Les relations de l'EIIL avec Al-Qaïda
Analyse sectorielle : Les relations de l'EIIL avec Al-Qaïda. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar MalcomX • 3 Novembre 2014 • Analyse sectorielle • 1 045 Mots (5 Pages) • 737 Vues
Les relations de l'EIIL avec Al-Qaïda, dirigé depuis la mort d'Oussama ben Laden par Ayman al-Zaouahiri, sont ambiguës. Bien que certaines branches locales d'Al-Qaïda en Syrie et en Irak aient fait allégeance à l'EIIL, les deux mouvements sont devenus rivaux.
Le 9 avril 2013, Abou Bakr al-Baghdadi déclare que le Front al-Nosra est une branche de l'État islamique d'Irak en Syrie, il annonce la fusion de EII et du Front al-Nosra pour former l'État islamique en Irak et au Levant. Mais le chef d'al-Nosra, Abou Mohammad al-Joulani, bien qu'il reconnaisse avoir combattu en Irak sous ses ordres puis d'avoir bénéficié de son aide en Syrie, ne répond pas favorablement à l'appel d'al-Baghdadi et renouvelle son allégeance à Ayman al-Zaouahiri, émir d'Al-Qaïda45.
En juin et en novembre 2013, Ayman al-Zaouahiri demande à l'EIIL de renoncer à ses prétentions sur la Syrie, estimant qu'Abou Bakr al-Baghdadi, « a fait une erreur en établissant l'EIIL » sans lui en avoir demandé la permission ni même l'avoir informé. Il annonce que : « L’État islamique en Irak et en Syrie (EIIL) va être supprimé, alors que l'Etat islamique en Irak (ISI) reste opérationnel. » Pour al-Zaouahiri, le Front al-Nosra demeure la seule branche d'Al-Qaïda en Syrie49.
À son tour, al-Baghdadi rejette les déclarations d'al-Zaouahiri45. En réalité, l'EIIL se considère comme un État indépendant et ne souhaite prêter aucune allégeance à Al-Qaïda, ni à aucune autre structure46.
Des divergences opposent également Al-Qaïda et l'EIIL : les premiers considèrent que le djihad doit être mené prioritairement contre les États-Unis, Israël, les pays occidentaux et leurs alliés régionaux ; de son côté, depuis le départ des Américains d'Irak, l'EIIL considère que l'ennemi principal est désormais l'Iran et les chiites45.
En 2014 cependant, Al-Qaïda et l'EIIL entrent en conflit direct. Le 6 janvier, les rebelles syriens se révoltent contre l'EIIL, et le Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, prend part à l'offensive, principalement à Racca. Al-Julani, le chef d'Al Nosra, estime que l'EIIL a une forte responsabilité dans le déclenchement du conflit mais appelle à un cessez-le-feu50. Mais le 11 ou le 12 janvier, à Racca, l'EIIL exécute 99 prisonniers membres du Front al-Nosra et d'Ahrar al-Sham selon l'OSDH51,52.
Le 2 février 2014, Al-Qaïda publie un communiqué dans lequel il condamne les actions de l'EIIL et confirme que ce mouvement « n'est pas une branche d’Al-Qaïda, n'a aucun lien organisationnel » avec eux et qu'il « n'est pas responsable de ses actions »53.
Le 4 avril 2014, Ayman al-Zaouahiri appelle à un « arbitrage indépendant en vertu de la loi islamique » afin de mettre fin aux combats qui opposent en Syrie l'État islamique d'Irak et du Levant et le Front al-Nosra. Selon Romain Caillet, chercheur à l'institut français du Proche-Orient et spécialiste de la mouvance salafiste, le projet soutenu par al-Zaouahiri aurait pour conséquence de former une seule instance juridique, placée au-dessus de toutes les autres. L'autorité de l'EIIL, sur les territoires qu'il contrôle, serait alors dissoute. C'est la principale raison pour laquelle l'EIIL, qui se voit comme un véritable État, refuse cette solution et préfère celle dite des « tribunaux conjoints », où le jury serait composé pour moitié de membres de l'EIIL et pour l'autre de la brigade plaignante54.
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