Jules Ferry

Ce discours de Jules Ferry, homme politique français, Ministre français des Affaires coloniales en 1885, s'adresse aux Députés représentants le peuple français. A cette date, la France s'est engagée comme la plupart des grandes puissances européennes, dans la colonisation d'abord en Afrique puis par la suite en Asie (Indochine et Chine) et en Océanie. On peut même parler pour la France comme pour les autres pays européens, d'une effervescence coloniale à partir de 1880. Jules Ferry justifie ici la politique impérialiste française car une Grande Nation doit conquérir le Monde. Il serait intéressant de voir d'abord quelles sont, d'après lui, les deux formes de colonisation, puis d'analyser les arguments qu'il donne pour que la France poursuive sa politique coloniale, tout en essayant de montrer que la France agit comme toutes les autres grandes puissances.

"La première forme de colonisation c'est celle qui offre un asile et du travail", c'est à dire une colonie de peuplement comme dans le cas de l'Algérie depuis 1830. C'est en quelque sorte, une réponse aux effets de la transition démographique qui touche l'Europe. La deuxième forme s'adresse aux pays qui ont "un excédent de capitaux ou bien un excédent de produits". Ce sont ici des colonies d'exploitation ou des protectorats qui constituent à la fois des débouchés pour les produits européens et de plus grandes possibilités d'approvisionnement pour des pays en pleine seconde révolution industrielle.

Jules Ferry distingue trois types d'arguments. D'abord l'argument "humanitaire et civilisateur", approche raciste de la nécessité de coloniser. Ensuite l'argument stratégique et militaire, les colonies offrant des "abris solides, [des] ports de défense et de ravitaillement". Enfin l'argument nationaliste car les colonies représentent "la conquête de terres nouvelles" ce qui pour la France peut faire oublier la perte de l'Alsace-Lorraine. En choisissant une politique impérialiste, la France ne fait que suivre l'exemple du Royaume Uni, première puissance coloniale à l'époque. L'Allemagne, la Belgique et les Pays Bas sont eux aussi engagés dans la conquête de terres hors d'Europe, dans ce "mouvement irrésistible", ce qui se traduit par des rivalités entre puissances européennes comme l'a souligné la conférence de Berlin de 1885.

J.. Ferry montre d'une manière argumentée tout l'intérêt de poursuivre et d'amplifier la politique coloniale française. Son discours a porté ses fruits puisque la France a poursuivi sa politique impérialiste et a maintenu son rang de deuxième puissance coloniale. L'empire colonial français atteignant son apogée dans l'Entre-deux-guerres avec 12 millions de Km2 pour 69 millions d'habitants.

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