La dictature de César selon Plutarque
Dissertation : La dictature de César selon Plutarque. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar valyou14 • 31 Janvier 2018 • Dissertation • 3 368 Mots (14 Pages) • 1 252 Vues
La dictature de César (49-44 av JC) [Plutarque, Vie de César, 37-55 (extraits)]
Introduction :
L’an 49 av. JC marque un tournant important de la République Romaine. Les quatre décennies qui le précèdent se caractérisent en effet par une succession presque ininterrompue de guerres et de conflits à l’intérieur comme à l’extérieur. Depuis la mort de Sylla, c’est la figure de Pompée qui se démarque tant au point de vue politique que militaire. Seulement, il dut composer avec le patricien Jules César qui, fort d’un cursus honorum exemplaire, est parvenu à se hisser au sommet de la République. Malgré l’apparente entente qui unissait les deux hommes, ils se sont partagé le pouvoir avec Crassus lors du premier triumvirat, une opposition et des retournements d’alliances se sont bien vite manifestés. L’ambitieux et conquérant César s’est trouvé au cœur d’une cabale politique lors de ses campagnes de Gaule bien menées… par Pompée. Auréolé d’une gloire militaire immense, le proconsul décide de s’emparer du pouvoir et battre ainsi Pompée. Le passage du Rubicon, au début de cette année 49, marque, de fait, le début d’une guerre civile. César doit tout d’abord faire face aux troupes pompéiennes de Provence lors du siège de Marseille, mais il atteint rapidement son objectif, entrer victorieux dans Rome. C’est dans ce cadre que notre texte se place. Il est extrait des Vies Parallèles de Plutarque, auteur grec du Ier siècle. Il y compile les vies de Grecs illustres tout en les comparants à celles des Grands romains. Dans son œuvre, César est associé à la figure d’Alexandre le Grand. Désireux de dépeindre le caractère de César, Plutarque insiste dans ce texte sur les réformes et mesures jugées satisfaisantes, particulièrement en ce qui concerne les populares. Dans un premier temps, nous exposerons les modalités de la reconquête du pouvoir par César, puis nous nous attacherons à montrer l’ampleur de ses réformes et les critiques qu’elles induisent.
I – L'arrivée de César à Rome
Dès la première ligne du texte, Plutarque fait état de la situation : César est de retour à Rome. Le texte commence donc au mois de décembre 49, en effet, après avoir franchi le Rubicon en janvier de la même année, César s’est immédiatement tourné vers Rome. Mais la situation des forces pompéiennes l’a forcé à se rendre en Espagne, alors bastion des troupes de Pompée. Il fit entretemps le siège de Marseille qui se transforma bien vite en blocus naval, que les troupes de César remporteront en octobre 49. Mais César s’est donc dirigé vers l’Hispanie qu’il soumit après sa victoire de Lérida contre le légat de Pompée Afranius. La guerre civile a donc débuté pour César par une série de victoires cruciales. C’est donc en ce même mois de décembre que César pénètre dans Rome, abandonnée par Pompée et ses soutiens optimates au premier rang desquels figuraient Cicéron ou Caton. Ces victoires, qui suivaient de peu la glorieuse campagne des Gaules, accréditaient ainsi la position de César auprès des romains restés dans leur ville. Mais face à l’urgence de la situation et la nécessité d’apaiser les tensions et ce, même si l’affrontement avec Pompée était inévitable, Pison, à la première ligne, semblait penser le contraire : il lui conseilla d’envoyer des émissaires à Pompée en vue d’une réconciliation. Pison, qui est donc le beau-père de César depuis son mariage avec Calpurnia, avait déjà averti César de la folie de son action contre Pompée, et ce, à l’inverse du futur consul Isauricus, anciennement partisan de Pompée du fait de son appartenance aux optimates.
Peu avant l’arrivée de César, les comices tributes lui avaient octroyé le titre de dictateur. Cette magistrature exceptionnelle lui donnait donc les mains libres pour rétablir la situation et mettre en place des mesures d’urgence à la portée symbolique importante. Même si cette nomination était surtout liée à la nécessité de la présentation de César au consulat pour l’année 48, ce qu’il obtint facilement au cours de son passage à Rome. Plutarque énumère ces mesures : « il rappela les bannis, rendit leurs droits civiques à ceux qui avaient soufferts du temps de Sylla et déchargea les débiteurs d’une partie des intérêts de leur dette ». En effet, ces principales mesures répondent directement à la situation économique. Les débuts de la guerre avait en fait provoqué une véritable panique qui avait entraîné une chute de la valeur des biens fonciers et une pénurie de monnaie liée à une massive thésaurisation. Si César refusa la remise totale des dettes contractées, il décida tout de même de faire évaluer les valeurs des propriétés aux prix d’avant-guerre, ce qui soulagea momentanément les débiteurs. Mais les autres mesures sont plus fortes de sens. L’amnistie des hommes politiques condamnés depuis 52 en vertu des lois de Pompée en est caractéristique car après avoir reçu le titre de consul unique, ce dernier pouvait, sous le prétexte de maintenir l’ordre, exercer une politique répressive à l’encontre de ses adversaires. Encore plus symbolique est l’octroi du droit de vote aux victimes des proscriptions de Sylla car il faut souligner que César est issu d’une famille marianiste, même s’il ne s’est pas rangé aux côté des plus farouches soutiens de Marius, et ce, à l’inverse de Pompée. Ce ne furent pas les seules mesures prisent par César : il garantit également l’approvisionnement de Rome en blé, promit 75 deniers à chaque citoyens ou encore sanctionna ses adversaires par confiscation de territoires. De plus, il y confisqua toutes les offrandes de valeur des sanctuaires, car la guerre s’avérait être un gouffre financier. Cette première dictature de César fut donc extrêmement courte (onze jours) mais elle permit de rassurer les romains sur ses intentions car ils virent bien vite que l’autorité nouvelle de César s’exerçait sans massacres ni spoliations abusives mais au contraire avec une certaine magnanimité et prudence. Mais il fut contraint de rejoindre ses légions pour embarquer vers l’Illyrie où Pompée s’était enfuit. Sa victoire sur ce dernier à Pharsale change la donne et Pompée est contraint de partir en Egypte où il est tué sur ordre de Ptolémée XIII, espérant plaire à César ce qui conduisit à sa propre perte au profit de Cléopâtre.
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