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Commentaire d'Histoire Médiévale, l'autobiograhie de Guilbert de Nogent

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Par   •  7 Février 2017  •  Commentaire de texte  •  2 268 Mots (10 Pages)  •  1 991 Vues

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        L’Autobiographie de Guibert de Nogent est un écrit qu’il avait conçu lors des dix dernières années de sa vie (il commence à l’écrire en 1114 et meurt en 1125) dans le but de mieux se connaitre et « de parvenir ainsi plus surement à la sainteté ». Né en 1055, Guibert est un bénédictin élu abbé du monastère de Nogent-sur-Soucy à partir de l’an 1104. Dans le souci d’une écriture évoquant des ressentis personnels, l’Autobiographie de Guibert nous offre des textes assez représentatif de la mentalité du XIIème siècle notamment sur la question des apparitions diaboliques. D’abord à visé personnel, les textes de Guibert de Nogent constitue aujourd’hui une source historique non négligeable pour comprendre les modes de vies occidentales du XIIème siècle et notamment l’essor de la vie monastique.

Dans ce passage, il est question du départ de Bruno, alors écolâtre de l’archevêché Rémois et de la création de l’Ordre des Chartreux par ce dernier autour de l’an 1084. Bruno est né probablement à Cologne en l’an 1030. Ville germanique, c’est à Cologne que fut couronné Henri III, peu avant la naissance de Bruno. Souvent qualifié de « Sainte-Cologne », cette ville connait un essor monastique important sous l’influence de l’archevêque Bruno I. Issu d’une famille aristocrate, Bruno s’instruit dans une des écoles de Cologne avant de terminer son parcours à Paris, Tours puis Reims. Reparti à Cologne pour y être promu Chanoine de Saint-Cunibert, il retourne à Reims en 1056 afin d’y être nommé écolâtre, maitre des écoles de l’archevêché de Reims, il avait alors vingt-six ans.

Ici, Guibert ne compte pas des évènements qu’il aurait vécu car trop jeune mais néanmoins, plaçons le début de son récit autour des années 1060-1080. A ces dates, tant à l’échelle pontificale qu’épiscopale, des querelles d’investitures agitent le monde ecclésiastiques. A Rome, le pape Grégoire VII se fait déposer en 1080 par Henri IV qui assembla des évêques dans le but d’élire un antipape, Clément III qui s’installera en 1084. Cette société en crise poussa nombre d’ecclésiastique à repenser le modèle érémitique qui inspira Bruno dans la création de son Ordre. L’ermitage consiste en la pratique monastique complètement exclu du monde où le moine vit seul. Renouveau d’un idéal monastique d’Orient, peu pratiqué jusqu’alors en occidentaux qui renait peu à peu vers le XIIème siècle.

A cette même date donc, Bruno créa un ordre monastique nouveau, l’Ordre des Chartreux, en référence à l’endroit où il implanta le premier monastère de l’Ordre, futur monastère de la Grande Chartreuse, dans une vallée étroite des monts du Dauphiné. Notons ici, la précision des commentaires de Guibert sur la vie en Chartreuse. En effet, les règles monastiques (ou Coutumes) de l’Ordre des Chartreux ne furent écrite qu’en 1127 par le cinquième prieur de l’Ordre, Guigues.

Cet extrait nous explique donc les raisons du départ de Bruno de Reims accompagné de ses compagnons jusqu’à la ville de Grenoble où l’archevêque Hugues leur trouva un territoire adéquate pour l’application de leur nouvel Ordre monastique. Guibert de Nogent y décrit ici avec précision l’endroit où s’implante Bruno ainsi que le mode de vie des cartusiens, nouvel Ordre aux particularismes nombreux, voué aux volontés de Bruno.

        Si Bruno quitta Reims pour rejoindre Grenoble afin d’y mettre en place la vie qu’il souhaitait alors mené, ce n’est pas uniquement par profonde piété monastique mais aussi et surtout, par rejet et dégout d’un archevêché rémois qui le scandalise et le pousse à s’enfuir.          

Lors des évènements qui agitèrent la cité de Reims au début du XIIème siècle (Crise pontificale à Rome non sans répercutions, renaissance des volontés érémitique dans les monastères et nomination de Menassès), Bruno est « savant dans les arts libéraux et gouvernait de grande écoles » (L2). Il est en effet depuis 1056, nommé écolâtre de Reims, nommé par l’ancien « illustre » archevêque Gervais. Bruno, en ses qualités d’enseignants, mena à bien sa mission d’écolâtre. Il fut l’enseignant notable de bon nombre de personnage illustre des grandes fonctions de l’église. Eudes de Chatillon, futur Urbain II fut notamment un de ses disciples. Bruno parait donc comme un personnage respecté en Gaule, « extrêmement célèbre » (L6)  comme le rapporte Guibert. Il enseigne et rédige l’enseignement épiscopale jusqu’en 1075 et maintient l’école à un haut niveau de culture ce qui fit d’autant plus la renommée de Reims, comme une des grandes cités religieuses et savantes du monde médiéval début du XIIème siècle. Cette notoriété, Bruno la doit surement en partie à Gervais, archevêque de Reims jusqu'à sa mort en 1069, qui le plaça assez tôt en qualité d’écolâtre après avoir été chanoine dans sa ville natale de Cologne.

Au début de son texte, Guibert de Nogent nous fait part de querelles qui agitèrent le monde épiscopal de Reims à la suite de la mort de l’archevêque Gervais et  de la mise en place de l’archevêque Menassès.  Aussi, « Menassès s’empara du gouvernement de ladite cité en usant de simonie » (L4). La simonie consiste en la vente ou l’achat de bien ecclésiastique et au moment où Menassès arrive à la tête de l’archevêché de Reims, c’est-à-dire autour de l’an 1069, la simonie est alors fortement réprimé par l’église, d’autant plus vers les années 1070 où le pape Grégoire VII l’a réprimanda vivement. De plus, la nomination par le roi des Francs Philippe 1er de l’archevêque ne fit que renforçait des clivages entres membres de l’église qui n’acceptaient pas ce principe et donna à l’archevêque Menassès, une image peu recommandable à la « conduite profondément stupide » (L6). Dans la suite de son Autobiographie, Guibert de Nogent insista encore sur la mauvaise foi du personnage de Menassès. Aussi Bruno trouva dans l’infamie du personnage, « l’occasion de sa conversion » (L3). Même si Menassès fut déposé de ses fonctions en 1080, Bruno était alors décidé à se retirer du monde.

Surement la volonté de Bruno de « [fuir] le contact des siens » (L10) fut elle accentué par son passage à Sèche-Fontaine où il rejoignit Robert qui avait créait depuis 1075, le monastère de Molesme et où Bruno mena une vie d’ermite avant de repartir pour Grenoble. Quoi qu’il en soit, accompagné de plusieurs personnages du clergé (six exactement), Bruno s’empresse de regagner la ville de Grenoble où l’archevêque Hugues, lui trouva une vallée propice à l’élaboration de son Ordre.  

        Ce nouvel ordre que voulait mettre en place Bruno est ainsi bien éclairé par la description qu’en fait Guibert de Nogent. Les hypothèses que fait Guibert quant à la vie que mènent désormais les moines cartusiens témoigne de l’isolement et du silence instauré par Bruno, caractéristique notable des moines de Chartreuse.         

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