La tradition romaine

Chapitre 3 : la tradition romaine

Introduction

Rome incarne une expérience unique, à la fois dans l'espace et dans la durée. Dans l'espace, car Rome est passée d'une modeste cité à un empire gigantesque : à l'époque de sa plus grande extension, sous l'empereur Trajan (2ème sicle après J.C.), les frontières vont de la Bretagne au Golfe persique, de l'Afrique du Nord à la Mer noire, de la Nubie au Danube et au Rhin. L'empire romain a donc couvert une bonne partie de l'Europe actuelle et l'a très largement dépassée. Expérience unique également dans la durée : Rome passe pour avoir été fondé en 753 avant J.C. L'Empire romain s'achève en 476 de notre ère, celui d'Orient persiste jusqu'en 1453. Il est d'usage de s'arrêter en 565, à la mort du dernier empereur qui utilisa le latin comme langue officielle, l'empereur Justinien. Au-delà, on parle d'Empire byzantin et son droit ne nous intéresse plus directement. Au cours de ces 14 siècles, Rome a connu différents régimes politiques :

• La Royauté : jusqu'en 509 avant J.C. A cette date, une révolution féodale avant la lettre chasse le dernier roi et instaure :

• La République romaine : de 509 avant J.C. jusqu'à la naissance de l'empire en 27 avant J.C. Elle n'a jamais été une démocratie. C'est un savant mélange entre trois éléments tenus de collaborer : des magistrats (hommes politiques élus en principe pour un an), le Sénat et le Peuple qui s'exprime dans des assemblées. Au 1er siècle avant notre ère, la République vole de conquête en conquête, mais elle le paiera d'un prix très lourd : sa disparition. En effet, les institutions républicaines ne sont plus adaptées à l'administration d'un empire territorial devenu immense. Rome s'achemine vers le pouvoir personnel, à travers une succession de guerres civiles et de coups d'Etat. La dernière bataille de la République agonisante oppose deux héritiers de César, son lieutenant Marc-Antoine et son fils adoptif, Octave. Rivalité personnelle mais aussi conflit entre deux civilisations. Octave incarne l'Occident latin. Marc-Antoine, qui vit avec la reine d'Egypte Cléopâtre représente l'Orient grec. L'avenir de Rome se joue devant les côtes de Grèce, à Actium. Antoine perd la bataille. Octave n'a que 32 ans et il devient maître du monde romain. Après avoir mis fin à la guerre civile-à son profit- Octave annonce solennellement qu'il renonce à tous les pouvoirs exceptionnels dont il disposait et qu'il rétablit la République : il restitue leurs pouvoirs au Sénat et au Peuple romain. Aussitôt le Sénat le prie de rester. Octave y consent, acceptant prérogatives et titres nouveaux. Il change de nom et devient Auguste.

• Le Principat, appelé aussi Haut-Empire : est signé en janvier 27 avant J.C. l'acte de naissance de ce nouveau régime : (jusqu'à la fin du règne de Justinien en 565 après J.C.) Il est caractérisé par l'ambigüité. Sa façade républicaine dissimule une réalité monarchique et le pouvoir grandissant d'un seul homme, le Princeps (le « premier »). Toute l'histoire du Principat est celle d'une évolution continue vers l'absolutisme. 4 dynasties s'y emploieront successivement.

- Les empereurs de la dynastie Julio-claudienne (D'Auguste à Néron, mort en 68 après J.C) respectent encore les formes traditionnelles.

- L'avènement de la dynastie flavienne (69-96) marque un premier tournant dans le renforcement du pouvoir personnel et de l'administration impériale.

- Sous les Antonins (96-192), les principes monarchiques triomphent. Trajan est appelé Dominus, maître.

- Avec les empereurs Sévères (193-235), l'absolutisme s'impose définitivement. Après la mort de l'empereur Alexandre Sévère en 235, le Principat s'achève sur une période d'anarchie militaire. L'armée fait et défait les empereurs : en 50 ans, 39 empereurs se succèdent, dont 6 seulement échappent à une mort violente. En 284, Dioclétien rétablit un régime fort. C'est le début de la période dite du Bas-Empire. Face aux menaces, révoltes multiples et invasions barbares, jamais le pouvoir n'a été plus absolu. Il est encore renforcé lorsque l'empereur Constantin se convertit au christianisme en 312 : c'est une monarchie de droit divin. En 326, Constantin fonde une nouvelle capitale, une « nouvelle Rome », à laquelle il donne son nom et sa préférence, Constantinople. Elle deviendra, après la division définitive de l'Empire en deux parties, la capitale de l'Empire d'Orient. La courte histoire de l'Empire d'Occident-qui s'effondre en 476- est marquée par ce qu'il est convenu d'appeler les invasions barbares. L'Empire d'Orient résiste mieux. Au 6ème siècle, l'empereur Justinien, hanté par la grandeur passée de Rome, entreprend même la reconquête de l'Occident. Cette reconquête ne lui survivra guère. Mais ce qui va lui survivre, c'est la compilation du droit romain qu'il fait réaliser pour en faire un instrument de stabilité politique et d'unité de l'empire.

Le droit romain a évolué en s'adaptant à la société, ce droit est essentiel car il est à l'origine des principaux systèmes juridiques européens. On peut parler de droit isolé car les romains ont comme mérite d'avoir isolé le droit ex : de la morale, de la religion, du fait. Le droit romain est également considéré comme une science juridique : construit en science et à la différence de la Grèce ce droit n'a pas prit pour modèle la philosophie.

Les grandes périodes d'évolution du droit ne sont pas en adéquation exacte avec les périodes des régimes politiques.

On distingue trois grandes périodes :

• L'ancien droit romain : il remonte aux origines de Rome jusqu'au 2ème siècle avant J.C. Son droit est très formaliste, à l'image de la procédure dite des « actions de la loi » qui requiert l'emploi scrupuleux de paroles rituelles.

• Le droit romain classique : période capitale pour étudier l'histoire du droit car c'est l'âge d'or du droit romain. Elle s'étend d'environ 150 avant J.C. jusqu'au 3ème siècle après J.C. Elle correspond à la procédure dite « formulaire », beaucoup plus souple. Le droit romain acquiert alors ses traits essentiels.

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