Le sacre de Philippe Ier
Commentaire de texte : Le sacre de Philippe Ier. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Oceane-Michel • 11 Septembre 2016 • Commentaire de texte • 2 977 Mots (12 Pages) • 8 461 Vues
Le sacre de Philippe par Gervais, archevêque de Reims :
Le document soumis à notre commentaire est un texte extrait du Recueil des actes de Philippe Ier, roi de France rédigé par Maurice Prou.
Tout d'abord, il est important de préciser que ce texte n'est pas une ordine. Une ordine est un document décrivant les rubriques du sacre et du couronnement. Or, ce texte est le procès verbal du sacre de Philippe Ier. En effet, il s'agit d'un compte rendu établi par une autorité compétente attestant de l'existence et du déroulement du sacre.
En l’occurrence c'est l'archevêque Gervais de Reims qui l'a rédigé.
Ce dernier a vécu autour des années 1010-1060. Il est contemporain des événements puisque c'est lui qui sacre Philippe Ier. Gervais est un aristocrate de naissance. Il est nommé archevêque de Reims, en 1055, à la suite de la demande du roi Henri Ier (père de Philippe) au pape Victor II.
A la mort du roi Henri Ier, il sera une figure importante puisqu'il sera membre du conseil de régence de 1060 à 1066.
Au niveau du contexte, le XI° siècle est une période durant laquelle l'autorité royale, soit la dynastie capétienne est menacée par les Grands du royaume. En effet, les plus puissants ducs et comtes administrent leurs domaines comme ils l'entendent. Certains d'entre eux sont donc plus puissants que le roi.
L'enjeu de ce texte est donc de montrer comment les Capétiens ont affirmé le pouvoir au sein de leur famille.
Ainsi, nous pouvons nous demander : En quoi le sacre permet-il de légitimer le pouvoir ?
Pour cela, nous allons voir dans un premier temps les acteurs et les spectateurs du sacre puis la force symbolique de celui-ci.
I. Acteurs et spectateurs du sacre :
A. Le roi :
En 1059, le roi qui est au pouvoir est Henri Ier comme indiqué à ligne 1 (la trente deuxième année du règne du roi Henri). En effet, ce dernier est sacré roi en 1027. Il s'agit donc bien de sa trente-deuxième année de règne bien qu'il est gouverné seul à partir de 1031.
Le récit du sacre ne mentionne pas qui est à l'origine de la cérémonie mais il est évident qu'il s'agit d'Henri Ier. En effet, ce dernier qui est âgé et malade, décide de faire sacrer son fils de aîné de son vivant afin de lui assurer la couronne.
Henri Ier, pour conserver le pouvoir au sein de sa famille reprend donc ici les deux principes instaurés par Hugues Capet ; qui sont l'association du fils à la fonction royale du vivant de son père ; et le principe de la primogéniture qui donne la priorité au fils aîné d'être le successeur. Cela permet d'éviter les conflits au sein de la famille royale.
Cette décision est d'autant plus importante, que le règne d'Henri Ier est marqué par une relative faiblesse face à ses grands vassaux, notamment au niveau du domaine militaire. Il est donc nécessaire pour Henri de penser à sa succession.
Ainsi, c'est son fils Philippe, né de l'union de Henri et d'Anne de Russie en 1052 qui est désigné pour être le prochain roi des Francs. Il n'est alors âgé de seulement 7 ans comme cela est précisé à la ligne 8.
Toutefois, on ne sait pas réellement si le roi Henri Ier a assisté au sacre de son fils. En effet le procès verbal indique à la ligne 38 qu'Henri donne son consentement concernant l'élection de Philippe. Or, l'auteur ne précise pas si c'est à l'écrit ou de vive voix qu'il le fait.
Mais, il est certain qu'Henri à un rôle primordial concernant le sacre.
B. Le clergé :
Le clergé assiste au sacre, il s'agit d'un acteur fondamental de celui-ci. C'est le cas notamment de l'archevêque de Reims Gervais mentionné à la ligne 4, qui est choisi par le roi Henri Ier pour sacrer Philippe. Ce choix n'est pas anodin, puisque c'est Henri qui à fait nommé Gervais, archevêque de Reims.
Celui-ci pour la cérémonie , sollicite auprès du pape Nicolas II mentionné à ligne 18, l'envoi d'un légat pontifical. Cette situation n'est pas habituelle, il s'agit d'une marque de prestige montrant l'importance du sacre. Ainsi, c'est l'archevêque de Besançon Hugues de Salin qui est désigné pour représenter le pape lors de la cérémonie, comme cela est précisé à la ligne 18 (Hugues de Besançon, légat du pape Nicolas).
Toutefois, celui-ci ne vient pas seul puisqu'il est accompagné d'un second légat qui est l’évêque de Sion, Ermenfroi indiqué à la ligne 19.
En plus de ces deux légats, 22 évêques français assistent à la cérémonie du sacre. Leurs noms sont mentionnés de la ligne 19 à la ligne 24, selon l'ordre des provinces ecclésiastiques. Ainsi, ces données nous permettent de situer le centre de gravité de la monarchie capétienne au milieu du XI° siècle.
La plupart des évêques présents appartiennent à la province ecclésiastique de Reims correspondant aux 8 premiers noms cités allant de Heidon de Soisson ligne 20 à Gui d'Amiens ligne 21, ou à la province de Sens comprenant les noms allant de Isembard d'Orléans ligne 22 à Hugues de Troyes ligne 23.
De plus, on a des représentants de Lyon venant d'Autun, Langres et Chalon-sur Saône.
On trouve aussi deux représentants de la province de Tours qui sont Barthélémy de Tours et Guérech de Nantes ligne 24, un représentant de Bourges : Itier de Limoges ligne 23 et enfin un représentant de Bordeaux : Guillaume d’Angoulême ligne 24.
Par conséquent, on constate qu'il y a peu d'évêques venant du midi.
Le constat est le même pour les 28 abbés présents au sacre, qui sont cités de la ligne 25 à 32.
On peut néanmoins noter l'absence d'Hugues de Cluny.
C° Grands, milites et peuple :
L'assemblée est aussi composée des grands seigneurs du royaume comprenant des ducs des comtes, des vicomtes, des ambassadeurs ou encore des marquis mentionnés de la ligne 42 à 48. Ils viennent témoigner honneur et affection au nouveau roi.
On constate alors que la plupart de ces seigneurs sont venus assister au sacre, ou alors se sont fait représenter par des délégués tels que le duc de Bourgogne ligne 42 (Hugues fils et envoyé du duc de bourgogne), ou le comte d'Angers ligne 43.
...