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La France, La Nation, La Guerre, JJ Becker S Audoin Rouzeau

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Par   •  30 Juin 2013  •  9 354 Mots (38 Pages)  •  924 Vues

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Stéphane Audouin-Rouzeau, Jean-Jacques Becker

La France, la Nation, la guerre : 1850-1920

Introduction.

19ème : la France est une des nations les plus solidement construites. Car « sensibilité des français à la France. » Idée nationale inséparable de la dimension spirituelle. Inscrire la période dans la construction du sentiment de nation. 1850-1920 comme l’aboutissement d’un processus de construction du vouloir-vivre ensemble français. Les guerres ne sont pas des parenthèses mais une modification de l’intensité, de la force et du contenu du sentiment national. Deux conflits majeurs : 1870-1871 et 1914-1918. Sous le Second Empire : jusqu’en 1870, « aventures extérieures » et guerres limitées puis grand conflit franco-prussien qui marque une première étape vers la totalisation de la guerre. WWI comme point culminant de ce processus commencé dans le second 19ème. En suivant l’axe de la guerre, tenter de décrire l’achèvement de la construction du sentiment de nation, sans en faire une nécessité historique.

Chapitre 1 : GLOIRE, NATION ET GUERRE : L’ÉTAPE DÉCISIVE DU SECOND EMPIRE.

• Introduction.

1848-1870. Le problème de la nation apparaît encore assez peu ; mais le rétablissement de l’Empire doit être analysé en-dehors de son contexte purement politique. Examiner le souvenir historique des Français de l’époque gloire de la Grande Nation et conquêtes du Premier Empire. Sensibilité contemporaine à la grandeur de la nation, à sa mission, aux sacrifices qu’elle exige. Chauvinisme et chauvinisme cocardier (classes populaires) ne sont pas qu’un adjuvant aux enjeux politiques. Attentes et émotions collectives parmi les plus fortes du 19ème siècle. Un imaginaire inséparable de la vie politique de cette époque.

Exemple : élection de décembre 1848. C’est avant tout « le prestige du nom, l’amour-propre national, la passion de la gloire [qui] l’ont emporté sur toute autre considération. » (René Rémond, La vie politique en France, 1848-1879) LNB élu comme incarnation du patriotisme.

« Légende noire » du Second Empire vs IIIème République, qui reste objet de fascination historiographique et se pose comme le lieu de l’achèvement de l’idée de nation, accompli à travers la scolarisation, la conscription obligatoire et universelle, la diffusion de la culture écrite. Mais remarquons qu’en effet, l’investissement de la 3R dans la construction du concept de nation ne se résume qu’à une lente mutation d’ordre culturel.

• Le poids du Second Empire dans la construction de la nation. 1848-1852.

Le souvenir historique : constitué d’une part par la légende napoléonienne enracinée dans le premier 19ème, phénomène culturel distinct du bonapartisme, phénomène qui s’est affirmé sous la monarchie de Juillet (images d’Epinal, lithographies, almanachs etc). A Paris : statue de Napoléon Ier replacée sur la colonne Vendôme en 1833, Arc de Triomphe achevé en 1836, cérémonie du retour des cendres de Sainte Hélène en décembre 1840, à laquelle assiste un million de personnes pédagogie hyperbolique des contemporains.

LNB utilisera à plusieurs reprises cette symbolique. Mais attention, elle ne se traduit pas forcément par une adhésion mécanique au bonapartisme ; cf. échecs de coup d’état de 1836 et 1840. Mais reste le phénomène de capitalisation politique de la légende napoléonienne. Culte de l’armée, symbolique des aigles impériaux. pendant longtemps le sentiment patriotique est indissociable d’une composante guerrière. « Superstition napoléonienne » ? (Agulhon) instrumentalisation du sentiment de nation via le souvenir historique de la geste guerrière du Premier Empire conquête de l’opinion.

Ainsi l’arrivée au pouvoir de LNB parachève la revanche française sur le traité de Vienne de 1815, revanche esquissée en 1830. Sa victoire politique est avant tout une restauration de l’Empire. 1852 : immenses fêtes populaires, parmi les plus importants concours de foule du 19ème et oubliées par l’historiographie. La composante nationale (et nationale guerrière) est un pilier du projet politique intérieur de Napoléon III, mieux, elle est la substance du régime, de sa légitimité, de son idéologie – preuve en est la défaite de 1870 qui dissout le Second Empire en quelques heures. C’est à Sedan d’ailleurs que s’instaure l’équation capitulation = déshonneur de l’armée et de la nation (par opposition à celui du chef de l’Etat ; LNB seulement capturé).

Le projet politique bonapartiste : réconcilier les divisions issues de la Révolution Française « fusion nationale. » Idée de nation a vocation à transcender les partis et divisions. La gloire vs le bonapartisme… Le système napoléonien « consiste à réunir autour de l’autel de la patrie les Français de tous les partis en leur donnant pour mobile l’honneur et la gloire. » (LNB) la guerre dans la période a à plusieurs reprises mis la nation au-dessus des partis. Rallier les oppositions à un régime et à son chef lors d’une tension collective qui permet de vérifier la légitimité du projet idéologique bonapartiste.

• La paix ou la guerre ?

Dès 1866 se fait sentir la menace prussienne sur la politique extérieure française. Discours d’Auxerre : une fois de plus, l’empereur invoque la revanche et l’aversion pour les traités de 1815, mais à ce moment l’opinion se dresse contre la menace de guerre sous-entendue dans ces propos. NB : l’empereur invoque une guerre défensive (émancipation des nationalités européennes) dans la lignée des propos du Mémorial de Sainte Hélène, non pas une importation par les armes de la révolution française.

Exemple : discours de Bordeaux en octobre 1852, « L’Empire, c’est la paix. » Il faut retourner l’héritage guerrier de l’Empire en un effort interne de pacification politique et de mesures sociales (pauvreté, modernisation). « Vous tous qui voulez comme moi le bien de notre patrie, vous êtes mes soldats. » construction d’une grandeur nationale centrée sur elle-même. Exemple : l’embellissement de Paris, prestige à l’intérieur.

ambigüité d’un appel à la grandeur nationale doublé d’un appel à la paix caractérise la période du Second Empire. Liée à des hésitations dans la pol de N3, et représentative de l’ambigüité

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