la plus virulente fut celle de combattants égyptiens. Ils envoyèrent une délégation à Médine, où ils furent reçus et apaisés par Uthman. Sur le chemin du retour, ils interceptèrent une missive adressée au gouverneur de Fustât, qui lui ordonnait de châtier cette délégation. Ils revinrent donc sur leurs pas pour assiéger la résidence médinoise du calife. Ils éliminèrent Uthman en juin 656.

Ces soulèvements populaires laissèrent une emprunte durable. Mais ils ne furent pas comparables à la guerre civile qui se préparait.

II. Une atmosphère de *fithna.

1. La bataille des Chameaux et la bataille de Siffin.

Ali fut le cousin et le gendre de Muhammad, il fut élu calife après l’assassinat d’Uthman, auquel il reprochait un manque d’égalité dans la communauté, et de ne pas appliquer les peines coraniques de manière assez stricte. Il était donc dans l’opposition, et il se posa en médiateur (sans les encourager) entre le troisième calife *râshidûn, et ses meurtriers.

Cette proximité avec les assassins de son prédécesseur, ainsi que le fait qu’il soit le principal bénéficiaire

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