Dans quelle mesure l’ordinatio imperii préserve-t-il l’unité de l’empire ?
Commentaire de texte : Dans quelle mesure l’ordinatio imperii préserve-t-il l’unité de l’empire ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lola111 • 6 Novembre 2020 • Commentaire de texte • 2 073 Mots (9 Pages) • 1 033 Vues
L’ordinatio imperii, l’ordonnance de l’empire en latin est un capitulaire impérial édicté à Aix la chapelle en juillet 817 par l’empereur louis le pieux (778-840), fils et successeurs de charlemagne afin de régler la succession de l’empire carolingien. Son texte nous est parvenu par un unique manuscrit qui est une copie insérée dans un codex provenant de l’ancienne église collégiale Saint-Martin de Tours et conservé à paris par la bibliothèque nationale de France. Ce texte est un document impérial, il s’agit d’un texte juridique puisqu’il porte sur un sujet de droit mais aussi normatif car il impose une règle obligatoire. Les auteurs sont Louis le Pieux et l'assemblée d'hommes d'Église bien qu'ils ne soient probablement pas ceux qui ont rédigé le texte en lui-même.
Les Carolingiens forment une dynastie de rois francs qui régnèrent sur l'Europe occidentale de 751 jusqu'au Xe siècle. A la mort de l’empereur Charlemagne en 814, c’est son fils, Louis 1er le Pieux, unique héritier qui va prendre la succession de l’Empire, car ses deux frères moururent, Pépin le Bossu en 810 et Charles le Jeune en 811. Louis le Pieux sait qu’à son décès, l’Empire carolingien risquera d’éclater. Il va donc essayer d’organiser sa succession par avance. L’organisation qu’il tente de mettre en place va clairement s’opposer aux usages traditionnels germaniques. Il désire reprendre le principe tenté de son père, celui de préserver l’unité de l’empire. Ses conseillers ecclésiastiques, toujours dans le même but, ont convaincu Louis le Pieux d’organiser sa succession en vue de préserver cet empire à travers ce texte qu'est l'Ordinatio imperii.
Dans quelle mesure l’ordinatio imperii préserve l’unité de l’empire ? Nous verrons que l’ordinatio imperii assure le maintien de l’unité du pouvoir impérial (I) mais qu’en ce faisant il rompt avec les traditions germaniques (II).
I : L’ordinatio Imperii, un texte juridique qui permet le maintien de l’unité du pouvoir impérial :
Nous verrons que les ecclésiastiques, le peuple mais aussi Louis le Pieux s’inquiètent de la mise en danger le l’unité impérial (A) et que pour palier à cela, la succession va être juridiquement organiser de manière à assurer l’unité du pouvoir impériale (B)
A : Une unité du pouvoir impérial en péril :
Louis le pieux, les ecclésiastiques et le peuple font part de leurs inquiétudes lors du conseil. En effet ceux-ci expriment leurs craintes face à une division de l’empire en trois, entre les trois fils de Louis le Pieux. « (…) il ne nous a nullement paru [convenable] ni à nous ni à ceux qui ont l’esprit saint et sage, que pour l’amour et la grâce de nos fils, l’unité́ de l’empire qui nous a été conservée par Dieu, fût scindée par le partage des hommes, de peur qu’à cette occasion n’éclate un scandale dans la sainte Église (…). » (l.10) On voit de manière claire dans ce passage la peur d’une possible division de l’empire. Quand Charlemagne meurt le 28 Janvier 814, son empire s’étend des Pyrénées à la Saxe, de la pointe de la Bretagne au duché de Spolète, mais il n’est pourtant pas inaliénable. En effet, en Février 806, et selon la coutume Franque, Charlemagne promulgue le Divisio Imperii (Regnorum) qui consiste à partager son royaume entre ses trois fils légitimes, Charles, Pépin et Louis. Mais en 811, deux de ses fils meurt prématurément, et l’unique survivant est Louis le Pieux.
En effet Louis hérite d'un territoire très vaste conquis par son père. L'idéologie impériale développée par l'entourage de Louis le Pieux doit permettre de donner plus de cohérence à cette variété de royaumes placés sous l'autorité carolingienne. Ce renforcement doctrinal se ressent dans les titulatures même, que Louis adopte désormais dans les actes officiels : alors que Charlemagne tenait à rappeler qu'il était empereur mais aussi roi des Francs et des Lombards, Louis signale simplement qu'il est « empereur auguste ». Seul compte désormais l'Empire, universel et indivisible.
Ainsi pour éviter un scandale et une division de l’empire a la mort de louis le pieux parmi ses trois fils. Le conseil s’assure par je moyen juridique qu’est l’Ordinatio Imperii de l’unité du pouvoir. Pour ce faire l’Ordinatio Imperii va régir l’organisation de la succession de plusieurs manières.
B : Une unité du pouvoir impérial permis par l’organisation de la succession:
Pour s’assurer de l’unité de l’empire, le conseil décide de la succession. Tout d’abord ils décident de rédiger l’ordinatio imperii pour s’assurer par le droit de l’organisation de la succession. En effet Louis le Pieux et les ecclésiastiques désirent faire de l’Ordinatio Imperii un texte formel qui se doit d’être respecté « (…) et eux déterminés [il a plu] de les consigner par écrit et de les confirmer par nos propres souscriptions manuelles de telle sorte qu’avec le secours de Dieu, comme tous ont agi d’un commun vœu, de même tous les conservent inviolablement pour leur paix perpétuelle (…) ». (l.29)
Dans le texte de l’ordinatio imperii le conseil vient établit la relation entre les successeurs de manière à exprimer clairement les titres, rôles et fonctions de chacun. « que [notre fils Lothaire] par un vœu commun [devait être] selon l’usage solennel, couronné du diadème impérial et devenir notre associé et notre successeur, si Dieu le veut, à l’Empire. Quant à ses frères, Pépin et Louis, notre homonyme, il plut d’un commun conseil de les distinguer par le titre royal et de les établir dans les pays ci-dessous désignes, où après notre décès, ils exerceraient le pouvoir sous la puissance royale de leur frère ainé́, selon les articles notés ci-dessous » (L.20). Ils précisent dans ce passage le statut des deux frères, ils seront rois et seront libre de faire ce que bon leur semble t’en qu’ils ne touchent pas au privilège de l’Église. Bien sûr comme Lothaire fut élu empereur il aura forcément autorité sur ces frères. Pépin et Louis porteront le titre de roi mais resterons sous la domination de leur frère Lothaire. Il faut préciser cependant que cette sorte de royauté subordonnée, morcelée et éclatée avait déjà existée en Aquitaine et en Italie à l’époque de Charlemagne mais elle concernait des fils ou des petits fils soumis à leur père et non pas des fils cadets soumis à leur ainé ce qui fait une énorme différence. L’idée du droit « d’ainesse » est totalement étrangère à la société franque même si l’on voit bien dans tous les partages que certains sont favorisés par rapport à d’autres mais jamais au point d’avoir autorité sur eux. C’est en ce sens que ce texte est révolution.
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