Origine de la Californie
Cours : Origine de la Californie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar vincentassa • 5 Décembre 2012 • Cours • 5 122 Mots (21 Pages) • 987 Vues
Table des matières
PORTRAIT 2
I. Après la grande ruée vers l'or... 2
A. ... Une course folle sans limite 2
II. NATURE 4
A. Monts et merveilles à la carte 4
III. ECONOMIE 6
A. Un éden qui meurt de soif 6
IV. Un cas de guerre entre nord et sud 8
V. Vers une économie de pénurie 8
VI. ARCHITECTURE 9
A. Quand la nature devient snob 9
VII. TECHNOLOGIE 9
A. L'avenir se joue à partir de six ans 9
PORTRAIT
I. APRES LA GRANDE RUEE VERS L'OR...
A. ... Une course folle sans limite
D'où vient donc la Californie ? Elle fut inventée aux environs de 1534 par un père jésuite qui se livrait alors à des travaux de cartographie approxima¬tive dans un monastère d'Ensenada, sur la côte ouest du Mexique. Il trouva le nom dans "Las Sergas de Esplandian", un roman très ennuyeux commis par Ordonez de Montalvo, en 1510. En terme assez hypocrite, Montalvo y racontait l'histoire d'une tribu d'Amazones à la peau noire vivant sur l'île mythique de California, elle-même «... située à main droite de l'empire des Indes... à proximité presque immédiate du Paradis terrestre».
Le jésuite était un romancier, car il attri¬buait ce nom enchanteur à un pays où per-sonne n'avait mis les pieds et où, lui même, espérait bien ne jamais devoir aller. Tout ce qui se situait au nord d'Ensenada apparais¬sait comme une terre inhospitalière, aussi sèche et râpeuse qu'une corne de bouc, couverte d'épineux, uniquement peuplée de crocodiles et de coralillos. D'ailleurs ses idées n'étaient pas très claires; pour lui, la Californie était peut être une presqu'île, peut être un archipel. Dans le doute, il des-sina une île oblongue et gigantesque, dont les contours fantaisistes s'étendaient jus-qu'aux confins du Canada. Un siècle et demi plus tard, lorsque le cardinal d'Estrées, ambassadeur à Rome, fit offrir à Louis XIV les célèbres globes de Coronelli qui étaient supposées représenter le fin du fin en matière géographique, la Californie figurait toujours sous forme d'île. Il fallut attendre encore un bon siècle avant d'être vraiment fixé sur la réalité des choses, une réalité qui peut, d'ailleurs, paraître assez provisoire aujourd'hui. Car, en découvrant le contours précis de ce qui est aujourd'hui le trente et unième Etat des U.S.A., on a également découvert l'extrême fragilité de la couche terrestre, le long de la faille de San Andreas. Dès lors, il apparaît non seu-lement possible, mais presque probable qu'un beau jour, dans six mois ou dans mille ans, la carte du jésuite d'Ensenada devienne finalement exacte.
Les californiens le savent, mais, dans leur grande majorité, ils font semblant de l'igno-rer. C'est l'un des très rares domaines dans lequel ils manquent visiblement de réa-lisme. Pourtant, les signes sont évidents : entre Sacramento et Sonoma les routiers ont pris l'habitude de lever le pied car la route a la réputation fâcheuse de se fendre par le milieu sans prévenir... Au nord de Fresno, un quartier tout entier se déplace de cinq à six centimètres par ans... A l'est de Turlock, c'est une forêt de trois cents hectares qui se dirige lentement vers la mer... A Visalia, on a l'impression d'entendre le métro alors que la ligne la plus proche se trouve à plus de trois cents kms... Et à San Francisco, deux ou trois fois par jour, les boissons frémis¬sent dans les verres sous l'effet de minuscu¬les secousses telluriques. Et malgré tout cela, on danse !
On danse sur le volcan le plus riche des U.S.A., le septième produit national brut de la planète, la contrée de l'or, la vitrine de l'an 2000, le berceau des techniques de pointe, de la thérapie de groupe et du ciné¬ma sous toutes ses formes, le siège princi¬pal des contre-cultures et de trois cent vingt-sept religions déclarées, le plus grand jardin maraîcher de la terre et le plus impor¬tant producteur de marijuana du monde. C'est un Pays des Merveilles par¬couru par des millions d'Alice blondes qui rêvent toutes de Hollywood, un Pays des Merveilles avec tout ce qu'il offre d'éton¬nant, d'extravagant, de séduisant, mais aussi de terrifiant et même de cruel : des reines de pique sanguinaires qui repeignent les pelouses en rouge et réclament la tête des dissidents, des chapeliers complètement braques, des chats pervers et des lapins en costume trois pièces qui courent partout comme des perdus.
Lorsqu'ils débarquent en Californie, les Européens promènent autour d'eux un regard à la fois perplexe et méfiant. Ils arri¬vent gavés des clichés habituels et, à bien des égards, ils ne sont pas loin de penser qu'ils sont chez les sauvages... ou chez les Martiens ! Tout ce qui les entoure est très grand («Big is beautiful»), très moderne («Life is progress»), très bizarre, très riche, très efficace, très rapide, très mobile, très... En fait, par penchant naturel, les Européens sont presque toujours tentés de remplacer tous ces «très» par des «trop». Car autant d'excellence tous azimuts est un peu contre-nature pour ces créatures du Vieux Monde en visite dans l'archi-Nouveau Monde. Ils s'y sentent d'autant plus étrangers que pour beaucoup de Californiens tout ce qui se trouve au delà des montagnes Rocheuses est déjà l'Europe, c'est à dire une autre pla¬nète dont ils se sentent relativement indé¬pendants. Les Californiens ne cherchent pas à analyser ce qui s'y passe et lui accordent seulement l'intérêt que peut susciter la con¬quête d'un marché. Sur ce point, ils res¬semblent assez au Japonais. Ce sont, d'ailleurs, les seuls adversaires qu'ils redou¬tent réellement. Et à juste titre. Dans le domaine de pointe que représente l'électro¬nique. Quant aux Européens égarés au pays d'Alice, ils sont peu à réaliser qu'ils con¬templent le spectacle de ce qui risque fort d'être bientôt leur existence, ne serait-ce que dans la technologie du quotidien. Pour le reste, bien sûr, c'est une autre affaire.
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