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Commentaire De Texte : La Bataille De Poitiers Du 19 Septembre 1356 extrait des Chroniques de Jean Froissart

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Par   •  8 Août 2013  •  Commentaire de texte  •  6 580 Mots (27 Pages)  •  1 931 Vues

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« La bataille de Poitiers du 19 septembre 1356 »,

extrait des Chroniques de Jean Froissart.

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« Chapitre XXXVI. Comment le prince de Galles réconforta sagement ses gens, et comment messire Jacques d’Audelée requit au prince qu’il commença la bataille, lequel lui accorda.

[…] Assez tôt après la prise d’Eustache d’Aubrecicourt , se commença le estour [= attaque] de toutes parts ; et jà étoit approchée et commencée la bataille [= corps de troupes] des maréchaux [= officier ayant autorité sur le déroulement d'un combat chevaleresque] et chevauchèrent avant ceux qui devoient rompre la bataille des archers ; et entrèrent tous à cheval au chemin où la grosse haye et épaisse étoit de deux costés. Sitôt que ces gens d’armes furent là embattus, archers commencèrent à traire à exploit, et à mettre main en œuvre à deux côtés de la haye, et à verser chevaux et à enfiler tout dedans de ces longues sajettes barbues. Ces chevaux qui traits étoient et qui les fers de ces longues sajettes sentoient et ressoignoient, ne vouloient avant aller, et se tournoient l’un de travers, l’autre de côté, ou ils chéoient [= tombaient] et trébuchoient dessous leurs maîtres qui ne se pouvoient aider ni relever ; ni oncques la dite bataille des maréchaux ne put approcher la bataille du prince [= Prince de Galles ou Prince Noir]. Il y eut bien aucuns chevaliers et écuyers bien montés, qui par force de chevaux passèrent outre et rompirent la haye, et cuidèrent [= voulurent] approcher la bataille du prince ; mais ils ne purent.

Messire Jacques d’Audelée , en la garde de ses quatre écuyers et l’épée à la main, si comme dessus est dit, étoit au premier front de cette bataille, et trop en sus de tous les autres et là faisoit merveilles d’armes ; et s’en vint par grand’vaillance combattre sous la bannière de monseigneur Arnoul d’Andrehen, maréchal de France, un moult hardi et vaillant chevalier ; et se combattirent grand temps ensemble. Et là fut durement navré [= blessé] le dit messire Arnoul ; car la bataille des maréchaux fut tantôt toute déroutée et déconfite par le trait des archers, si comme ci-dessus est dit, avec l’aide des hommes d’armes qui se boutoient [= donnaient des coups] entre eux quand ils étoient abattus, et les prenoient et occioient [= tuaient] à volonté. Là fut pris messire Arnoul d’Andrehen ; mais ce fut d’autres gens que de messire Jacques d’Audelée, ni des quatre écuyers, qui de-lez lui étoient ; car oncques [= aucun] le dit chevalier ne prit prisonnier la journée, ni entendit à prendre, mais toujours à combattre et à aller avant sur ses ennemis.

Chapitre XXXVII. Comment messire Jean de Clermont, maréchal de France, fut occis ; et comment ceux de la bataille du duc de Normandie s’enfuirent.

D’autre part, messire Jean de Clermont, maréchal de France et moult vaillant et gentil chevalier, se combattoient dessous sa bannière et y fit assez d’armes tant qu’il put durer ; mais il fut abattu, ni oncques puis ne se put relever, ni venir à rançon. Là fut-il mort et occis en servant son seigneur. Et voulurent bien maintenir et dire les aucuns que ce fut pour les paroles qu’il avoit eues la journée devant à messire Jean Chandos . A peine vit oncques homme avenir en peu d’heures si grand meschef sur gens d’armes et bons combattans, que il avint sur la bataille des maréchaux de France ; car ils fondoient l’un sur l’autre et ne pouvoient aller avant. Ceux qui derrière étoient et qui le meschef véoient et qui avant passer ne pouvoient, reculoient et venoient sur la bataille du duc de Normandie qui étoient grand’ et épaisse pardevant : mais tôt fut éclaircie et despaissie par derrière, quand ils entendirent que les mareschaux étoient déconfits ; et montèrent à cheval le plus et s’en partirent ; car il descendit une route d’Anglois d’une montagne [= colline], en costiant [= longeant] les batailles, tous montés à cheval, et grand’foison d’archers aussi devant eux, et s’en vinrent férir sur aile sur la bataille du duc de Normandie. Au voir dire, les archers d’Angleterre portèrent très grand avantage à leurs gens et trop ébahirent les François, car ils traioient [= tiraient] si ouniement [= régulièrement] et si épaissement que les François ne savoient de quel côté entendre qu’ils ne fussent atteints du trait ; et toujours se avançoient les Anglois et petit à petit conquéroient terre. […]

Chapitre XXXVIII. Comment le prince de Galles, quand il vit la bataille du duc de Normandie bransler, commanda à ses gens chevaucher avant.

Quand les gens d’armes virent que cette première bataille étoit déconfite et que la bataille du duc de Normandie branloit et commençoit à ouvrir, si leur vint et recrut force, haleine et courage trop grossement ; et montèrent erraument [= immédiatement] tous à cheval qu’ils avoient ordonnés et pourvus à demeurer de-lez eux. […]

Chapitre XXXIX. Comment le duc de Normandie et ses deux frères se partirent de la bataille ; et comment messire Jean de Landas et messire Thibaut de Vodenay retournèrent à la bataille.

Ainsi que la bataille des maréchaux fut toute perdue et déconfite sans recouvrer [= remédier], et que celle du duc de Normandie se commença à dérompre et à ouvrir, et les plusieurs de ceux qui y étoient et qui par raison combattre se devoient, se prirent à monter à cheval, à fuir et eux sauver, s’avancèrent Anglois qui là étoient tous montés, et s’adressèrent premièrement vers la bataille du duc d’Athènes connétable de France. Là eut grand froissis et grand boutis et maints hommes renversés par terre ; là écrioient les aucuns chevaliers et écuyers de France qui par troupeaux combattoient : Montjoye ! Saint-Denis ! et les Anglois : Saint George ! Guyenne ! Là étoit grandement prouesse remontrée ; car il n’y avoit si petit qui ne vaulsist [= valait] un homme d’armes. Et eurent adonc le prince et ses gens d’encontre la bataille des Allemands du comte de Sarbruche , du comte de Nasço et du comte de Nido et de leurs gens ; mais ils ne durèrent mie et mis en chasse.

Là étoient archers d’Angleterre vites et légers de traire omniement et si épaissement que nul ne se osoit ni pouvoit mettre en leur trait ; si blessèrent et occirent de cette rencontre maints hommes qui ne purent venir à rançon, ni à mercy. […]

Chapitre XL. Comment le roi de France fit toutes ses gens aller à pied, lequel se combattoit très vaillamment comme bon chevalier ; et aussi faisoient ses gens.

[…] Ni on ne peut pas dire ni présumer que le roi de France s’effayât oncques

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