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L'adminitio synodalis à l'époque carolingienne

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Par   •  6 Mai 2018  •  Commentaire de texte  •  5 183 Mots (21 Pages)  •  993 Vues

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Recommandations épiscopales au clergé ( daté du début du IXème)

INTRO :

L'admonitio synodalis est "sans père, sans mère, sans généalogie". Pas de traces de noms propres, d'indications de lieux ou de dates, parfaitement anonyme.

Ce texte est une succession de prescriptions canoniques ou sont déversés pêle-mêle une masse d'indications sans classification. Ces recommandations épiscopales sont adressées depuis un diocèse au clergé, c'est à dire aux diverses paroisses dépendant du territoire du diocèse. Du latin "admonitio" : admonester, c'est à dire faire appliquer un certain nombre de règles, et "synodalis" qui insiste sur l'échelle du synode, l'institution synodale permettant de gérer les églises rurales par une assemblée de prêtres d'un diocèse autour d'un évèque.

Cette admonitio est certainement très ancienne, on peut le voir depuis la nature des prescriptions que l'on demande au clergé d'observer jusqu'au tournure des phrases et aux mots eux mêmes. Elle apparaît brusquement dans le pontifical romano-germanique du 10ème siècle. Pas de traces de noms propres, d'indications de lieux ou de dates, parfaitement anonyme. C'est au 10ème siècle qu'elle fut extrêmement recopiée et diffusée en tant queréférence canonique.

Robert AMIET est prêtre en 1936, puis aumônier des facultés catholiques, spécialisé en histoire de la lithurgie, auteur de 23 volumes et d'une soixantaine d'articles dans ce domaine. D'après les recherches de Robert AMIET publiées dans la revue des Maedieval Studies, une revue inaugurée en 1939 et financée par le Pontifical Institute of Maedieval Studies, il émet l'hypothèse suivante quant à son origine :

La fin du texte est tout à fait caractéristique : "omni potens Deus nobis concedere dignetur cuius regnum et imperium sine fine permanet in saecula saeculorum " : elle n'est autre que le souhait final qui clos obligatoirement chacune des bénédictions épiscopales dont le recueil a été publié par ALCUIN dans son célèbre supplément au sacramentaire grégorien. Or c'est un fait, elle n'apparait jamais dans les bénédictions antérieures qui appartenaient à la lithurgie gallicane. Cet admonitio synodalis est absolument de la même vaine que les grands conciles réformateurs que Charlemagne suscita dans tout son empire au début du IXème siècle.  Le premier Concile de Mayence fut tenu en 813 le 9 de juin. Quatre Députés de l'Empereur Charlemagne s'y trouvèrent, avec trente évêques et vingt-cinq abbés, et ils rédigèrent cinquante-six canons. La date de l'admonitio doit être très proche de ce concile si elle ne se confond pas avec elle.

Quant à son lieu de rédaction, on peut affirmer que l'admonitio a vu le jour dans un secteur déterminé de l'empire de Charlemagne, soit la Lotharingie ou la Rhénanie méridionale.

Dans le Haut Moyen-Age, la liturgie entretient des liens privilégiés avec la politique, l'une comme l'autre exprime de facon privilégiée certains aspects de la conception du pouvoir. Il s'agit d'affirmer l'idéologie dominante des clercs, mais aussi celle des rois ou des empereurs par l'utilisation à des fins politique du sacramentaire et du pontifical.

A partir de 789, les Carolingiens développe l'admonitio generalis : un immense effort de christianisation qui cherche à convertir les Germains encore paîens, à introduire le respect des commandements de Dieu et de l'Eglise dans le peuple chrétien, et à réformer clercs et moines pour qu'ils retrouvent l'observance de la règle et des canons. Cette volonté de christianisation de l'empire se retrouve avec Charlemagne : sacré Empereur à Rome par le pape Léon III le jour de Noêl de l'an 800, Charlemagne s'affirme comme le successeur de Constantin. Son couronnement impérial initie une nouvelle période d'entente entre les pouvoirs spirituels et temporels, profitable aux uns et aux autres. Charlemagne comprend l'importance de la religion pour l'établissement d'une stabilité politique et sociale à l'intérieur de son Empire ; tout au long de son règne il réglementa les modes de développement de l'institution écclésiastique par des capitulaires impériaux. Pour mener à bien sa politique religieuse il s'entoura de grands lettrés et de théologiens. La création d'écoles pour former les futurs clercs se fait dans les suites des capitulaires impériaux, pour assurer une meilleure éducation des représentants de Dieu, avec des examens réguliers pour vérifier le niveau spirituel et intellectuel des pasteurs. La structuration de l'Eglise est un modèle pour l'Empire car l'Eglise avec ses centaines d'années d'existence a dû s'ordonner, et cette discipline sera primordiale pour unifier les territoires barabres et paîens de son Empire.

I) un clergé aux multiples racines

1) le rôle de l'évèque sous l'autorité impériale

Depuis l'Antiquité, le personnage principal dans une église est l'évèque, le gardien de la commmunauté "pasteur et prédicateur".  Tout en étant un homme de prière, il est d'abord celui qui encadre la prière et les pratiques des fidèles, celui qui leur enseigne la parole de Dieu. Si le rôle des moines est d'abord de prier pour le salut du peuple chrétien, celui des évèques et , par délégation, des prêtres, est d'agir de façon à ce que le peuple adopte le comportement et les pratiques propices au salut.

 L'évèque au debut du 9ème siècle est aussi un grand propriétaire, il dispose dans la société de l'autorité et  des pouvoirs liés à la possession de vastes domaines. Dans ce cadre, la réforme conduite par les Pipinnides à partir de 789 : l'admonitio generalis soumet les évèques au roi qui les nomme et limite ainsi leur liberté d'initiative.  Les évèques choisis parmis les membres de l'aristocratie participent à un système de gouvernement qui intègre l'Eglise et l'Etat.

Après son couronnement par le pape en 800, Charlemagne continue de faire des assemblées générales annuel à Paques, mais leur but est plus administratif que militaire. Il veut que les prêtres soient des exemples et des examens sont chargé de vérifier leur niveau d'éducation.

Les capitulaires de Charlemagne confirme le rôle crucial de l'évèque, les évèques sont l'un des plus utiles instruments de la politique carolingienne. Si les comtes sont des administrateurs de l'empire carolingien  qui viennent renforcer l'autorité impériale dans les provinces du royaume, Charlemagne espère en utilisant les évèques instaurer une double surveillance implicite, où le comte surveillerait l'évèque et l'évèque surveillerait le comte.  D'autant que nombreux sont les évèques dont la puissance éclipse celle du comte.

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