Corrigé Histoire TES: l'évolution de la mémoire de la Résistance
Mémoire : Corrigé Histoire TES: l'évolution de la mémoire de la Résistance. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mehdipasteur • 11 Janvier 2015 • 4 319 Mots (18 Pages) • 976 Vues
Corrigé DS Histoire TES Etude critique de documents : L'évolution de la mémoire de la Résistance
Un extrait de manuel scolaire d'histoire d'école primaire de 1959 et un extrait de discours du président de la République J. Chirac prononcé pour l'inauguration du mémorial Charles-de-Gaulle de Colombey-les-deux-Eglises (lieu symbolique, résidence gaullienne entre 1946 et 1958, puis après 1969 et lieu de la sépulture du chef de la Résistance) le 9 novembre 2006 (date anniversaire de la mort de de Gaulle en 1970), présentent deux visions glorieuses, mais partiales et sélectives d'une France résistante entre 1940 et 1945.
Ils illustrent les troubles de la mémoire collective de l'après guerre à nos jours. Ils nous permettent de confronter l'Histoire, reconstruction scientifique du passé, appuyée sur des sources diverses et multiples, objective et à vocation universelle à la Mémoire, lien affectif au passé, subjective et manipulable.
La défaite de la France en 1940, l'occupation allemande, le régime de Vichy sont des « années noires » pendant lesquelles les Français ont été divisés et il a fallu attendre la libération du territoire menée conjointement entre 1944 et 1945 par les Alliés (GB, EU, URSS) et les forces de la Résistance pour que l'unité nationale française soit restaurée. La période de la 2de guerre mondiale demeure encore actuellement une période sensible, qui suscite toujours débats et controverses et alimente des mémoires multiples autant que concurrentes, douloureuses ou enchantées. En quoi ces documents en sont-ils le reflet ?
D'abord nous décrirons la manière dont la Résistance est présentée par les documents, puis nous analyserons l'évolution de la mémoire résistante entre 1945 et nos jours avant de présenter les principales limites de ces documents.
Le document 1, publié en 1959, illustre la mémoire officielle gaulliste qui triomphe avec le retour au pouvoir de de Gaulle en 1958, à la faveur de la crise algérienne, en pleine guerre froide où les communistes français (nombreux à s'être engagés dans la Résistance sont marginalisés). L'exaltation d'une France unie dans le combat contre le nazisme s'inscrit dans la volonté de surmonter les difficultés de la guerre d'Algérie. Le récit s'adresse aux enfants du cours élémentaire à qui il transmet une lecture simplifiée, mais surtout falsifiée de l'histoire française de 1940 à 1945, celle qui émane du pouvoir gaullien. La défaite militaire (la France a été vaincue en moins de 5 semaines et les Allemands occupent Paris dès le 14 juin 1940) est pudiquement suggérée dans la 1ère phrase, très courte, dont les mots soigneusement choisis (« occupaient », « esclaves », « propre sol »), doivent frapper les jeunes esprits. Elle fait allusion à l'Occupation, issue de l'armistice, signé le 22 juin 1940 à Rethondes : les ¾ du territoire français, au nord et à l'ouest du pays sont occupés par les Allemands tandis que le sud du pays se trouve sous l'autorité du régime de Vichy, dirigé par Pétain. Ce cours d'histoire reflète le mythe d'une France unie et unanimement résistante (lignes 3 à 8), ce que l'historien H. Rousso a qualifié de « résistancialisme » en 1987. Le « résistancialisme » assimile la Résistance à l'ensemble de la population (le texte évoque « ils », « les patriotes français », « les enfants de France », « les Parisiens », c'est à dire la résistance intérieure). Tout au long des années 1960 la Résistance est assimilée à de Gaulle (alors qu'il n'a été qu'un des chefs de la Résistance) et elle est glorifiée à travers de grandes cérémonies nationales (inauguration d'un Mémorial pour la France combattante au Mont Valérien le 18 juin 1940, transfert des cendres de J. Moulin au Panthéon le 18 décembre 1964, création du concours de la Résistance et de la Déportation dans les écoles en 1964, construction de nombreux musées consacrés à la France combattante entre 1960 et 1969...). Le document 1 évoque les risques liés à l'Occupation : emprisonnement, torture, exécutions, déportation d'opposants... Il enseigne aux enfants que la libération du territoire a été davantage menée par les Français de l'intérieur (les « Parisiens ») et de l'extérieur (« chars du général Leclerc »), le rôle des armées alliées étant minimisé. Dans le contexte de la guerre froide et de restauration de la puissance française, de Gaulle cherche à dégager la France de la tutelle étrangère. Le récit sommaire des épisodes de la guerre est suivi d'une citation de C. de Gaulle en 1940 d'un optimisme débridé, contrastant sérieusement avec l'effondrement matériel et moral de la nation à cette date, l'isolement du général et le regroupement de la population autour de la figure autrement héroïque, à cette date, du maréchal Pétain.
Le document 2 date de 2006, il présente une vision plus complète et plus nuancée de la période. Il fait allusion aux conditions de la défaite et de l'armistice. Aux lignes 4 et 5 il évoque le « pays saisi de stupeur » et « une immense confusion ». En effet depuis le mois de mai 1940, la population est en état de choc : près de 8 M de personnes ont fui les zones de combat (exode), il y a eu en seulement 5 semaines 92 000 morts, 200 000 blessés, 1,6 M de prisonniers. Le gouvernement dirigé par P. Reynaud, se replie à Bordeaux et hésite pendant quelques heures sur la conduite à tenir face à l'ennemi. En effet, la majorité, incarnée par la figure de P. Pétain (qualifié de « vieille gloire de la guerre précédente » pour avoir organisé la résistance aux Allemands à la bataille de Verdun en 1916) estime que l'armistice est la seule solution possible, tandis qu'une minorité (dont P. Reynaud et C. de Gaulle, alors sous-secrétaire d'Etat à la guerre) considère que la défaite n'est pas définitive car la guerre est mondiale. Il propose de continuer la guerre à partir de l'empire colonial et de l'alliance britannique. La position défaitiste l'emporte et P. Pétain succède à P. Reynaud le 17 juin 1940 et signe l'armistice le 22 juin avec l'Allemagne (décision qualifiée par l'auteur de « choix funeste et déshonorant »). Ses conditions sont très dures pour la France : elle perd l'Alsace et une partie de la Lorraine, l'essentiel du pays est occupé ce qui occasionne une lourde charge financière (400 M de francs par jour, puis 500 M à partir de 1942), la France doit livrer les réfugiés anti-nazis qu'elle abritait, l'armée
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