Le couronnement de Philippe Ier
Commentaire de texte : Le couronnement de Philippe Ier. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Enzo D'agostino • 23 Février 2022 • Commentaire de texte • 2 330 Mots (10 Pages) • 1 147 Vues
Nous sommes en présence d’un extrait du Procès verbal du couronnement de Philippe Ier. C’est un rapport écrit sous la forme d’un procès verbal du déroulement du couronnement de ce roi des Francs datant de 1059. Ce rapport est un texte juridique rédigé ou dicté par une autorité religieuse de l’époque, l’archevêque de Reims, Gervais, qui permet d’assurer une réelle existence à cet événement. De plus, ce document émanant d’une autorité, on peut y retrouver des indications sur la date et le lieu de l'événement narré permettant de mieux placer cet événement. Gervais de Belleme (1055-1067) est donc archevêque de Reims, après avoir été évêque de Mans entre 1036 et 1055. Il est d’une ascendance aristocratique proche de la maison d’Anjou et de Blois. Il apporte un certain soutien à Eudes II de Blois pour la récupération de la Bourgogne dont il est le plus proche héritier. Gervais apparaît donc comme un être influent à cette époque parmi les Grands de son temps. Ce couronnement survient donc sous le règne d’Henri Ier (1031-1060), roi des Francs. C’est le troisième souverain de la dynastie des Capétiens depuis qu’Hugues Capet (987-996) a instauré cette dynastie après son élection. Sous la dynastie des Capétiens, la succession au trône se déroule sur un modèle électif. Néanmoins, les souverains capétiens, pour assurer à leur fils la succession au trône, ont pris l’habitude de faire couronner leur fils sous leur règne. Ainsi, le fils couronné, souvent en étant mineur, était associé au pouvoir sous la mention de “rex designatus”. Ainsi, à la mort du roi, la couronne venait directement au fils, évitant par là même les problèmes de succession dus à une élection par les Grands. A cette époque, le royaume des Francs est divisé et en proie à des conflits internes pour la conquête de nouveaux territoires ou pour la récupération d’héritage, comme la Bourgogne qu’Henri Ier récupère et se voit obliger de léguer en apanage à son frère Robert. A cette même période, on retrouve les autorités ecclésiastiques exigeant la trêve de Dieu et la Paix de Dieu. Ainsi, c’est dans ce contexte d’alliances et de batailles qu’Henri Ier décide d’associer à la couronne son fils premier, Philippe en 1059. Après avoir introduit la place, la date et l’événement narré ici (l. 1-4), Gervais rapporte le déroulement de la cérémonie (l. 5-15). Puis, il énonce les autorités religieuses du temps en présence (l. 16-31). Après avoir introduit la justification de son droit de couronner les rois (l. 32-37), il énonce les acteurs laïcs présents (l. 38-49). Enfin, il consacre le roi et lit le privilège accordé par le pape Victor (l. 50-61). Cet extrait du procès verbal est important car il permet de nous retranscrire les personnes présentes lors du couronnement de Philippe Ier ainsi que le déroulement dudit couronnement. Dans quelle mesure, Gervais de Belleme, par son procès verbal, rapporte-t-il le déroulement du couronnement d’un roi capétien, ici celui de Philippe Ier, dans le but de justifier pour la postérité du droit des archevêques de Reims de couronner les rois Francs ? Dans un premier temps, ce rapport juridique a une valeur d’inventaire descriptif de cet événement. Puis, il indique les différentes parties du couronnement de ce roi capétien. Enfin, ce procès verbal porte à réfléchir sur le véritable but de son auteur.
Cet extrait du procès-verbal rapporte donc avec une certaine précision la date et le lieu de l’événement. En effet, Gervais rapporte “L’an de l’Incarnation du Seigneur 1059, la trente-deuxième année du règne du roi Henri [...] le saint jour de la Pentecôte” (l. 1-3). Ainsi, Gervais place cet événement lors de la Pentecôte de l’année 1059. Cette fête clôt le temps pascal et se célèbre le septième dimanche après le dimanche de Pâques. Cette date étant mobile, il n'est pas possible d’établir le jour précis de ce couronnement. Ce choix de date n’est certainement pas anodin. Ce jour porte une importante connotation religieuse car elle célèbre le cinquantième jour après Pâques lorsque le Saint Esprit est descendu sur les apôtres. De plus, il poursuit en précisant “Philippe a été consacré de la manière qui suit dans l’église cathédrale devant l’autel de Notre-Dame par Gervais, archevêque” (l. 4-5). Gervais introduit donc son propos en précisant la nature de l'événement qu’il rapporte par ce procès-verbal et il précise également le lieu du couronnement. Ce lieu n’est pas clairement explicité, néanmoins, on peut être sûr que le couronnement se déroule dans la cathédrale de Reims où Gervais officie en tant qu’archevêque. Ce procès-verbal arbore ainsi toute l’officialité d’un texte juridique avec les différentes formulations permettant l’identification du lieu, de la date et de l’acteur officiant mais il se veut également être un parfait inventaire des personnalités présentes à ce moment.
Gervais indique “lorsqu’il eut achevé la lecture de la profession, il en remit le texte entre les mains de l’archevêque en présence [...] Hugues de Saint-Crépin de Soissons” (l. 16-31). Gervais fait ici un inventaire complet des autorités religieuses présentes le jour du couronnement commençant par le légat du pape, c’est-à-dire le représentant extraordinaire du pape étant chargé d’une mission, l’archevêque Hugues de Besançon et terminant par l’archevêque Hugues de Saint-Crépin de Soissons. Il prend donc une large part du rapport afin d’énoncer un à un les différentes autorités religieuses présentes en ce jour. Plus loin, il continue : “A sa suite, il y avait les légats du siège romain [...] les abbés et les clercs” (l. 38-41). Ensuite, Gervais tait les noms des différents légats du siège romain et précise que d’autres archevêques, évêques, abbés et clercs étaient présents sans pour autant les citer. Pour les derniers cas, on peut penser que Gervais ne les cite pas car ils sont trop nombreux et peu influents. Cependant, il est intéressant de voir que le nom des envoyés du pape soit tus, alors que celui d’Hugues de Besançon est énoncé. On peut y trouver la réponse sûrement dans la phrase qui suit la mention des légats du siège romain : “Bien qu’ici on eût déclaré qu’on pouvait procéder au sacre sans l’autorisation du pape, toutefois ses légats y assistèrent par déférence et par amitié” (l. 38-40). Dans ces lignes, Gervais apporte l’élément de réponse : les légats sont venus de leur propre chef à titre personnel et non au nom du pape. La mention de leurs noms est sans doute tus au même titre que les autres clercs car ils étaient peu influents personnellement. Ensuite, Gervais énonce un dernier inventaire : “Ensuite
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