L'utilisation politique de la télévision en France depuis 1945
Dissertation : L'utilisation politique de la télévision en France depuis 1945. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Benoît Monestier • 25 Novembre 2019 • Dissertation • 2 973 Mots (12 Pages) • 547 Vues
Alors qu’en 1945, seuls 297 foyers disposent d’un poste de télévision, le CSA estime qu’aujourd’hui plus de 94% des foyers en disposent d’une. Cela montre d’abord que la télévision est devenue l’outil central d’information et de divertissement des français. En 1945, il n’est pas question du petit écran, un luxe que peu peuvent réellement se payer, la radio est-elle le premier média de masse, bien loin devant la presse papier, et a joué un rôle fondamental lors de l’Occupation. Le Général De Gaulle saisit alors très bien la puissance qu’a ce média. Les gouvernements successifs saisissent eux aussi cette importance capitale. La radio (et la télévision très minoritaire par ailleurs) devient alors des outils pleinement à disposition de l’exécutif avec la Radiodiffusion-télévision française (RTF) puis l’Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF) en 1964.L’image et l’information ne se conjuguent que dans les salles sombres des cinémas, où sont diffusés de courts sujets d’information, plus propagandistes qu’informatifs. Mais, en 1968, le taux d'équipement en télévision passe à 60% des ménages français. Cette explosion entraîne forcément un glissement de l'intérêt politique : en 1974, le premier débat télévisuel français a lieu. Dès lors, ce débat est devenu une véritable tradition, pour ne pas dire une pratique incontournable de la République Française. Alors, comment la télévision s’est-elle imposée comme outil central dans la communication politique ? Pour répondre à cette question nous verrons comment, dans un premier temps, l’outil télévisuel s’est démocratisé dans les foyers français et dans le monde politique de 1945 à 1974. Puis nous verrons comment cette « domination » s’est traduite jusqu’à nos jours, avec les contestations contemporaines qu’elle apporte.
Plan:
I. La télévision se démocratise
a. Des débuts difficiles
b. Le tournant de l’élection présidentielle de 1965
c. Des contestations au débat d’entre-deux-tours de 1974
II. De 1974 à nos jours : de la domination vers la contestation ?
a. De 1975 à 1988, une utilisation plus politique
b. L’émergence du marketing politique
c. Des contestations face à cette quasi-hégémonie
I.
1. A la sortie du second conflit mondial le Général de Gaulle incarne le libérateur mais aussi celui qui a su le premier exploiter la force de l’outil audiovisuel le plus répandu à l’époque, la radio. La télévision est, à l’époque, et comme expliqué dans l’introduction, un outil de privilégié, peu répandu auquel on préfère le cinéma pour la diffusion des informations. A l’aube des années 1950, il est devenu presque banal de s’adresser aux français par la voie des ondes, en temps électoral comme en temps normal. Cet ordre établi est peu à peu remis en cause par l’apparition de la télévision et des sondages.
La télévision ne prend pas une place essentielle dans la vie des français avant les années 1960. La deuxième chaîne est créée en 1964 et passe à la couleur en 1967. Mais en une décennie le taux d’équipement des ménages passe de 13.5% à 70% (60-70). Ce qui, dommage collatéral, provoque d’ailleurs la disparition des actualités filmées au milieu des années 1970. Autrement dit, le petit écran s’impose dans le paysage médiatique au même temps que le Général de Gaulle arrive à l’Élysée. Sa puissance nouvelle lui permet de s’adresser directement au français (comme à l’époque de la Résistance) par le biais de conférences de presse en direct et d’allocutions. Le Général a comme volonté d’encadrer étroitement cet outil. Dès la IVe le pouvoir politique surveille étroitement la radio mais ne s’intéresse pas vraiment au petit écran. Mais en 1956 avec Guy Mollet, l’information est regardée de très près et le contrôle se renforce sous De Gaulle (c’est d’ailleurs lui qui instaure la tradition des vœux présidentiels). La RTF est passé sous le contrôle du gouvernement et plus précisément au ministère de l’information. Les opposants sont détournés du petit écran au profit des personnalités du gouvernement ou de la majorité. Les coups de téléphone au directeur de la RTF pour lui indiquer la nécessité de présenter la politique gouvernementale sous un meilleur jour sont monnaie courante. Dans un audiovisuel public où les journalistes n’ont guère de marge de manœuvre, l’autocensure est aussi très habituelle.
La transformation de la RTF en Office de radio-télévision française (ORTF) en 1964 est portée par Alain Peyrefitte (ministre de l’information de 62 à 66) organise un véritable système de contrôle. Les postes clés sont occupés par des proches du Président et les responsables reçoivent des consignes directes du pouvoir. On sait par ailleurs que bien souvent les sommaires des journaux télévisés étaient directement fixés par l’exécutif lui-même. Bref, l’audiovisuel public est aux ordres. Le Général parle même, à propos de la télévision, de « magnifique instrument de soutien de l’esprit public » formule élégante pour parler de la propagande d’État.
2. C’est dans ce contexte que va se dérouler la première élection présidentielle au suffrage universel depuis 1848. En 1964 il est convenu que les candidats n’auront pas le droit à plus de 2h de parole à la télévision et 2h à la radio. D’ailleurs la télévision est à l’époque en passe de devenir le média de masse numéro 1 chez les français puisque 45% des foyers en disposent d’un. De Gaulle prend lui la décision de na pas faire campagne, expliquant aux Français que le choix est simple, soit lui, soit le chaos, considérant l’élection comme un référendum de plus. Il se déclare d’ailleurs candidat simplement un mois avant le scrutin.
C’est dans ce contexte indécis que va peu à peu se développer la candidature d’autres figures, neuves ou plus anciennes, nourries en partie par la télévision et les fantasmes liées aux élections américaines. Peu à peu, certains médias, l’hebdomadaire l’Express en tête, se mettent en tête de trouver le « Kennedy français ». L’Express d’ailleurs le trouvera, avec Gaston Defferre, renommé « Monsieur X » par l’Express quelques temps plus tôt pour faire monter l’engouement autour de lui avant l’élection. L’engouement se confirme
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