Super Speculam
Mémoires Gratuits : Super Speculam. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 31 Octobre 2014 • 2 767 Mots (12 Pages) • 2 389 Vues
Commentaire de texte : décrétale super speculam
La décrétale « super speculam » a été prise par le pape Honorius III le 16 novembre 1219. Elle intervient au milieu d’un contexte historique particulier qu’il convient de décrire afin de comprendre toute l’importance de ce texte dans l’Histoire. Le droit romain n’a pas complètement disparu en Occident depuis la disparition de l’Empire romain en 476. On le connaît à travers le Bréviaire d’Alaric et le Code théodosien. Ces traces du droit romain ne sont pas pratiquées ou elles le sont mal, car ce droit est mal compris. Les compilations de Justinien sont découvertes au 11ème siècle en Italie, ce qui provoque une expansion de celui-ci. Les commentaires des glossateurs de l’Ecole de Bologne se réalisent. Le droit romain commence à être enseigné dans le Nord dans les universités. C’est un droit savant et étranger. Il fait rapidement l’objet d’un enseignement de la part de l’Ecole des glossateurs à Bologne. L’Objectif de cette décrétale est d’interdire l’enseignement et l’apprentissage du droit romain (ius civile) à Paris et dans les régions voisines du nord de la Loire. La décrétale « super speculam » est à l’origine du déplacement de l’enseignement du droit romain plus au Sud à l’école d’Orléans. Les commentateurs de cette école succèdent à l’école de Bologne des glossateurs. Ainsi, il faudra se demander quel est l’objet de l’un des texte les plus célèbres de l’histoire du droit français ? Pourquoi cette décision du pape a été prise, dans quels buts, que et qui vise t-elle en particulier ? Pour quelles raisons ? Quelles sont les sanctions au non respect d’une décision pontificale ? Pour tenter de répondre à ces multiples interrogations il faudra démontrer que c’est par une incitation à l’étude de la théologie (I) qu’il y a une interdiction de l’étude du droit romain (II).
De l’incitation à l’étude de la théologie
C’est pour protéger l’enseignement de la théologie, dont Paris est devenue la capitale européenne, que le pape a été conduit à légiférer. Il a voulu préserver cette discipline de la concurrence du droit civil vers lequel les étudiants se tournaient dans des proportions de plus en plus grandes. C’est pour cela que dans cette lettre pontificale on peut relever la primauté affirmée par le pape de l’étude de la théologie face aux lois séculières (A). Si ce principe n’est pas respecté, malgré l’autorité morale de cette décision, des sanctions viendrons confirmer la désobéissance (B).
La primauté de la théologie face aux lois séculières
La primauté de l’étude de la théologie est affirmée d’emblée juste par la décision prise qui a pour objectif l’interdiction de l’enseignement et de l’étude du droit civil.
Dès les premières phrases de la lettre on peut relever L.3 « Salut et bénédiction apostolique… » l’adjectif apostolique signifie qui vient des apôtres. Cet adjectif n’est pas employé indifféremment. Il est présent pour marquer le caractère universel de la foi chrétienne face au droit romain. La foi chrétienne doit se propager par son enseignement dans les universités où elle a sa place traditionnelle L.18 « observez avec grande diligence ces prescriptions et faites les observer avec soin ». C’est à dire que Paris est une des villes universitaires la plus importante à l’époque, mais coexistent des universités qui enseignent la théologie et d’autres le droit romain. C’est pour cela que plus loin dans le texte est employé un adjectif qui s’oppose L.4 « lois séculières » . L’adjectif séculier veut dire dans sa première acceptation qui appartient au domaine laïc etnonàl‘Eglise. C’est une discréditation expressément faite du droit romain. Le droit romain est inférieur selon le pape au droit canonique enseigné par la théologie. La théologie quant à elle mérite toute les attentions car elle reçoit L.3 « salut et bénédiction ».
Tout ces critiques s’expliquent parce que, depuis près d’un siècle, l’engouement pour le droit civil était tel qu’il menaçait de tarir le recrutement des écoles de théologie et donc leur crédibilité. Il n’y a rien d’étonnant à ce que le pape intervienne pour protéger ce recrutement à Paris, en écartant la concurrence dangereuse du droit. Le pape voit bien que le droit civil est une réel menace pour « la ressource » de ses universités. Au surplus, ce n’était pas la première fois que la papauté prenait une semblable mesure : on en trouve toute une série depuis le début du XIIème siècle.
L’autorité morale et la sanction
Cette décision contient un caractère solennel. Celui-ci peut être déjà remarqué par la définition propre du mot décrétale : c’est une décision faite à l’initiative du pape. Le pape est le chef de l’Eglise catholique, son pouvoir et son autorité est grande. L’Eglise a elle-même énormément d’influence durant cette période de l’Histoire. L’auteur est le pape Honorius III (1216-1227), nous avons peu d’information sur sa vie mais il est désigné par l’expression L.1 « serviteur des serviteurs de Dieu », c’est un titre honorifique des papes. C’est une décision qu’il faut impérativement respecter du fait que c’est une décrétale (caractère impératif) et de surplus d’offenser cette décision serait directement faire offense à Dieu puisque le pape en est son serviteur, donc son messager sur terre. L.3 nous avons aussi l’expression « Salut et bénédiction apostolique… » apostolique est un adjectif qui veut dire aussi envoyé de Dieu sur terre, cela donne un caractère officiel de l’étude de la théologie qui raconte des choses véritables, provenant directement de Dieu. Cette décrétale s’adresse directement à tous les enseignants et élèves qui sont dans « le droit chemin » L.1 « à ses chers fils » pour ne pas qu’ils changent de position et qu’ils ne soient pas tentés de partir vers d’autres horizons « séculiers ». Ils sont sur la bonne voie , et ils ont choisi la bonne direction selon le pape contrairement aux autres L.17 « vous, cependant, mes frères et mes fils ». On peut relever un caractère menaçant au non respect de cette décision pontificale parce que les mots employés sont pesants dans leur forme L.13 « quelqu’un ose enseigner le droit civil ou en suivre les leçons. Que celui qui contreviendra à cette interdiction ». Alors, on remarque que « la Sainte Eglise » à une autorité morale considérable qui l’autorise et lui donne le droit de sanctionner l’irrespect
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