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Être radical de 1901 à 1914

Dissertation : Être radical de 1901 à 1914. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  21 Octobre 2018  •  Dissertation  •  6 109 Mots (25 Pages)  •  778 Vues

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Édouard Herriot, homme d’Etat français, figure de la IIIème république estime au début du XXème siècle que “Voltaire et Diderot furent à leur manière des radicaux”. Le mot radical dans le champ politique apparaît dès 1820 en Angleterre, il est utilisé plus tard dans le XIXème siècle en France. Il désigne l’ensemble des personnes qui revendiquent l’héritage de 1789, de la république de 1793, marqué en particulier par l’anticléricalisme et la défense du suffrage universel. Le mot est particulièrement utilisé en France dans la deuxième moitié du XIXème siècle et tout au long du XXème siècle. Son sens évolua avec les décennies.

En 1901, sous le gouvernement de Mr Waldeck-Rousseau, le plus long de la IIIème république, avant même les lois d’associations de juillet, il se créé en juin le parti Républicain, Radical et Socialiste. Le parti est aujourd’hui considéré comme le premier parti politique français. Il est le témoin privilégié des profonds bouleversements du champ politique en ce début de siècle. Il est en effet mis en place dans le contexte de l’affaire Dreyfus, qui bouleverse le champ politique français. Après deux long procès, le XXème siècle, marque le début d’une longue marche vers la réhabilitation pour le capitaine Dreyfus. Dans son sillon, le domaine politique moderne se forge. La France est ‘coupée’ en deux. Les dreyfusards sont soutenus par les républicains radicaux comme Clemenceau mais aussi les socialistes, contre le militarisme. Ils sont favorables à la reconduite d’un jugement et cela malgré le risque de désavouer les autorités militaires et le gouvernement républicain modéré. Les antidreyfusards, sont quand à eux appuyés par une majorité des conservateurs, modérés et nationalistes. Ils soutiennent que la raison d’état doit l’emporter ou bien que le capitaine Dreyfus est coupable et qu’une révision du jugement n’est pas convenable dans les conditions présentes. Bien que les clivages soient marqués sur le plan de l’opinion ou de la presse, la gauche contre la droite, cela est moins marqué au niveau des individus. Malgré tout, une polarisation du champ politique est incontestable.

C’est dans un contexte politique stable emprunt de nouvelles dynamiques que commence ce qui est appelé a posteriori la Belle Epoque. Cette expression à connotation positive désigne les années d’avant guerre qui apparaissent aux yeux des citoyens de l’entre deux guerres comme une période de prospérité, marquée par les progrès sociaux, économiques et technologiques. Elle est aussi marquée par la paix en Europe après le conflits franco-prussien. La période représente dans l’imaginaire collectif une période de modernité et d'inconscience à laquelle la guerre a mis un terme. 1914 marque donc un tournant. C’est le début de la Première Guerre Mondiale, le début d’un conflit d’une ampleur et d’une violence sans précédent qui bouleverse irrémédiablement l’Europe. En France, la IIIème république est touchée. Le champ politique français connaît un avant et un après. 1914 marque une rupture dans le domaine politique, elle marque pour les Radicaux la fin d’une période, la leur, celle de la France radicale comme elle sera nommée plus tard.

On va donc chercher à expliquer ce que ce revendiquer radical a pu signifier dans le contexte de la Belle Epoque, le contexte de la réhabilitation de l’affaire Dreyfus et celui des nombreux changements du champ politique.

Un plan chronologique s’impose afin de pouvoir exposer, observer les différentes évolutions des revendications, des positions et de l’influence radicale durant la Belle Epoque.

La première partie est focalisée sur les deux premiers gouvernement de la Belle époque et leur relation avec les radicaux. La seconde traite du pouvoir des radicaux et de son influence à la fin de la belle époque.

                    I.  Etre radical à l'apogée du parti radical

 

  •                             A. La formation du parti radical durant la gouvernance de Mr Waldeck-Rousseau

Bien que de nombreux courants politiques se réclament des principes de 1789, les radicaux jugent en être les véritables héritiers. Cet héritage historique est nécessaire à la compréhension du mot radical et de sa signification politique au début du XXème siècle sous la gouvernance de Mr Waldeck-Rousseau. Ce qui fait des radicaux les principaux héritiers des principes de 1789 c’est qu’ils entendent “conserver” l’ensemble de ces principes. A la différence des radicaux, les républicains modérés par exemple n’entendent pas étendre la démocratie politique en démocratie sociale tandis que les socialistes, sont aussi attachés aux dogmes du marxisme. Les radicaux se distinguent tardivement, ils sont issus de contestations sociales et du groupe des républicains qui au cours de la deuxième partie du XIXème siècle se divisent entre les opportunistes tel que Léon Gambetta et les radicaux comme Georges Clemenceau et Henri Brisson. Ils revendiquent entre autre la nationalisation des mines et des chemins de fer, l’impôt sur le revenu, la démocratisation de l’enseignement secondaire. Ils sont très présents dans le champ politique. Trois ministres sur onze nommés par Mr Waldeck-Rousseau sont radicaux, ils font donc partis de la défense républicaine. Le  gouvernement suit une politique dreyfusarde et anticléricale modérée.

Le domaine politique en 1901 est stabilisé par le gouvernement de Waldeck-Rousseau ou la défense républicaine suite à l’Affaire, qualifiée de guerre franco-française, la division des républicains et la montée des  socialistes. Bon nombre de radicaux se déclarent alors socialistes, mais d’un socialisme à la française, non marxiste. Ils sont appuyés par une référence philosophique le solidarisme de Léon Bourgeois et Célestin Bouglé . Il est expliqué au travers de l’ouvrage Solidarité de Léon Bourgeois publié en 1896. Le solidarisme se veut une réponse philosophique et socio-politique des radicaux face au libéralisme et aux socialistes. Il est basé sur la mutualité qui permettrait à la République de s’imposer et de légitimer l’intervention de l’Etat comme une expression de la volonté générale dans le respect de la liberté individuelle. C’est dans son sillon que l’impôt sur les revenus est défendu. La doctrine sera précisée et affinée par le philosophe Bouglé en 1913 Le solidarisme. Cette doctrine influence, notamment l’économiste André Gide et “l’école de Nîmes” dont les principes d’économie politique proposent de remédier aux dépravation de la libre concurrence sans abandonner le libéralisme. Cette doctrine est le résultat d’une réflexion sur la Grande Dépression, période de ralentissement économique qui marque le champ politique. Ainsi pour les radicaux, l’homme est débiteur des générations passées et responsables aux yeux des générations futures. Un “quasi contrat” est évoqué comme fondement de l’organisation sociale (référence à Rousseau) et permet de définir la place des radicaux en cette fin du XIXème siècle. Ils se revendiquent distincts de la droite et de la gauche.

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