Etat et religions en Inde
Dissertation : Etat et religions en Inde. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar akkadpacha • 21 Mai 2020 • Dissertation • 1 475 Mots (6 Pages) • 1 206 Vues
Etat et religions en Inde
En 1947, l’Empire Britannique des Indes obtient une indépendance négociée avec Londres. Cet immense territoire est divisé en deux Etats : l’Union Indienne avec une majorité hindoue et le Pakistan avec une majorité musulmane. A la suite de cet accord, l’Inde met en place une Constitution en 1950. Un esprit séculier est intégré à ce texte de lois. Cette conception, nommée le sécularisme, permet des rapports apaisés entre l’Etat et la religion, avec pour principe que l’Etat considère toutes les religions avec la même bienveillance. Cependant, depuis plusieurs années, ce modèle est en crise. La principale menace vient de la montée du nationalisme hindou qui s'efforce de gommer la polysémie de l'hindouisme pour valoriser des critères d'identité séculiers. Ce mouvement radical est source de tensions et de discrimination. En quoi le nationalisme religieux remet-il en cause le sécularisme indien ? Nous verrons d’abord la pratique du sécularisme en Inde, puis la montée de ce sentiment nationaliste et enfin son affirmation.
Le sécularisme Indien s’inscrit dans une longue tradition multiculturaliste et de tolérance religieuse commençant avec l’empereur bouddhiste Ashoka, qui a régné au IIIe siècle avant J.C. et persiste avec les Moghols. Au XVIIIe siècle, ce territoire est victime de la colonisation par le Royaume-Uni principalement, qui a diffusé le christianisme.
En 1885 est créé le Congrès national Indien détenant la volonté que les religions hindoue et musulmane mènent ensemble le combat pour l’égalité des droits d’indépendance. A la tête de ce parti, Gandhi devient une figure de la résistance en prônant la non-violence et la désobéissance civile. Le parti du Congrès national Indien prend la tête de la révolte et plaide pour la création d’une Inde indépendante et laïque regroupant plusieurs religions. Le projet politique de ce parti ne recherche pas la création d’un Etat-nation homogène, il ne mène pas une politique d’assimilation pour fonder une société laïque très sécularisée ou une société homogène autour de la religion dominante. Suite à la seconde guerre mondiale, ce parti exige le départ des Britanniques et l’indépendance est alors discutée. La décision est prise, deux Etats seront créés : le Pakistan et l’Union Indienne. Les premiers moments de l'Indépendance sont marqués par de violents affrontements et de nombreux massacres, notamment à la frontière où les deux pays se disputent la possession du Cachemire.
Après l’indépendance de l’Inde en 1947, Nehru, leader de cette nation, crée un modèle de régulation des relations entre religion et politique qui est le sécularisme. A la différence de la laïcité, il reconnaît la légitimité du religieux dans la sphère publique, mais l'Etat y traite toutes les communautés sur un pied d'égalité. Maintenir cette paix religieuse est nécessaire puisque le pays est composé d’une grande majorité hindoue et plusieurs minorités tel que l’islam, le christianisme et le bouddhisme. La Constitution de l’Union Indienne, adoptée en 1950, garantie une liberté religieuse. L’article 15 interdit la discrimination fondée sur la « religion, la race, la caste, le sexe ou le lieu de naissance ». L’article 29 indique que les citoyens ont le droit de préserver leurs propres coutumes et langues. Ainsi, les minorités sont protégées et gardent leurs intérêts. Néanmoins, cet ensemble de libertés individuelles est menacé et fait face à certaines ambiguïtés entre l’Etat et les communautés.
La montée de ce sentiment nationaliste, à l’égard des minorités, a débuté au même moment que l’affirmation du sécularisme et remet en cause ce dernier. Ce nationalisme hindou a des racines dans la lutte anticoloniale. Il est théorisé dans les années 1920 par V. D. Savarkar, créateur de l’idée d’Hindutva. Cette idéologie utilise la religion hindoue comme marqueur identitaire de l’Inde. Par la suite, fondé en 1925 par un médecin indien K. B. Hedgewar, l’organisation volontaire nationale (RSS) est un groupe nationaliste hindou de droite. Le RSS est officiellement animé par l'engagement désintéressé au service de la nation. Outre les considérations religieuses, ce parti propage une conception raciale du peuple indien.
Lors de l’indépendance en 1947, la séparation des deux territoires se fait selon un critère confessionnel. Les régions à majorité musulmane rejoignent le Pakistan et celles à majorité hindoue rejoignent l’Union Indienne. Le Cachemire, Etat princier, a le choix de rejoindre l’un ou l’autre pays. La particularité de ce pays est que la majorité de la population musulmane est gouvernée par une dynastie Hindoue. Il est alors rattaché à l’Inde et les premiers conflits Indo-Pakistanais débutent. En 1949, un cessez-le-feu est signé et le Cachemire est divisé en deux par une ligne de contrôle. Une guerre Sino-Indienne aura lieu en 1962 où l’Inde perdra une partie du Cachemire et une deuxième guerre avec le Pakistan se déroulera en 1965. Ce conflit religieux, source de grandes tensions, souligne la difficulté à harmoniser les différentes religions. Il y a au Cachemire un véritable phénomène d’instrumentalisation de la dimension religieuse du conflit. L’Inde qui se veut tolérante et interculturelle doit composer avec une pression très importante du nationalisme hindou, parti ouvertement antimusulman. Faire du Pakistan la première et principale menace qui plane sur l’Inde sert aussi à susciter l’adhésion et donc le développement du parti nationaliste et hindouiste BJP.
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