La Société Française à La Belle époque Est-elle Une Société Bloquée ?
Compte Rendu : La Société Française à La Belle époque Est-elle Une Société Bloquée ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar angel1893 • 9 Novembre 2012 • 3 343 Mots (14 Pages) • 1 727 Vues
La société française à la belle-époque est-elle une société bloquée ?
C’est dès 1919 grâce à l’évidence née au sein de l’opinion publique et au milieu d’un consensus des plus rapides, qu’apparut l’expression de « Belle Epoque » pour désigner le temps d’avant la guerre, en s’opposant à elle. Elle désigne une période calme, stable et heureuse, pendant laquelle on est conscient que les changements, les découvertes sont marquées par le signe de la lenteur et de la sagesse ancestrale. Ce passé proche est rétrospectivement embelli, malgré la dureté des conditions de vie de la majorité des français, la réelle et considérable inégalité des patrimoines et des revenues, les crises politiques, les conflits idéologiques et aussi les tensions internationales. La Belle Epoque s’étend de 1896 à 1914, elle débute à la fin de la période de crise de 1873 à 1896, ou le pays a connu un fort ralentissement de la croissance, des successions de crises, du chômage et de baisses des prix, et se termine au seuil de la 1ère guerre mondiale. La société se rapporte à l'ensemble des mœurs et coutumes partagés par une population : les choix d'organisation sociale, des valeurs et normes. Lorsqu’elle est bloquée, elle tombe dans l’isolement de l’individu, la prédominance des activités formelles, l’isolement de chaque strate, la lutte des strates entre elles pour leurs privilèges. En effet, vu sa rigidité, elle ne peut pas s’adapter facilement aux évolutions de son environnement. Il résiste et ne peut pas opérer le changement qu’à travers les crises alternant des longues périodes de routine et de crises, comme l’énonce l’historien Crozier. Une société qui tombe dans la routine ne connait plus de révolution, en effet, la lune de miel de la république et ses grandes réformes sont passées, elle est maintenant bien ancrée avec plus de contestation à droite. On est face à une société d’après la révolution et les réformes, dans une conjecture économique favorable qui fait le constant de l’efficacité et les changements opéré dans la république. C’est une société qui est le résultat des réformes du gouvernement. Elle se situe entre le progressisme et maintien du passé. En effet, en 1896 la France sort de la période dépressive qu’elle a connu dans les années 1880. Les prix se redressent vivement, et font renaître l’optimisme. Ce qui rend supportable le relatif verrouillage catégoriel de la société c’est l’amélioration du niveau de vie moyen. La consommation alimentaire s’accroit, elle est plus riche et variée et plus égale aussi entre les villes et la campagne. Ces améliorations ne peuvent cependant dissimuler les difficultés de l’existence matérielle des ouvriers, paysans, petits fonctionnaires et employés qui ont du mal à boucler les fins de mois. Nous pouvons alors nous demander en quoi malgré l’amélioration des conditions de vie des français à la Belle Epoque, peut-on dire que cette société est une société bloquée. Nous verrons tout d’abord les inégalités sociales de cette époque, puis nous nous intéresserons à la rigidité des différentes classes sociales, ce qui entraîne une société individualiste, finalement nous verrons les différentes réformes mises en place, mais qui n’aboutissent pas, entraînant la séparation entre le peuple et les politiques.
Le rajeunissement de l’économie se heurte au vieillissement de la population et aux effets en cascade de la crise démographique. Le fléchissement démographique se confirme au début du XXème siècle, il se traduit par un recul de la natalité aussi bien dans le milieu urbain que rural. Le taux de natalité en 1900 est faible et plusieurs fois inférieur au taux de mortalité. Cela peut s’expliquer par le désir des classes les plus basses de donner une vie plus facile, avec une éducation et un accès à un rang social supérieur, ce qui ne peut se faire lorsque l’on a trop d’enfants. En effet, chez les paysans le taux de natalité diminue à cause du partage de l’héritage, et chez l’ouvrier car l’école étant devenue obligatoire, leur seul salaire ne peut pas l’assumer. Ils pensent qu’il vaut mieux peu d’enfants bien éduqués et aptes à l’ascension sociale que beaucoup d’enfants contraints au travail précoce. Dès lors la croissance de la population ne vient que de son vieillissement. La mortalité au contraire est en hausse à cause des trois fléaux qui sévissent : la tuberculose, les maladies vénériennes, et l’alcoolisme qui fait des ravages dans les classes les plus basses. La mortalité reste donc élevée et l’espérance de vie réduite, ce qui bloque considérablement le progrès.
Les femmes et les étrangers représentent la majorité de la population mais il s’agit d’une majorité quasi-marginalisée, dans un monde strictement hiérarchisé et dominé par les catégories sociales de la haute société. En effet, les femmes subissent la suprématie masculine : celle du père tout d’abord, puis du mari. Le devoir d’obéissance est rappelé par le Code civil (article 213). Une femme a nécessairement la même nationalité que celle de son époux. Ce dernier a presque tous les droits sur elle : il doit surveiller la conduite de sa femme. En juillet 1907, une loi est votée mettant en place le système des « biens réservés » (salaire, économies) que l’épouse peut gérer s’ils sont réservés en priorité aux besoins du ménage. Vivre sans la tutelle masculine est presque impossible. Une mineure est soumise à son père, divorcer est extrêmement difficile et la femme solitaire connaît un sort particulièrement délicat, à moins de disposer d’une fortune personnelle. En 1911 elles représentent 38% du monde ouvrier, en particulier dans les industries du textile et de l’habillement, que ce soit en travailleuses à domicile, en atelier ou en usine. Au final, les ouvrières et surtout les ouvrières à domicile sont l’objet d’une exploitation de la part du patronat, bien que la loi Millerand permette la multiplication des inspecteurs du travail. En 1901 il y a dans les lycées et collèges 58 000 garçons et 7 800 filles. Les femmes professeurs sont mal vues des dames de la bourgeoisie, elles sont jugées trop émancipées, aux mœurs suspectes et aux idées parfois dangereuses. Pourtant, peu à peu, la société et les mœurs évoluent et certaines femmes manifestent la volonté de jouer un rôle dans ce monde dirigé par les hommes. Ce sont les célèbres « suffragettes » par exemple, qui militent pour le droit de vote et l’exercice de fonctions politiques. Cependant, malgré ces manifestantes, la femme reste soumise aux lois masculines, ce qui participe en partie à la situation de blocage dans
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