Vie de Sainte Gertrude et formulaire de Marculf
Commentaire de texte : Vie de Sainte Gertrude et formulaire de Marculf. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Stefany Guais • 31 Mars 2019 • Commentaire de texte • 1 683 Mots (7 Pages) • 741 Vues
LA VIE DE SAINTE GERTRUDE ET LE FORMULAIRE DE MARCULF
Intro :
Les 2 documents à notre disposition ont été rédigé au VIIe siècle : vers 670 pour Vie de Sainte Gertrude de Nivelles, et vers 650 pour le formulaire de Marculf même si cette date est contredite par certaines sources. L’auteur de la Vie de Sainte Gertrude de Nivelles est inconnu mais on peut penser qu’il s’agit d’un ou d’une religieuse puisque l’œuvre est une hagiographie, c’est-à-dire une biographie élogieuse consacrée à la vie d’un saint ou d’une sainte. Sainte Gertrude de Nivelles (626-17 Mars 659) est la fille du maire du palais Pépin de Landen et de Itte Idoberge. Dans cet extrait, Gertrude est demandée en mariage par le fils du duc d’Austrasie. Quant à Marculf c’est un moine, notable à la Chancellerie (la chancellerie c’est le lieu où l’on rédige les actes administratifs), qui a rassemblé divers textes juridiques en un recueil de formules, d’où le nom de l’œuvre : formulaire de Marculf. Dans cet extrait, le formulaire évoque la passation de biens entre les époux en cas de décès de l’un d’eux. Ces œuvres s’inscrivent dans la période mérovingienne, notamment le premier extrait qui se déroule sous le règne de Dagobert Ier, roi des Francs de 629 à 639. On peut donc se demander : Comment ces 2 textes font-ils état de la place de la femme artistocrate franque ? Nous verrons tout d’abord que le mariage est au centre des stratégies politiques pour ensuite aborder le veuvage et l’intérêt familial.
I- Le mariage au centre des stratégies politiques
Le mariage est un élément fondamental des stratégies politiques des familles aristocratiques. De ce fait, le mariage n’est pas qu’une simple union entre deux personnes mais a une dimension bien plus large qui lie de familles. Etant donné l’importance d’un tel acte, il doit toujours être public, généralement à l’occasion de banquets et cérémonies. C’est pour cette raison que lignes 2-4 du premier texte on peut lire « le fils du duc d’Austrasie […] demanda au roi et aux parents de la jeune fille qu’on la lui promette en mariage, suivant l’usage du siècle » lors du « fastueux banquet » ligne 2. Le banquet est très important dans la société franque car c’est le lieu de réconciliation, de négociations et de paix mais c’est également l’occasion pour les familles artistocrates franques de faire état de leur puissance, de leur prestige et de leur richesse pour établir leur rang par rapport à d’autres familles. D’ailleurs, c’est dans notre cas visible car c’est le père de Gertrude de Nivelles qui a organisé le banquet où même le roi est invité comme nous le montre les lignes 1-2 « Son père Pépin avait invité le roi Dagobert à participer chez lui à un fastueux banquet ». Le fait que ce soit Pépin de Landen, maire du palais, et que le roi lui-même y soit invité démontre bien toute l’importance de l’évènement.
Cette présence des grands du royaume, et même parfois du roi, et le fait que la demande se fasse en public impose une très forte pression sociale qui en général ne laisse pas le choix aux personnes concernées par la demande. Le roi, et c’est le cas ici, peut fortement influencer et peser de tout son poids dans la concrétisation d’un mariage comme nous pouvons le voir aux lignes 4-5 avec « le roi décida d’accéder à la demande du jeune garçon », puis à la ligne 5 « il persuada le père de la jeune fille de la faire venir devant lui » et également aux lignes 6-7 « durant le repas, le roi lui demanda si elle voulait avoir pour époux ce jeune homme ». Cependant, ici, Gertrude de Nivelles refuse ce qu’avaient prévu le roi Dagobert et son père Pépin pour elle avec ligne 8-9 « Je ne veux pour époux ni lui ni personne sur cette terre, je ne veux que le Christ mon Seigneur ». Ce refus est toutefois exceptionnel et il est probablement amplifié et exagéré par l’auteur de cette hagiographie qui souhaite souligner le charisme de la sainte. Il faut également préciser que cette carrière religieuse que choisit Gertrude ne peut-être choisie que par des femmes d’une certaine richesse et la famille de la concernée n’y perd pas tout non plus, d’autant qu’elle deviendra sainte.
Si le mariage est un évènement qui doit être public et qui provoque une certaine pression sociale sur les personnes concernées, c’est parce qu’il est fondamental dans le cadre des stratégies politiques et familiales des aristocrates francs. Tout d’abord, le mariage est très important au niveau politique. Cet acte peut être une façon de faire la paix entre deux familles mais aussi la manière incontestable de former une alliance entre familles aristocratiques, et donc d’accroître son pouvoir via une relation de clientèle. Une famille puissante qui marie ses filles à des familles moins puissantes augmente ainsi son cercle d’amis et de parenté donc son pouvoir. Ces alliances via le mariage étaient donc le centre de la compétition entre familles aristocratiques, d’autant que des terres et des biens pouvaient être en jeu. On voit tout cela à la ligne
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