Les Pensées, Pascal - Le Divertissement Et La Chasse

Pourquoi la chasse devient métaphore filée du bonheur ?

- Métaphore filée = figure de style constituée d'une suite de métaphores sur le même thème. La première métaphore en engendre d'autres, construites à partir du même comparant, et développant un champ lexical dans la suite du texte.

- Champ lexical de la chasse (paragraphes 2 et 5)

• "Ce n'est pas qu'il y ait en effet du bonheur, ni qu'on s'imagine que la vraie béatitude soit d'avoir l'argent qu'on peut gagner au jeu, ou dans le lièvre qu'on court ; on n'en voudrait pas s'il était offert"

-> Le bonheur ne réside ni dans l'objet (la prise), ni même dans le divertissement (la chasse).

• "passer tout le jour à courir après un lièvre qu'ils ne voudraient pas avoir acheté"

-> Le bonheur, ou plutôt la recherche du bonheur est représentée par la chasse. C'est une course sans fin, le bonheur est inaccessible voire inexistant, car la prise "ne saurait les satisfaire".

La chasse relève-t-elle selon vous du divertissement ?

Pour Pascal, le divertissement est une diversion, une "occupation violente et impétueuse", un moyen de nous détourner de penser à notre "malheureuse condition" d'Homme. La chasse est donc un divertissement.

-> "C'est le tracas qui nous détourne d'y penser [à notre condition] et nous divertit". Le divertissement est donc nécessaire car l'Homme est incapable de rester avec soi-même ("de là vient que le plaisir de la solitude est une chose incompréhensible")

-> Les hommes se divertissent donc en recherchant un but illusoire. Ce n'est pas ce qu'ils vont obtenir une fois le but atteint qui vont les rendre heureux, ce sont les actions qu'ils vont avoir accomplis jusqu'à ce but qui vont les avoir caché de leur malheur. ("Ce lièvre ne nous garantirait pas de la vue de la mort et des misères qui nous en détournent, mais la chasse nous en garantit")

-> Nous nous persuadons que le bonheur nous entraîne à sa poursuite, alors qu’en vérité c’est la poursuite même que nous voulons, et non l’objet. ("Raison pourquoi on aime mieux la chasse que le prise".)

-> Le divertissement est certes une nécessité, mais néfaste : le divertissement n'est pas source de bonheur, il détourne juste de la tristesse. Pour Pascal, la réflexion sur soi reste le seul moyen de nous apporter une forme de bonheur.

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