Inscription maritime
Dissertation : Inscription maritime. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Jean-louis Vincenti • 20 Février 2018 • Dissertation • 2 255 Mots (10 Pages) • 606 Vues
INSCRIPTION MARITIME
« La première chose qu’il faut faire est de se rendre puissant sur la mer qui donne accès à tous les états du monde ». Citation de Richelieu, 1628. Par cette citation, le Cardinal Richelieu consacre l’idée selon laquelle une flotte navale royale doit être créée afin de faire face aux états concurrents et de protéger le territoire national. En effet, l’essor des marines de guerres émerge en Europe dès le 17ème siècle. Ce développement allant de pair avec la lutte pour maîtriser les mers, de nombreuses guerres navales vont avoir lieu. La période étudiée est marquée par quatre grandes guerres navales: la bataille navale Franco Espagnole (1635-1659), la guerre navale de Hollande (1672-1678), celle de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697) ainsi que la bataille de la Succession d’Espagne (1701-1714). Toutefois, les vaisseaux royaux envoyés sur les batailles devaient être muni d’un équipage. Les hommes volontaires pour servir le roi se faisant rares, le problème du recrutement des marins s’est vite posé, notamment en France. Un système est alors créé par Jean Baptiste Colbert entre 1665 et 1689. Sous l’appellation du « système des classes », le recrutement des marins s’organise sous forme d’un enregistrement des personnes pouvant être appelées à servir sur les bateaux royaux. En effet, des classes ou des « contingents annuels » de marins sont formés dans chaque circonscription littorale. Réformé lors de la Révolution française, le système des classes deviendra « l’inscription maritime » et disparaitra en 1965 lors d’une réforme relative au service national.
Comment a évolué la marine de guerre ainsi que son recrutement sous l’Ancien Régime ?
Dans un premier temps, nous étudierons l’aspect historique du système des classes. Mis en place par Colbert à la fin du 17ème siècle, pour être compris, le système des classes doit être replacé dans son contexte. Dans une seconde partie, nous analyserons le fonctionnement, plutôt moderne du système des classes. Face à la nécessité de gestion et d’encadrement des marins, des nouvelles pratiques seront utilisées. I L’aspect historique de la mise en place du système des classes A ) Le développement de la flotte royale depuis le Cardinal Richelieu à Colbert Le cardinal Richelieu, entré au Conseil du Roi en 1624, va profondément repenser le système marin français. Avant lui, la marine était totalement délaissée. Effectivement, l’autorité royale se contente d’armer ponctuellement des flottes formées de navires réquisitionnés. De plus, l’opinion publique est indifférente aux questions navales, préférant les investissements dans l’armée terrestre. Par une volonté de s’affirmer autrement que par sa richesse agricole, le Cardinal Richelieu va développer la flotte navale du Royaume de France de façon considérable. Obtenant assez rapidement le soutien du Roi Louis XIII, Richelieu créé la Marine Royale. En s’administrant le droit de gouverner la plupart des ports du royaume, ce dernier s’octroie le titre de « Grand Maître, chef et surintendant général de la Navigation et du Commerce de France ». Il va alors développer des infrastructures de bases et entreprendre le lancement d’une flotte de guerre spécifique. De grands travaux sont effectués au Havre et à Brouage, qui ne seront d’ailleurs pas un franc succès, ainsi qu’à Brest et Toulon. En plus de ces travaux couteux, 18 vaisseaux seront commandés en 1626, et 6 autres l’année suivante.
C’est donc une marine rajeunie qui va affronter l’Espagne, lors de la Guerre de Trente Ans qui s’est déroulée entre 1635 et 1659. En sortant victorieuse de cette bataille, la marine française affiche un premier bilan plus qu’honorable : l’armée s’est montrée très combative. Toutefois, elle reste au second plan dans les dépenses du Royaume, jugeant préférable d’investir dans l’armée de Terre. De plus, la flotte royale ne rivalise pas avec les marines de guerres anglaises et hollandaises… Quant à la guerre franco espagnole, c’est sur le plan naval elle aussi une affaire secondaire par rapport à la Guerre d’Indépendance hollandaise (1648-1568) A la mort du Cardinal Richelieu et de Mazarin, la marine française est plus ou moins à l’abandon… Malgré une modeste construction navale en 1657, la marine ne compte plus qu’une vingtaine de vaisseaux et quelques galères… Cet affaiblissement va se traduire par la réinstallation des « Barbares » sur les Iles d’Hyères, d’où ils lancent des raids meurtriers.
Trans : Pour l’essentiel, il faut tout reprendre… C’est donc avec le soutien de Louis XIV que Colbert va repenser le système maritime français.
B ) « Le système des classes » : l’œuvre de Jean Baptiste Colbert C’est par la volonté de Louis XIV de donner à son Royaume le titre de grande puissance maritime que la marine de guerre française sera de nouveau rénovée sous son règne. Etant donné que les rois précédents ont laissé en partie les flottes royales abandonnées, Louis XIV et Colbert doivent tout créer : de grands chantiers navals sont entrepris, un réseau d’approvisionnement est construit. Un recensement des gens de mer pour fournir des matelots apparaît donc nécessaire. Toutefois, les mêmes problèmes qu’à l’époque de Richelieu se présentent : une opinion publique indifférente voire réticente, aux questions navales, ainsi que la contestation d’une large partie des nobles. C’est en entrant au service de Mazarin durant la fronde que Colbert s’est familiarisé avec le système complexe des finances royales et des questions maritimes. Admirant Richelieu, il veut reprendre sa politique. De cette façon, il va mener toute une série d’enquêtes, véritables audits de la France du début du règne de Louis XIV. Pour mettre en œuvre la politique souhaitée, Jean Baptiste Colbert dispose d’un budget considérable, avoisinant les 10 millions en 1678. Ainsi, la flotte royale dispose d’environ 123 vaisseaux en 1671, ce qui semble peu, comparé aux grandes puissances maritimes telles que la Grande Bretagne ou la Hollande. Ces galères et vaisseaux sont peuplés de condamnés de toute sorte : déserteurs, contrebandiers, révoltés ou encore protestants persécutés. Toutefois, les hommes faisant acte de volontariat pour servir sur les vaisseaux du roi se font rares. Secondé par Usson de Bonrépaus, Colbert met en place le « système des classes ». L’idée générale de ce système est de recenser tous les marins dont la France dispose pour pouvoir les appeler au service du roi selon les besoins, en faisant tourner les effectifs. D’abord expérimenté en Gironde
...