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La démocratisation des sociétés européennes 1870 1914

Dissertation : La démocratisation des sociétés européennes 1870 1914. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  9 Février 2016  •  Dissertation  •  2 280 Mots (10 Pages)  •  770 Vues

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DISSERTATION

La démocratisation des sociétés européennes (1870-1914)

L'idée de Patrie a pour première chose un fondement naturel et, pour ainsi dire, une base physiologique ou physique ; – mais elle a aussi une base traditionnelle, un fondement historique ; – et enfin, nous n'avons pas peur de le dire, un fondement mystique sans lequel elle pourrait très bien être une société d'assurances ou de mutualité » c’est par ces termes que Ferdinand Brunetière, auteur phare du mouvement contre le positivisme définissait la communauté du peuple. Cependant, et à la lumière de l’évolution des sociétés européennes de 1870 à 1914 on peut s’interroger sur la pertinence d’une telle définition. En effet, la période qui nous occupe, et dont l’auteur est contemporain apparait comme l’antithèse de la conception conservatrice de l’idée de nation de Brunetière. Elle s’inscrit au contraire dans de profondes mutations des sociétés et de l’idée nationale, ce sont les années du progrès, qu’il soit technique, politique ou encore intellectuel. On peut même parler d’une première démocratisation, c’est à dire d’un accès à la citoyenneté de plus en plus facile, d’une jouissance du peuple de droits civils, civiques et politiques, l’individu s’épanouit dans une société de plus en plus moderne. Notre période voit donc l’avènement du modèle libéral, dans de nombreux pays , le retour à l’absolutisme est devenu chose impossible et l’idéal libéral puis démocratique s’imposent de plus en plus, malgré les résistances. La démocratisation va parfois jusqu’à son terme, c’est à dire l’adoption du suffrage universel masculin. Il faut cependant nuancer, et rappeler que le suffrage universel ne constitue pas l’idéal politique de tous les démocrates, à cette époque-ci la démocratie est plutôt vu comme un souci des intérêts du peuple, du progrès et de la participation politique d’hommes instruits, il y a donc une limite à l’idée de souveraineté populaire . En 1914, l’Europe n’est pas encore à proprement parler démocratique, mais le libéralisme a vaincu l’ancien monde monarchique et inaugure une nouvelle ère. Dans quelle mesure peut-on parler d’une démocratisation des sociétés européennes de 1870 à 1914?

I/ DEMOCRATISATIONS, ELECTIONS ET PROCESSUS POLITIQUES

1/ Les élections, un processus dépendant du pouvoir attribué aux élus et de la participation collective

Les élections dépendent du pouvoir attribué aux élus à tous les échelons (locaux à nationaux) par rapport à celui des responsables politiques, des fonctionnaires administratifs . Au Royaume-Uni les pouvoirs des corps élus sont très importants, comparé au cas de l’Espagne par exemple. Il y a en effet une longue tradition de self government des autorités locales. En France, la République sans revenir sur la centralisation héritée de la Révolution et de l’Empire a quand même octroyé aux citoyens le droit d ’élire les conseils municipaux en 1882 . Les citoyens élisent ainsi eux-même le maire. Au Royaume-Uni et en France les élus sont donc plus importants qu’en Allemagne par exemple. En effet, dans son cas le Reichstag ne peut même pas renverser le gouvernement. Par ailleurs, la symbolique du vote est assez importante pour qu’il soit refusé aux femmes et aux étrangers sauf au Royaume-Uni ou les veuves et les femmes ayant une certaine prestance, un certain rang peuvent participer aux élections locales et même y présider dans certains cas. Un autre signe de l’importance des élections c’est que la participation a globalement tendance à augmenter. Les élections du Reichstag de 1871 rencontrent un taux de participation de 51%, tandis qu’en 1887 ce chiffre passe à 70% et atteint même en 1907 les 84%, on a donc un taux de participation extrêmement élevé. Même en Espagne ou le vote est très contesté, et contestable dans le sens ou il est un leurre on note une progression dans les villes, celles-ci étant moins soumises aux pressions électorales. A Barcelone à la fin du XIXe siècle se déroulement les premières élections au suffrage universel masculin, sur l’ensemble du pays de 1/4 à un 1/3 des électeurs se déplacent, le peuple se sent donc peu concerné , or à Barcelone ce chiffre dépasse les 50% . Les citoyens ont compris que dans leur ville, le vote pouvait changer les choses. On a donc des peuples européens globalement intéressés par la question électorale, et une augmentation du taux de participant de 1870 à 1914. Cependant ce vote ne correspond pas aux mêmes réalités pour tous, il est plus ou moins significatif, plus ou moins étendu en fonction des pays et dépend aussi de son caractère démocratique.

2/ Qui a le droit de vote?

En France depuis 1848 tous les hommes de plus de 21 à l’exception de l’armée, la grande muette détiennent le droit de vote . En Allemagne depuis 1871 ont le droit de vote pour les élections au Reichstag tous les hommes de plus de 25 ans, mais il faut rappeler que la plupart des autres élections (locales, municipales, royaumes) se font suivant le système dit des trois classes octroyant aux plus riches des contribuables un poids disproportionné. Dans ces deux pays le suffrage universel masculin est assez précoce. Dans les autres pays en revanche la démocratisation du suffrage est plus tardive. L’Espagne octroie à tous ses citoyens le droit de vote pour toutes les élections en 1890 , mais vu les conditions du vote, cela s’apparente à une mascarade. En Italie le suffrage censitaire est en vigueur depuis 1870 et est élargi en 1882 , on passe de 600 000 électeurs à 2 millions. En fait ce que la gauche historique italienne a fait adopter c’est l’abaissement du cens passant de 40 à 20 livres, l’abaissement de l’âge de 25 à 21 ans et la jonction au corps électoral de tous ceux prouvant savoir lire ce qui représente en réalité peu de personnes. 30 ans plus tard Giolletti octroie le suffrage universel masculin en gardant une nuance, tous les italiens pouvant prouver savoir lire et écrire étaient électeurs dès 21 et les analphabètes seulement 30 ans et à condition d’avoir fait leur service militaire. L’Italie connait alors un suffrage presque universel, et contrairement à ce qui était redouté la participation n’a pas diminué , elle n’est cependant pas très élevée seulement 60% . Au Royaume-Uni cela va dans le sens de l’élargissement mais de manière plus lente. Le reforme Act de 1867 double le nombre des électeurs; Disraeli parle d’un « grand saut dans le noir ». Quoi qu’il en soit, tous les chefs de

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