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Les Etats-Unis et la mer

Commentaire de texte : Les Etats-Unis et la mer. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  30 Avril 2020  •  Commentaire de texte  •  3 400 Mots (14 Pages)  •  601 Vues

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 Histoire des mondes européens et néo-européens, XVIe-XXe siècles

Les Etats-Unis et la mer.

Le texte :

 Un matelot états-unien dans la guerre du Pacifique :

« 3 octobre 1942. J’ai été enrôlé dans la Marine aujourd’hui. Ils n’ont pas fait une très bonne affaire. Je n’ai rien d’un marin ; j’ai mal au coeur en voiture et je ne supporte pas les balançoires. (…)

« 7 octobre 1942. (…) On comprend vite que c’en est fini de l’intimité quand on est dans la marine ; pour manger, dormir, prendre la douche, et le reste, on est toujours ensemble, jamais seul. Personne n’aime coucher dans les hamacs parce qu’ils sont trop tendus. On se croirait sur une corde à linge. On a l’impression que l’on va tomber dès qu’on se retourne. (…) Il [me] faudra beaucoup de temps pour me retrouver [, à bord] : le bâtiment a (…) des quantités de ponts et de compartiments. (…)

« 18 janvier 1943. Après avoir navigué pendant trente-cinq jours et couvert plus de dix mille milles, nous avons atteint notre première destination, l’île française de Nouvelle-Calédonie. (…) Je vais maintenant raconter ce qui s’est passé depuis notre départ de Philadelphie le 13 décembre. Nous sommes partis avec un grand convoi de bâtiments de guerre et de transport de troupes et de ravitaillement. Il faisait froid et la mer était déchaînée. On croyait qu’on allait chavirer. Beaucoup avaient le mal de mer et les autres ne valaient guère mieux. Les vagues énormes faisaient danser le [croiseur] Montpelier comme une allumette. Malgré ses 10.000 tonnes et ses 180 mètres de long, notre bateau était mal parti ! Tout était balayé. On prenait les repas assis par terre parce qu’il était impossible de dresser les tables. Elles auraient été écrasées contre les cloisons. Mais la plupart d’entre nous étaient trop malades pour manger. Si on posait sa tasse de café par terre, elle était projetée sur le camarade assis en face. (…) Il y avait des sous-marins ennemis dans le coin, mais ils ne nous ont pas attaqués. La plupart des bâtiments du convoi étaient destinés à l’Europe. On s’est réveillés un matin pour apprendre qu’on avait quitté le convoi. Le Montpelier et d’autres bâtiments de guerre avaient changé de direction. (…) Nous avons finalement atteint les Caraïbes. (…) Maintenant nous pouvons quitter nos lourds vêtements d’hiver et prendre des bains de soleil. Le premier jour on a 2


exagéré et beaucoup d’entre nous ont été brûlés. (…) Le jeudi 24 décembre 1942 à midi nous nous sommes présentés à l’entrée du canal de Panamá. Il nous a fallu huit heures pour franchir les écluses. (…) Je n’ai pas pu descendre à terre à Panamá, car j’étais de corvée. Nous sommes presque tous des bleus avec tout juste quatre semaines d’instruction dans un camp. L’arme la plus grosse que l’on connaissait avant de monter à bord, c’était un fusil. Tandis que sur le Montpelier il y a des mitrailleuses de 20 et de 40 millimètres et des canons de 125 et de 150. Les canons sont tout autour de nous et la déflagration fait mal aux oreilles. Nous n’avons pas perdu notre temps pendant notre voyage jusqu’à la Nouvelle-Calédonie. On n’a pas arrêté de tirer. Exercice, exercice et encore exercice. On visait des cibles remorquées par avions et lorsque nous avons atteint la Nouvelle-Calédonie, l’équipage était prêt pour le combat. Je suis affecté (…) comme servant d’une mitrailleuse quadruple de 40 millimètres. (…) Sur le bateau, nous avons deux avions amphibies et deux pilotes. Le jour de l’an nous avons perdu un de nos pilotes, l’enseigne de vaisseau de réserve Thompson [, suite à un accident de catapultage]. (…) Nous avons toujours quelque chose à faire. Il faut gratter toute la peinture intérieure d’un bout à l’autre du bateau pour éviter qu’elle ne brûle (…). Le produit que nous employons pour décaper est très fort, comme de l’éther, et nous rend malades. (…) Nous sommes environ treize cents hommes à bord et nous nous entendons comme une grande famille. Quand nous avons atteint la Nouvelle-Calédonie (…) nous y avons fait escale pendant une semaine.

« 31 janvier 1943. Dimanche. C’est la première fois que j’ai le temps d’écrire depuis vendredi. (…) Vendredi soir, juste avant le coucher du soleil, on a sonné le branle-bas de combat parce que nous étions attaqués par une importante force aérienne japonaise, des chasseurs, des torpilleurs et des bombardiers en piqué. J’étais de quart quand on a commencé à tirer. J’ai cru d’abord que c’était un exercice, mais je n’ai pas été long à m’apercevoir que cette fois c’était du sérieux. Tous les bâtiments de l’escadre étaient attaqués en même temps par des Japonais venant de toutes les directions à la fois. Les bombes explosaient tout près et les torpilles traçaient leur sillage dans l’eau tandis que les bateaux virevoltaient pour les éviter. Les Japonais piquaient sur nous, avec leurs mitrailleuses qui crachaient le feu. De grandes gerbes d’eau s’élevaient très haut dans le ciel. Pendant ce temps nous remplissions le ciel d’obus et de balles. On ne voyait que balles traçantes rouges et explosions. Avant la fin de la bataille le croiseur lourd Chicago devait être torpillé et coulé. Nous avons eu plus de chance ; la torpille qui nous a atteints n’a pas explosé. C’est ma mitrailleuse de 40 qui a abattu le premier avion japonais, un bimoteur, pour le compte de notre bateau. (…) Ce fut un duel à mort. (…) Cette bataille s’est déroulée dans le sud de Guadalcanal près de l’île de Rennell. Les transports ont pu débarquer leurs troupes sur Guadalcanal mais les Japonais se sont vengés sur nous. (…) Nous avons été félicités parce que notre mitrailleuse avait tiré plus que les autres. Nous n’avons pas bougé de notre poste pendant des heures ; lorsque nous avions besoin d’aller aux toilettes nous nous servions d’un seau que nous vidions par-dessus bord. »

(Textes extraits de FAHEY James J., Journal d’un marin du Pacifique, 1963, trad. de l’anglais (États-Unis), Denoël, Paris, 1965, pp. 15-22 et 27-29)

Le Commentaire :

        

        Les Etats-Unis jouent un rôle majeur durant la seconde Guerre Mondiale. Ils affrontent à la fois, aux côtés de leurs alliés, le Reich allemand en Europe et la puissance japonaise dans le Pacifique. James Fahey, auteur de Journal d'un marin du Pacifique, paru en 1963 est un ancien marin de l'US Navy ayant participé à la seconde Guerre Mondiale sur le théâtre d'opération du Pacifique. C'est de cet ouvrage qu'est extrait le texte que nous allons étudier. Cet extrait est issu d'un journal, tenu par l'auteur durant son service dans l'US Navy, on peut donc lire son témoignage, la façon dont il a vécu le conflit, dans un navire de guerre états-unien. Fahey, dans cet extrait relate le début de son service dans l'US Navy : la vie à bord, l’entraînement, les combats. C'est aussi un témoignage de la seconde Guerre Mondiale. Ce conflit, qui éclate en Europe en 1939 sous l'impulsion belliqueuse du IIIème Reich allemand s'étend dans le monde entier durant les années suivantes. Les belligérants sont nombreux : l'Empire colonial britannique dès 1939, l'URSS, suite à l’agression par l'Allemagne de 1941 puis les États-Unis suite à l'attaque de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941. Cette guerre est d'autant plus mondiale qu'elle comprend plusieurs théâtres d'opérations navales ou terrestres : l'Europe, l'Afrique, l'Europe de l'est, l'océan Pacifique ou encore l'océan Atlantique. La seconde Guerre Mondiale s'achève en Europe le 8 mai 1945 avec la capitulation du IIIème Reich allemand, puis dans le pacifique avec la capitulation du Japon le 2 septembre 1945 après l'utilisation, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, de deux bombes atomiques. Le texte donné à notre étude relate donc des faits se déroulant en 1943 sur un bâtiment américain, le Montpellier. L'auteur nous explique son arrivée dans l'US Navy puis il nous explique la vie à bord, les travaux, le sommeil, en sommes, la vie quotidienne. L'auteur nous délivre également un témoignage sur l’entraînement que pouvaient suivre les marins états-uniens avant de rejoindre le combat, puis Fahey nous délivre son témoignage d'une bataille, l'opposant aux Japonais. Afin d'expliquer au mieux ce texte, nous évoquerons dans une première partie l'importance de la puissance navale dans la seconde Guerre Mondiale, nous verrons ensuite plus particulièrement de quelles forces se composent la flotte. Pour terminer nous nous intéresserons à la vie à bord d'un bâtiment de l'US Navy.

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