Lectures géo-économique et géoculturelle du monde
Étude de cas : Lectures géo-économique et géoculturelle du monde. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lucien Lamotte • 19 Février 2018 • Étude de cas • 2 218 Mots (9 Pages) • 808 Vues
Sujet 2 : A partir de vos connaissances et en proposant une analyse critique des documents suivant, montrez quelle lectures géo-économique et géoculturelle du monde ils permettent. Vous dégagerez les limites de la représentation cartographique.
Le monde est aujourd'hui affecté par une tendance à l'uniformisation culturelle. Des rapprochements s’opèrent grâce à la diffusion des technologies modernes (Internet, transport aérien, téléphone), l’unification des modes de consommations occidentaux à tel point que l’on parle de « village planétaire ». Mais ne demeure-t-il pas toujours une diversité culturelle ? On appelle géo-économique ce qui relève des stratégies économiques des Etats et des entreprises qui ont pour but de renforcer leur puissance dans le monde et on appelle géoculturelle le fait d’étudier les phénomènes culturels et leurs diffusions géographique. Ici nous sommes confrontés à 2 documents : le premier est une carte en projection polaire de la répartition des magasins H&M dans le monde en 2013 provenant du site de la marque et le deuxième est un article de Laure Belot accompagné d’une photographie publiée sur le Le Monde.fr le 28 juillet 2013. Ainsi convient-il de se demander quelles lectures géo-économique et géoculturelle du monde ces documents permettent-ils ? Nous verrons dans un premier temps que ces documents mettent en avant une uniformisation culturelle expliquée par la mondialisation. Puis nous montrerons que ces documents nous permettent également de comprendre qu’en réalité demeure une diversité culturelle expliquée par les inégalités économique. Nous soulignerons enfin les limites de la représentation cartographique.
Dans un premier temps revenons sur l’idée qu’on observe dans ces documents une uniformisation culturelle expliquée par la mondialisation.
Ces documents présentent 2 firmes transnationales (FTN) suédoises : H&M et Ikea nées dans les années 1940, qui produisent pour l’une des vêtements pour femmes, hommes et enfants et pour l’autre du mobilier et des objets de décorations. Grâce aux documents nous pouvons constater que ce sont des firmes internationales ouvertes sur le monde, en effet depuis les années 1980 ces firmes ont délocalisé et ouvert de nombreux magasins d'abord en Europe occidentale, en Amérique du Nord, au Japon, dans les pays riches et développés pour une diffusion plus large, puis à partir des années 1990 leurs magasins se sont implantés sur les nouveaux marchés constitués par l'Europe centrale et orientale, la Russie, le Moyen-Orient et plus récemment dans le bassin méditerranéen et en Asie orientale (Chine, Singapour, Malaisie, Thaïlande). En 2013, H&M comptait plus de 2500 magasins répartis dans 45 pays quant à Ikea 700 millions de personnes se sont rendus en 2012 dans les magasins de la marque et en 2013 son catalogue publié à 220 millions d’exemplaires distribués à travers le monde était le 3eme ouvrage le plus publié au monde.
La mondialisation (interdépendance de tous les espaces et de toutes les économies mondiales par une intensification des échanges. Elle se traduit par une multiplication des flux de marchandises, de personnes, de capitaux et d’informations à l’échelle mondiale.) fait du monde un « village global ». H&M et Ikéa participent aux côtés de nombreuses FTN telles que Zara, Benetton, Mango... dans le domaine vestimentaire, mais aussi dans le domaine alimentaire Mc Donald's, Burger King, Pizza Hut... à une progressive uniformisation économique et culturelle du monde : on parle en particulier d’occidentalisation des sociétés.
Ces firmes diffusent des produits de masse identiques, vendus dans des magasins également identiques. Elles contribuent à imposer les mêmes modèles alimentaires (Ikéa vend également des produits alimentaires), vestimentaires, décoratifs en particulier chez les jeunes générations, plus attachées à la consommation de produits occidentaux, à la mode et à ses impératifs de renouvellement constant des objets. Certes H&M met en avant dans ses publicités de mode, des modèles et des influences métissés : mais H&M contribue à diffuser sur la planète les mêmes habitudes de consommation pour des produits d'habillement standardisés, en ce qui concerne Ikea « en quelques décennies, les entrées, salons et cuisines ouvertes, fluidités prônée par Ikea sont devenus des standards mondiaux », ainsi « très peu de produits sont adaptés localement » et Ikéa tout comme H&M propose donc une « offre quasi mondialisée ».
Les documents nous ont permis de dégager l’idée que H&M et Ikea sont des FTN ouvertes sur le monde qui contribues grâce à la mondialisation et la diffusion à travers le monde de leurs produits de masse identiques, à l’uniformisation culturelle. Ceci étant, une lecture plus fine nous permet de remarquer que le monde reste culturellement divisé.
La carte nous permet de mettre en évidence une division « Nord/Sud ».Le terme Nord désigne l’ensemble des pays développés et le terme Sud désigne l’ensemble très contrasté des pays en développement. 80% des magasins se trouvent en Europe occidentale, foyer de la firme, 10% se trouvent en Amérique du Nord et les 10% restant se partagent entre l'Afrique du Nord, le Moyen-Orient et l'Asie. Les magasins sont implantés majoritairement dans les pays du Nord, plus particulièrement dans la Triade (pays européens, Etats-Unis, Japon), mais aussi les autres pays riches et développés où le PIB est supérieur à 10 000 $ par habitant et par an et où l'IDH est supérieur à 0,85 (Canada, Australie, Israël, Russie), ils progressent dans les pays pétroliers et les pays émergents à la faveur de leur dynamisme économique, de leur urbanisation, de l'élévation de leur niveau de vie et de l'aspiration croissante de leurs populations au confort et à la consommation de produits occidentaux (Turquie, Arabie Saoudite et Moyen-Orient en général, Chine, Malaisie, Thaïlande). Près de la moitié des territoires et des populations ne sont pas concernés par l'uniformisation économique et culturelle, la subissant sans pouvoir y participer. La pauvreté est une des principales limites de la mondialisation. La majorité des populations des pays du Sud n'ont pas accès aux objets de consommation proposés par les FTN des pays du Nord qui s'adressent aux populations socialement les plus favorisées et aux citadins. ¼ de l'humanité vit avec moins de 1,25 $ par jour et ne peut satisfaire ses besoins élémentaires (nourriture, eau potable, soins). Les populations des Etats en voie de développement ne consomment que peu de produits manufacturés et ceux que proposent les firmes occidentales ne sont pas à la portée de leurs maigres budgets. La firme H&M bien que disposant de plus de 2 500 magasins ne possède qu’un magasin en Amérique Latine, au Chili ouvert en 2013. Sur le continent africain seuls deux pays, le Maroc et l'Egypte, disposent de cette enseigne en Asie seuls quelques pays émergents où une classe moyenne se constitue en disposent : Chine, pays pétroliers, Turquie, la cité-Etat de Singapour ainsi que Thaïlande, Indonésie et Malaisie. Pourtant les pays où l’enseigne n’est pas présente ne sont pas ignorés par la chaîne de production comme en témoigne les étiquettes des produits commercialisés. La stratégie commerciale de ces FTN vise ainsi l’exploitation commerciale des seuls principaux foyers de consommation : les Etats-Unis et le Canada d’une part, l’Europe de l’Ouest d'autre part.
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