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« Pour sauver sa vie. Les récits de pardon au XVIème siècle » De Nathalie Zemons Davis.

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Par   •  7 Octobre 2016  •  Fiche de lecture  •  1 861 Mots (8 Pages)  •  1 098 Vues

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« Pour sauver sa vie. Les récits de pardon au XVIème siècle »

De Nathalie Zemons Davis.

La source choisit renvoie aux lettres de rémission produites au XVIème siècle. Ces dernières correspondent à un acte de la chancellerie par lequel le roi accorde son pardon à la suite d'un crime ou d'un délit.

Ces lettres adressées aux juges permettent d’arrêter le cours ordinaire de la justice, qu'elle que soit sa nature, c’est-à-dire royale, seigneuriale, urbaine ou ecclésiastique. En soi, la rémission décharge le « blâmable » de sa peine, c’est un acte qui pourrait être qualifier comme étant indulgent. On qualifie aujourd’hui ces lettres de rémissions comme des lettres de grâces. En effet, la rémission est différente de la grâce qui elle, intervient après la condamnation. Après la rémission, l’accusé ne peut plus être poursuivi pour ces faits, et rentre dans ses biens qui ont été confisqués.

Pour comprendre le cadrage de cette période, le coupable devait pour être pardonné reconnaître son crime, et ainsi prouver qu’il était dans un état de légitime défense, ce qui constitue d’une certaine manière des actes qui peuvent être excusés, en soi faire face à des circonstances atténuantes. Le Roi peut alors accorder sa rémission contraignant le criminel à payer des frais de justice, d’une réparation à la famille de la victime, et même celui d’une amende au souverain.

Avant tout, les archives françaises regorgent de ces lettes de rémission. Cette source est en soi conservée dans plusieurs endroits différents : elles se trouvent pour la plupart dans les archives nationales avec le registre du Trésor de chartes, mais aussi dans les archives de la préfecture de police de Paris, les archives départementales du Rhône et les archives d’Etat de Genève.

Pour ce qu’il s’agit des archives nationales, celles-ci collectent, conservent et communiquent les archives produites par le gouvernement et les administrations centrales, ainsi que les minutes des notaires de Paris et des fonds privés. Elles disposent de trois sites : Paris (archives de l'Ancien Régime, minutes des notaires de Paris), Pierrefitte (archives postérieures à la révolution française, archives privées) et Fontainebleau (archives privées d'architectes, fonds contemporains spécifiques). Celle qui nous intéresse ici, est celle de Paris avec les archives de l’Ancien Régime et des minutes de notaires de Paris, mettant à disposition un gisement d’information de l’époque, notamment celle qui nous concerne le XVIème siècle.

Pour les archives de la Préfecture de police de Paris, elles conservent uniquement les documents relevant de sa compétence et de son ressort territorial, soit l’ancien département de la Seine et les départements actuels de Paris et de la petite couronne. Il en est de même pour les archives départementales du Rhône mais aussi les archives d’Etat d’Genève : elles veillent à la constitution, à la gestion et à la conservation des archives publiques dans leur ensemble.

Il y a plusieurs producteurs de la source, en effet il faut au minimum deux personnes et souvent plus. La rédaction de la lettre de rémission doit se faire par un des notaires du roi, qu’on appelle aussi les secrétaires du roi. Ce sont ces derniers avec l’aide de leurs clercs (pour la plupart) qui établissaient un brouillon avec le suppliant ou bien avec son représentant. Ce n’est que par la suite qu’ils couchaient la lettre sur un parchemin définitif.

Les secrétaires du roi devaient en soi respecter la règle suivante : « de prendre du vrai ce qui est résolu, dit et commandé ». En effet, le suppliant devait exposer à l’oral devant une cour de justice, devant les juges son récit. La lettre de rémission était lue par ces derniers qui devaient par la suite « mesurer » les propos du suppliant pour voir s’ils étaient conformes à ce qui était écrit. Donc, même si le secrétaire est celui qui est responsable du libellé de son introduction mais aussi de la conclusion, ils ajoutaient parfois avec ses clercs des détails faisant paraître le suppliant comme étant « digne de pitié ».

La conclusion était en soi, là où se trouvaient en résumé tous les arguments auxquels le suppliant tendait pour bénéficier de la grâce ainsi que de la miséricorde royale au lieu d’avoir à faire à la rigueur de la justice. Ces lettres devaient mettre en commun des données évènementielles, des connaissances juridiques mais aussi un style langagier particulier pour ainsi permettre à un aboutissement plus clair. Ces qualités littéraires étaient nécessaires pour que les lettres de grâce paraissent plus convaincantes d’une certaine manière. Il ne faut tout de même pas négliger le fait que le suppliant reste le principal producteur de la source, l’unique auteur du récit, mais non de la mise en forme de ce dernier.

Ici, notre source est traitée sous différents angles, différents aspects. En effet, l’auteure va avant tout s’attacher à la façon dont les hommes et les femmes du XVIème siècle racontaient leur récit. Il est vrai que les hommes et les femmes n’avaient pas les mêmes excuses, les suppliques des femmes se forment beaucoup moins autour du métier ou bien même de la condition sociale que celle des hommes. Outre cela, ces lettres rendent compte de la condition sociale de l’individu, ce qui va pour la plupart se ressentir dans la constitution de leur récit, c’est-à-dire par rapport à l’organisation de ce dernier. De plus, ces récits permettent à l’historienne une quantité d’information non négligeable par exemple : les données évènementielles avec le calendrier des rites et des fêtes qui vont pour la plupart justifier leur agissement. Elles vont donc être une source inestimable sur la société du XVIème siècle que ce soit par rapport aux raisons dites plus haut, mais aussi grâce au fonctionnement des institutions juridiques et royales, ainsi que les règles qui devaient être respectées. A travers ces sources et leur argumentaire, l’auteur rend compte des critères en matière de bons ou de mauvais récits, avec les motivations, les mobiles que ces « criminelles » de base mettaient en avant et ainsi d’apprendre la manière dont ils donnaient sens à l’imprévu et à la cohérence des expériences.

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