Les élites dans la vie politique athénienne à l'époque classique
Dissertation : Les élites dans la vie politique athénienne à l'époque classique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Salowa Yous • 11 Avril 2019 • Dissertation • 2 417 Mots (10 Pages) • 580 Vues
"Les élites dans la vie politique athénienne à l'époque classique"
Au cours de la période archaïque (VIIIème-VIème siècle), l’élite grecque s’est progressivement imposée comme la classe dominante, en prenant le contrôle des terres, des institutions politiques, et en imposant une image d’elle-même particulièrement prestigieuse. C’est d’ailleurs souvent sur cette époque que se concentrent les travaux historiques à ce sujet.
L’époque classique, s’étendant de la fin de la seconde guerre médique (480-479 avant JC) à la mort d’Alexandre le Grand (323 avant JC), peut cependant constituer un champ d’étude très intéressant pour l’analyse de l’élite athénienne, à une époque considérée comme l’âge d’or de la cité. C’est en effet la période du rayonnement culturel, politique, économique et militaire d’Athènes sur le reste du monde grec. Cette période est également marquée par la domination de l’idéologie démocratique, qui s’imposa comme le seul régime politique légitime au sein de la cité. Les élites n’étaient donc pas à cette époque dans une situation avantageuse pour le maintien de leur autorité.
À première vue, la classe élitaire peut s’avérer assez difficile à définir. Nous sommes en effet face à une approche assez neutre de la richesse athénienne. Parler d’aristocratie (du grec aristos : les meilleurs et kratos : le pouvoir) pourrait en effet contenir un risque de confusion avec le régime politique auquel la notion renvoie. La notion d’élite permet alors d’aborder la question sous un angle plus scientifique, ne s’attachant qu’aux particularités sociales propres à cette catégorie de la population.
De manière générale, l’intérêt pour cette étude est assez récent chez les historiens de l’Antiquité. Cela s’inscrit dans un mouvement général, au cours de ces dernières décennies, visant à mettre en avant des particularités plus sociales au sein de l’histoire antique. Nous pouvons ainsi citer des travaux qui permirent des avancées majeures pour l’étude de ce sujet comme Les élites et leurs facettes, colloque organisé en 2000 par l’école de Rome, suivi du colloque Aristocratie antique. Modèle ou exemplarité sociale, organisé à Dijon en 2005. Nous pouvons également penser au colloque tenu à Poitiers en 2006, intitulé La cité et ses élites. Pratiques et représentation des formes de domination et de contrôle social dans les cités grecques.
Ces travaux peuvent s’appuyer sur de nombreuses sources, notamment en ce qui concerne l’étude de la période classique. Qu’il s’agisse d’écrits à visée historique, comme ceux de Thucydide et Xénophon, ou philosophique tels que ceux d’Aristote et de Platon, les récits sont assez nombreux pour nous permettre de développer une analyse précise sur les élites à l’époque classique.
Au cours de notre développement, nous allons ainsi tenter de comprendre comment les élites athéniennes parvinrent à maintenir leur autorité à l’ère de la démocratie.
Nous verrons ainsi dans un premier temps la mise en place du compromis entre élite et démos au début du Vème siècle avant JC. Dans un deuxième temps, nous étudierons la rupture engendrée par la mort de Périclès en 429 avant JC. Enfin, nous nous intéresserons à la remise en question de la démocratie par la classe élitaire au long du IVème siècle.
Focalisons-nous premièrement sur le compromis mis en place entre élite et démos dans la première moitié du Vème siècle avant JC, dans l’intérêt d’une démocratie équitable et durable. Ce compromis fut principalement permis par deux éléments : les institutions d’une part, et l’œuvre de Périclès d’autre part.
Penchons-nous d’abord sur les institutions. Au début du Vème siècle, le pouvoir est encore majoritairement détenu par les élites, malgré la confiance politique accordée au reste de la population.
En grande partie grâce aux réformes clisthéniennes de 508 avant JC, les institutions favorisent le démos sans mettre fin au pouvoir politique des élites, ce qui crée une certaine équité au sein de la cité athénienne et garantit ainsi la stabilité de la démocratie. Ainsi, si l’on observe une perte progressive de l’autorité de l’Aéropage, système politique traditionnel par lequel les élites exerçaient le pouvoir sur la cité, on assiste cependant à la création de la stratégie, réservée uniquement aux pentacosiomédimnes : la première classe censitaire. La stratégie valorisait en effet les compétences militaires propres à l’élite de la cité.
On parle de plus pour cette période d’une « Révolution isonomique » : Si l’exécution et le contrôle de l’exécution reste du ressort de la filière aristocratique, avec le maintien des magistratures, la délibération est désormais le fait d’une filière qui représente le plus grand nombre de citoyens possibles issus des différents horizons de l’Attique : l’ekklésia et la Boulè des 500. Cette isonomie, signifiant « la loi de l’égalité », symbolise le compromis entre l’élite et le démos.
Néanmoins, le compromis démocratique repose également à cette époque sur un personnage d’une importance considérable dans la vie politique athénienne : Périclès. Ce stratège arriva au pouvoir dans les années 460, et conserva sa prédominance sur la scène politique jusqu’à sa mort, en 429 avant JC. Durant cette pentekontaetie (période de cinquante ans), le petit-neveu de Clisthène s’imposa comme le véritable meneur de la démocratie athénienne. Comme ses prédécesseurs, il tenta de promouvoir l’égalité entre les citoyens, en associant le plus grand nombre de citoyens à la participation politique. C’est dans cette intention que l’archontat fut ouvert aux zeugites en 457 avant JC, et que fut mis en place le misthos à la fin des années 450. Il s’agissait d’une indemnité destinée à garantir l’égalité face à la participation politique, en permettant aux plus pauvres d’exercer leurs droits politiques. Cependant, les élites athéniennes ne furent pas pour autant désavantagées par ce régime. En effet, Périclès, par son statut socio-économique assez élevé, incarnait une certaine domination qui ne tarda pas à séduire les élites. C’est ainsi que l’historien et aristocrate Thucydide écrivit : « Sous le nom de démocratie, c’était en fait le premier des citoyens qui gouvernait » (La guerre du Péloponnèse, II, 65).
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