L'Europe des universités (XIIIe – XIVe siècle) : circulation et réseaux
Dissertation : L'Europe des universités (XIIIe – XIVe siècle) : circulation et réseaux. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar AlizeeD9296 • 26 Janvier 2018 • Dissertation • 3 192 Mots (13 Pages) • 980 Vues
Alizée Delclaux TD2
L'Europe des universités (XIIIe – XIVe siècle) : circulation et réseaux
Jacques Le Goff dans son livre Les intellectuels au Moyen Âge paru en 1957 s’intéresse aux intellectuels du XIIIe siècle, c'est-à-dire les universitaires, et à leur cadre de pensée, les universités qui évoluent fondamentalement durant les siècles suivants. Le mot « université » au Moyen-Age désigne deux choses ; l'institution qui organise et contrôle l'enseignement supérieur (universitas) et le contenu de l'activité didactique et de recherche, l'ensemble des disciplines et des méthodes (studium). Les premières universités en Europe sont apparues vers la fin du XIIe siècle. Elles sont le fruit de l'évolution des écoles laïques ou monastiques. On distingue les universités d'étudiants comme Bologne, et les universités de maîtres comme celle de Paris. Ces deux types d'universités diffèrent sur de nombreux points concernant l'organisation et l'administration. Les premières universités sont ce que l'on appelle des universités « spontanées », c'est-à-dire des universités nées suite au rapprochement de maîtres et d'étudiants. Les suivantes sont les universités dites « créées ». Le dernière catégorie sont les universités nées par migrations. Dans une majeure partie des cas, les universités naissent à la place d'anciennes écoles monastiques ou laïques. Le mot « Europe » n'est pas utilisé couramment au Moyen Âge. On lui préfère la notion d'Occident ou de chrétienté, c'est-à-dire le domaine du christianisme romain et de langue latine, distinct des mondes arabo-musulmans et gréco-byzantin. Le terme de « réseau » peut avoir de nombreux aspects : réseaux de pouvoir, d'influence, d'hommes, voire manque de réseau. La notion de « circulation » renvoi à la circulation d'hommes et de connaissances. Les universités doivent faire face à l'hostilité des pouvoirs locaux des villes. Cependant, ces institutions ont reçu le soutien de pouvoirs supérieurs, et ont donc pu se développer et se multiplier en Europe. Nous pouvons donc nous demander dans quelle mesure les réseaux de pouvoirs ecclésiastiques et laïques ont-ils favorisé le renforcement des universités et la circulation des universitaires, ce qui a permis la construction d'un réseau universitaire et d'universités en Europe aux XIIIe et XIVe siècles ? Quels sont les enjeux de la construction de ce réseau ? Pour répondre à ces questions, nous étudierons dans une première partie les réseaux de pouvoir dans le renforcement et la construction universitaire, avant de voir dans une deuxième partie la circulation des hommes et de leurs savoirs ; enfin, la troisième partie portera sur la l'enjeu de la construction d'un réseau universitaire.
Dès leur apparition, les universités durent faire face aux réticences et à l'hostilité des pouvoirs locaux, notamment celles les bourgeois mais aussi des évêques. Les nouvelles institutions reçurent l'aide et le soutien des pouvoirs souverains, qui furent décisifs dans leur développement et leur renforcement. Durant le XIIIe siècle, la papauté aida les universités à échapper au contrôle des autorités locales ecclésiastiques et laïques. Pour ce faire, elle confirma les libertés et franchises et les plaça même sous la juridiction du Saint Siège concernant certaines questions. En 1215 à Paris, le légat du Pape imposa les premiers statuts de l'université, qui furent mal accueillis par l'évêque et le chancelier de Notre-Dame. Grégoire IX en 1231 fit publier la Bulle Parens Scientarium, qui est le fondement canonique de l'autonomie universitaire. Cette Bulle adressée aux maîtres et étudiants parisiens confirmait l'ensemble des libertés et privilèges acquis par l'université de Paris. Le phénomène universitaire présenta à travers l'Europe une forte unité, grâce notamment à l'action de la papauté. Les pouvoirs royaux soutinrent également les universités. Alphonse X de Castille dans ses Siete Partidas, un corpus législatif en sept parties, mit en place une législation scolaire très favorable à l'autonomie universitaire. Ce même roi publia les ordonnances qui transformèrent le Studium Generale Salamanque en université. Le pape Alexandre IV confirma l'université par une bulle en 1255.
Les pouvoirs souverains légiférèrent aussi à propos des universitaires, et leur conférèrent un statut particulier et de nombreux privilèges. A la suite d'une rixe à Paris en 1200 le roi Philippe Auguste plaça les gens d'école sous sa sauvegarde. Désormais, les étudiants relevaient de la justice ecclésiastique et ne pourraient être jetés en prison par des officiers du roi. Ce traitement particulier constitue le privilège du for ecclésiastique, c'est-à-dire que les maîtres et étudiants bénéficient du statut de clerc, ce qui les protégeait notamment du point de vue judiciaire. Certains privilèges étaient de portée locale, ils visaient exempter les universitaires de contraintes qui pesaient sur le reste de la population. Les gens d'école étaient dispensés de service militaire, ils ne payaient pas les aides levées sur les habitants de la ville, ne payaient pas le tonlieu et droit de marché sur les marchandises qu'ils faisaient venir. Les prix des loyers étaient réduits pour les étudiants. La papauté conféra aux universitaires le privilège de pouvoir recevoir des bénéfices ecclésiastiques et jouir de leurs revenus durant cinq ou sept ans sans y résider ni prendre les ordres requis. Ces privilèges furent garantis par la papauté à partir des années 1230 – 1250. Ces arbitrages favorables assurèrent aux universités leur autonomie institutionnelle et des moyens de subsistance pour leurs membres.
Les universités et leurs membres furent ainsi été tolérés et soutenus peu après leur apparition par différents réseaux de pouvoirs laïques et ecclésiastique. Cependant, des pouvoirs n'ont pas seulement soutenu des universités spontanées ils entreprennent également la création de nouvelles universités. Très vite, la papauté, la royauté et l'empire perçurent dans les université un intérêt, celui d'un lieu de formation pour des agents qualifiés qui pourraient servir leur pouvoir. L'université de Naples fut fondée en 1224 à l'initiative de Frédéric II. La création de cette université avait un double enjeu. D'une part, celui de fournir à l'empereur un personnel administratif compétent dont il avait besoin pour gouverner l'Italie de façon moderne. D'autre part, l'espoir d'éclipser l'université de la ville rebelle de Bologne. La création de l'université de Toulouse fut imposée par le traité de Meaux en 1229 sous l'autorité du pape. Le dessein premier de l'université était de combattre l'hérésie cathare, et jouer le rôle d'un « rempart intellectuel de l'orthodoxie » et être un des foyers de la reconquête catholique. Cependant, l'université de Toulouse connut des débuts difficiles. Avant le 14e siècle, seule la faculté de droit parvint à s'implanter et à se développer, car elle réussit à recruter des maîtres locaux. En effet, les papes limitèrent la création de facultés de théologie, voulant préserver le prestige de celle de Paris. Toulouse ne reçut la faculté de théologie qu'en 1362. D'autres universités furent créées par les rois de Castille et de León ; celle de Palencia vers 1210, celle de Salamanque en 1218 et celle de Valladolid avant 1250.
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