L'influence des expéditions vikings sur les sociétés scandinaves et européennes
Dissertation : L'influence des expéditions vikings sur les sociétés scandinaves et européennes. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Simino95 • 6 Décembre 2016 • Dissertation • 3 731 Mots (15 Pages) • 1 515 Vues
L’influence des expéditions vikings sur la société scandinave et l’Europe au Moyen Âge.
Le terme « Vikings » est le nom donné aux guerriers, navigateurs et marchands des pays scandinaves, qui ont mené des expéditions maritimes de la fin du VIIIème siècle au courant du XIème siècle. Il s’est imposé dans le monde pour désigner les Scandinaves ayant quitté leur terre d’origine pour l’Europe, la Russie, les îles de l’Atlantique du Nord ainsi que l’Amérique du Nord afin de s’y livrer au pillage, au commerce et, parfois, pour s’y installer massivement. Issu du vieux scandinave, le mot Viking est à rapprocher du vieux norrois vik, qui signifie « baie » – le viking étant alors celui qui va de baie en baie pour se livrer à la piraterie. Si les Vikings eux-mêmes ont opté pour cette appellation, qui se généralise en Occident à partir du Xème siècle, la tradition française, suivant en cela les textes latins des VIIIème et Xème siècles, lui a parfois préféré le qualificatif de Normands (« hommes du Nord »). Le terme « Vikings » a été abusivement étendu à tous les promoteurs de la grande expansion scandinave du haut Moyen Âge, notamment aux Suédois qui sont partis nouer des contacts commerciaux avec les Baltes, les Slaves et les Grecs, et sont appelés dans les régions qu'ils ont traversées et où ils se sont installés, Rus(Russes) ou encore Vøringr (Varègues).
Pendant plusieurs siècles, ils ont fait trembler l’Europe. Leurs raids violents et meurtriers effrayaient les populations côtières d’Europe de l’Ouest et les Slaves des immenses plaines de la Russie. Et pourtant : au-delà de cet aspect « barbare » qui leur est resté attaché, ces marins firent œuvre de bâtisseurs, que ce soit en Normandie ou en Angleterre (et plus tard en Sicile) ou, beaucoup plus à l’est, en fondant à Kiev ce qui allait devenir l’empire des tsars.
L’époque des Vikings, qui s’étend de 800 à 1050 environ, marque l’entrée de la Scandinavie dans l’histoire. En l’espace de deux cent cinquante ans, les Vikings ont changé le cours de l’histoire européenne, bien que l’on se doive de prononcer le mot « histoire » avec précaution, puisque tout ce que nous connaissons d’eux s’appuie sur des fouilles archéologiques, sur des chroniques contemporaines et sur des sagas des XIIème et XIIIème siècles. Les découvertes archéologiques fournissent des renseignements précis sur le mode de vie des Vikings, tandis que les chroniques et les sagas sont moins fiables. Les moines, qui ont rapporté dans leurs annales les actes des Vikings, avaient eux-mêmes été victimes de ces guerriers et ne peuvent pas être considérés comme objectifs. Quant aux sagas, elles ont été écrites beaucoup plus tard d’après les traditions orales des bardes qui, très souvent, adaptaient leurs contes au goût de leur auditoire. Une chose reste certaine, les Vikings ont fait une forte impression sur leurs contemporains et leur réputation de violence, de rapidité et d’audace s’est répandue rapidement à travers l’Europe et le monde arabe. Encore aujourd’hui cette civilisation en fascine plus d’un.
I – Les expéditions vikings.
Les troubles sociaux engendrés par la centralisation du pouvoir dans les pays scandinaves ainsi que des facteurs sociologiques ont été décisifs dans la motivation des expéditions vikings. En effet, chez tous les peuples scandinaves, la réputation de bravoure au combat (la mort au combat ouvrant les portes du Valhalla, le paradis viking au sein du royaume des dieux, Asgard) et l’abondance des richesses, notamment en métaux précieux (les Scandinaves sont grandement reconnus pour leur talent d’orfèvre et de fabrication d’armes), sont des moteurs de l’ascension sociale. Les expéditions permettent aux vikings de se mettre en valeur aux yeux de la société et des dieux. Mais, elles sont principalement justifiées par des mobiles économiques et démographiques. Au début du IXème siècle, la Scandinavie observe un accroissement démographique qui ne peut être compensé par l’extension des terres au sein du territoire. De plus, la loi viking fait des fils aînés les seuls héritiers, ce qui pousse les cadets à quitter la maison familiale et chercher fortune ailleurs.
En Europe occidentale, le premier témoignage d’un raid viking nous vient de la Chronique anglo-saxonne datant de 793 : « Cette année-là des phénomènes se manifestèrent en Northhumbrie et terrifièrent les habitants ; de brusques lueurs apparurent dans le ciel, de féroces dragons traversèrent les nuées, une famine s’abattit sur le pays, et, le 8 juin, des pillards païens détruisirent l’église de Lindisfarne, ravageant et massacrant tout ce qui passait à leur portée. » Alcuin, religieux anglais devenu le principal conseiller de Charlemagne, s'en fait aussitôt l'écho sur le continent : « Jamais personne n'avait ressenti en Angleterre une terreur comparable à celle que viennent d'y semer les païens : nul n'imaginait qu'une pareille incursion de gens venus de la mer fût possible. ». Le caractère violent et imprévisible des expéditions vikings est ici dépeint par ces témoignages. Peu après cette première incursion, les Norvégiens, ayant contourné l'Écosse, commencent en 795 à agresser les populations des côtes d'Irlande, et apparaissent en 799 au large du littoral vendéen, avant de pénétrer en Méditerranée par le détroit de Gibraltar. Les Danois, quant à eux, atteignent la Frise en 810 ; forts du tribut de cent livres d'argent en échange duquel ils vendent leur départ, ils reviennent peu après en Frise, puis sur les côtes sud-orientales de l'Angleterre et dans la Manche ; ils remontent alors les rivières, cherchant du butin à l'intérieur des terres, aussi bien en Grande-Bretagne que dans le vaste empire franc.
Par la suite, les raids de pillage s’organisent et sont plus méticuleux. Les principales cibles sont les lieux où s'accumulent les richesses : les ports (Dorestad, à la tête du delta du Rhin, plusieurs fois ravagé entre 834 et 863 ; Quentovic, sur l'estuaire de la Canche, et Hamwich, à l'emplacement de l'actuelle Southampton, dévastés en 842) ; les monastères (Lindisfarne en 793, Noirmoutier en 835, Saint-Wandrille et Jumièges en 841) ; les faubourgs des vieilles cités qui cumulent la fonction monastique et la fonction portuaire (Cologne, Trèves, Londres, York, Rouen, maintes fois visitées, ou Paris, attaquée en 845, 857 et 885-886). Au pillage pur et simple des trésors d'églises, des fortunes de marchands, à la capture du bétail ou des hommes, emmenés en esclavage, se substitue la mise à tribut, parfois instituée en un véritable racket, comme en Angleterre, où est régulièrement prélevé à partir de 865 le danegeld, « or des Danois ».
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