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La révolte dans les campagnes d'Angoumois et de Saintonge.

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Par   •  7 Novembre 2016  •  Commentaire de texte  •  2 450 Mots (10 Pages)  •  1 154 Vues

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I/ Une révolte contre la « dictature fiscale » qui appauvrit le peuple.

a/ La guerre et la levée d’un impôt d’exception. Depuis le règne de Louis XIII, et particulièrement à partir des années 1630, les impôts ont augmenter considérablement augmenté : « grandes impositions et nouvelles charges qu'onnous a mis sus et inventés depuis ce règne » (l. 67), « le peuple, qui a payé plus de charges en deux années de ce règne que non pas en tout le règne de son Père, et plus de celuycy qu'en tous les Roys ses devanciers, depuis le commencement de cette monarchie » (l. 1820). En effet, les impôts ont triplé entre 1628 et 1633 du fait que la monarchie se prépare à la guerre, l’entrée en guerre face aux Habsbourg est formalisée la 19 mai 1635. Les ressources fiscales globales du royaume, en ce qui concerne les impôts directs (la taille essentiellement) sont passées de 10 à 53 millions de livres entre 1632 et 1643. Pour autant, la guerre n’est pensée par les paysans que comme un prétexte, une « couleur apparente », pour une élite cherchant à s’enrichir : « de nouvelles charges et impositions tous les ans, soubz ce beau prétexte des nécessitez de l'Estat, qui n'a esté qu'une couleur apparente pour ruyner le Royaume, en tirer tout l'argent pour gorger de biens quelques particuliers et les créatures de celuy que gouverne l'Estat » (l. 1114). Les paysans sont dans une sorte de théorie du complot, nous y reviendrons.

 b/ De « officiers nouveaux » qui coutent cher à la monarchie ? « si l'on faisoit cesser les dépenses inutilles et superflues, le payement des pensions et des gaiges des officiers nouveaux créés depuis ce règne, […] lesdites tailles, taillon et ancien droicts, estans bien dispensés, sont suffisans pourl'entretien des armées nécessaires » (l. 2024). En effet, pour les insurgés, les impôts d’autrefois suffisent amplement à entretenir l’armée à condition que la monarchie se sépare des nouveaux « officiers » dont les « pensions » pèsent lourd sur les finances de l’Etat. Les nouveaux officiers sont notamment les intendants : les représentants directs du souverain dans les provinces, dotés de pouvoirs supérieurs à ceux des officiers du lieu, leurs décisions ne peuvent pas être contestées par les autorités locales. Ils sont envoyés dans les provinces en grand nombre à partir des années 1630 pour réprimer les révoltes et imposer la politique fiscale. Chiffre : de 1560 à 1630, il y eu 120 nominations d’intendant environ, de 1630 à 1648, de 120 à 150 nominations.

c/ Les abus des « partisans » et l’appauvrissement du peuple.

Dans ce récit, on retrouve plusieurs allusions sur le fait que la monarchie à partir des années 1630 aliène de plus en plus ces droits fiscaux en faveur de financier : « touz les menuz droicts introduits outre et pardessus les tailles, inventés seullement pour la ruyne du peuple » (l. 2122), « ses Messieurs de Paris, partisans et autres, qui dans les Provinces ont debitté cette marchandise pour y profitter » (l. 3334) « achepter des nouveaux droictz ou impositions sur les peuples » (l. 3233). En effet, les tailles correspondent aux impôts directs prélevés sur la population (taillepersonnel : on prélève auprès des chefs de famille ; taille réelle : par rapport aux biens fonciers), collecte organisée par les autorités locales, de plus en plus contrôlée par les intendants du roi. En plus de cet impôt, les paysans sont soumis à divers autres taxes prélevée par des « traitants » (les « partisans ») qui, en échange de prêts attribués à l’Etat, se sont vus déléguer en contrepartie des droits – dans une durée déterminée – pour se rembourser et obtenir une rente. Par exemple, il peut s’agir des droits d’entrée du bétail dans une ville. La monarchie a fortement utilisé ce moyen de financement. Pour l’année 1635, le montant des traités dans le budget global de l’Etat s’élevait à 157 millions de livres, contre 11 millions seulement de recettes liées aux taxes directes. En outre, les financiers avaient  intérêt à contracter ce type de traités, s’assurant une rente relativement élevée. Les « traitants » ont souvent abusé de leurs droits pour soumettre davantage les populations à la pression fiscale : « ce qui a contrainct plusieurs d'abandonner leurs propres héritages pour aller mandier leur pain, laissant les terres incultes voire celles à saffran, ne pouvant tenir bestail, habitz ne outilz que les sergents ne les enlevassent tous les jours sans que cela diminuast la debte principale envers Monsieur le Receveur, cela n'estant que pour les frais de l'exécution » (l. 710). Nous pouvons penser que les « fraisde l’exécution » corresponde à l’un de ces abus. Ainsi, les paysans se voient obliger de se dessaisir de leurs biens pour payer les impôts et taxes qu’on leur demande, ils sont « réduis au désespoir et à l'estreme pauvreté » (l. 5). Face à cela, il ne leur reste que la révolte pour se faire voir.

II/ La révolte comme moyen d’interpeller le Roi.

a/ Louis XIII dupé par ses ministres en faveur de l’élite parisienne. Les paysans s’en prenne particulièrement aux « Ministres de l’Estat », les « Messieurs de Paris » et du « Conseil », qui inventent « à leur fantaisie des nouvelles taxes ou impositions sur les peuples » (l. 2627). Les « plaintes » des populations, qui sont envoyées directement à Paris du fait que les autorités locales ne sont plus en mesure d’intervenir par rapport aux intendants et financiers, ne sont pas entendues : « de quoy ayants reçu leurs plaintes à plusieurs et diverses fois et Messieurs de Paris ou du Conseil se mocquans de leurs souffrances, augmentant de nouvelles charges et impositions tous les ans » (l. 1012). Ainsi, les insurgés ont le sentiment qu’une conspiration est orchestrée par les proches du Roi – en premier chef Richelieu, « principal ministre » de Louis XIII – pour « ruyner le Royaume, en tirer tout l'argent pour gorger de biens quelques particuliers et les créatures de celuy que gouverne l'Estat » (l. 1314). En effet, selon les révoltés, le Roi ne se doute pas de laconspiration en cours, il est aveuglé par ses ministres : les paysans n’ont pu « faire entendre leur doléances à Sa Majesté » (l. 14). Du coup, « ils ont esté contraincts d'en venir à cette extrémité, afin qu'on remédiast à tant de désordres, et quelques clameurs / peussent parvenir jusqu'aux oreilles du Roy et non plus de ses ministres qui le conseillent si mal » (l. 1416). La révolte est ainsi vue comme un moyen d’interpeller le Roi, il ne s’agit donc pas d’une révolte à portée révolutionnaire, qui viserait à renverser le régime en place. Le Roi est vu comme le représentant de Dieu sur terre, par là même, s’il comprenait les conditions de vie des paysans, il condamnerait ses ministres. Or, le Louis XIII est sans doute l’un des principaux responsables de la politique fiscale du royaume et avait conscience des conséquences que celleci entrainait sur les populations.

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