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Constantinople

Commentaire d'arrêt : Constantinople. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  2 Mai 2015  •  Commentaire d'arrêt  •  2 160 Mots (9 Pages)  •  528 Vues

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Le samedi 24 avril 1915, à Constantinople (*), capitale de l'empire ottoman, 600 notables arméniens sont assassinés sur ordre du gouvernement. C'est le début d'un génocide, le premier du XXe siècle.

Il va faire environ 1,2 à 1,5 million de victimes dans la population arménienne de l'empire turc (ainsi que plus de 250.000 dans la minorité assyro-chaldéenne des provinces orientales et 350.000 chez les Pontiques, orthodoxes hellénophones de la province du Pont).

Aux premiers siècles de son existence, l'empire ottoman comptait encore une majorité de chrétiens (Slaves, Grecs, Arméniens, Caucasiens, Assyriens....). En Anatolie, au coeur de la Turquie actuelle, les chrétiens représentaient 30% à 40% de la population. Ils jouaientun grand rôle dans le commerce et l'administration, et leur influence s'étendait au Sérail, le palais du sultan.

Ces « protégés » (dhimmis en arabe coranique) étaient du fait de ce statut de subordination soumis à de lourds impôts ; ils avaient l'interdiction de porter les armes et de posséder un cheval, ce qui les mettait dans l'incapacité de se défendre ; il ne pouvaient plaider en justice contre un musulman qui les aurait dépouillés ou violentés !

Les premiers sultans, souvent nés d'une mère chrétienne, témoignaient néanmoins d'une relative bienveillance à l'égard des Grecs orthodoxes et des Arméniens monophysites.

Ces derniers étaient surtout établis dans l'ancien royaume d'Arménie, au pied du Caucase, premier royaume de l'Histoire à s'être rallié au christianisme ! Ils étaient majoritaires aussi en Cilicie, une province du sud-ouest de l'Asie mineure que l'on appelait parfois « Petite-Arménie ». On en retrouvait à Istamboul ainsi que dans les villes libanaises et à Jérusalem.

L'empire ottoman comptait environ 2 millions d'Arméniens à la fin du XIXe siècle sur une population totale de 36 millions d'habitants.

Ébauche de génocide

Malgré une tentative de modernisation par le haut, dans la période du Tanzimat, de 1839 à 1876, l'empire ottoman entre dans une décadence accélérée. Le sultan Abdul-Hamid II, humilié par le congrès de Berlin de 1878, attise sans vergogne les haines religieuses pour consolider son pouvoir (les derniers tsars de Russie font de même dans leur empire).

Entre 1894 et 1896, comme les Arméniens réclament des réformes et une modernisation des institutions, le sultan en fait massacrer 200.000 à 250.000 avec le concours diligent des montagnards kurdes. À Constantinople même, la violence se déchaîne contre les Arméniens du grand bazar, tués à coups de gourdin.

Un million d'Arméniens sont dépouillés de leurs biens et quelques milliers convertis de force. Des centaines d'églises sont brûlées ou transformées en mosquées... Rien qu'en juin 1896, dans la région de Van, au coeur de l'Arménie historique, pas moins de 350 villages sont rayés de la carte.

Ces massacres planifiés ont déjà un avant-goût de génocide. Mais le « Sultan rouge » fait le maximum pour dissimuler son forfait et paie même la presse européenne pour qu'elle fasse silence sur les massacres.

Abdul-Hamid II joue par ailleurs la carte de chef spirituel de tous les musulmans en sa qualité de calife. Il fait construire le chemin de fer du Hedjaz pour faciliter les pèlerinages à La Mecque. Il se rapproche aussi de l'Allemagne de Guillaume II.

Malgré ses efforts, il ne peut empêcher l'insurrection des « Jeunes-Turcs ». Ces jeunes officiers, à l'origine du sentiment national turc, lui reprochent de livrer l'empire aux appétits étrangers et de montrer trop de complaisance pour les Arabes.

Enver Pacha (22 novembre 1881 - 4 août 1922)Le 27 avril 1909, les Jeunes-Turcs installent sur le trône un nouveau sultan, Mohamed V, sous l'étroite surveillance d'un Comité Union et Progrès (CUP, en turc Ittihad) dirigé par Enver pacha (27 ans).

Soucieux de créer une nation turque racialement homogène, ils multiplient les exactions contre les Arméniens d'Asie mineure dès leur prise de pouvoir. On compte ainsi 20.000 à 30.000 morts à Adana (Cilicie) le 1er avril 1909...

Ils lancent des campagnes de boycott des commerces tenus par des Grecs, des Juifs ou des Arméniens, en s'appuyant sur le ressentiment et la haine des musulmans turcs refoulés des Balkans.

Ils réécrivent l'Histoire en occultant la période ottomane, trop peu turque à leur goût, et en rattachant la race turque aux Mongols de Gengis Khan, aux Huns d'Attila, voire aux Hittites de la haute Antiquité.

La Turquie dans la guerre de 1914-1918

Le 1er novembre 1914, l'empire ottoman entre dans la Grande Guerre aux côtés des Puissances centrales, les empires allemand et austro-hongrois, contre la Russie et les Occidentaux.

Les Turcs tentent de soulever en leur faveur les Arméniens de Russie. Mal leur en prend... Bien qu'en nombre supérieur, ils sont défaits par les Russes à Sarikamish le 29 décembre 1914.

L'empire ottoman est envahi. L'armée turque perd 100.000 hommes. Dans l'hiver 1914, elle bat en retraite et, exaspérée, multiplie les violences à l'égard des chrétiens dans les territoires qu'elle traverse, qu'ils soient Arméniens, Assyro-Chaldéens ou Pontiques (grecs orthodoxes de la province du Pont, sur la mer Noire).

Par ailleurs, malgré le comportement exemplaire des 120.000 soldats arméniens de l'armée ottomane (on a ainsi compté moins de désertions dans leurs rangs que chez leurs homologues turcs), Enver Pacha ordonne dès février 1915 qu'ils soient retirés du front, désarmés et affectés à l'arrière à des bataillons de travail.

Dans les semaines qui vont suivre, ils vont être systématiquement exécutés

Dans ces conditions, les Russes n'ont guère de mal à retourner en leur faveur les Arméniens mais aussi les Assyro-Chaldéens des provinces orientales de la Turquie.

Le 7 avril 1915, la ville de Van, à l'est de la Turquie, se soulève et proclame un gouvernement arménien autonome.

Dans le même temps, à l'initiative du Lord britannique de l'Amirauté, un certain Winston Churchill, les Français et les Britanniques préparent un débarquement dans le détroit des Dardanelles en

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