Rome et la guerre de 218 à 126 av. J.C.
Dissertation : Rome et la guerre de 218 à 126 av. J.C.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar gigapelleteuse • 13 Novembre 2016 • Dissertation • 4 788 Mots (20 Pages) • 1 211 Vues
ROME ET LA GUERRE (218-126)
Lorsque l’on cherche à faire de l’histoire ancienne, les sources se limitent souvent aux sources textuelles -qui représentent alors le seul fondement de la connaissance historique ou presque- dans la mesure où l’écart temporel très important fournit un stock très limité d’entre elles. Dans ce sens, au IIe siècle av. J.-C, l’œuvre de l’historien d’origine grecque Polybe est une source majeure de l’histoire romaine du milieu du IIIe siècle au milieu du IIe av. J.-C. Originaire d’Arcadie, il écrit au moment où le monde Grec tombe sous l’influence romaine. C’est ainsi qu’il est capturé et envoyé à Rome. S’étant rapproché de généraux romains tels que Paul Emile ou encore Scipion Emilien, Polybe ressent le désir d’écrire l’histoire de Rome telle qu’elle le fascine alors, et a pour ambition de raconter « comment et par quel mode de gouvernement presque tout le monde habité, conquis en moins de 53 ans, est passé sous une seule autorité, celle de Rome ». Mais ce qu’il est intéressant de constater, c’est que cette supériorité de Rome que Polybe cherche à expliquer, est intrinsèquement liée à un élément majeur de la culture et de la puissance romaine : la guerre. La guerre se définit comme un état de conflit armé entre plusieurs groupes politiques constitués, désignés alors comme ennemis interagissant à la société.
La supériorité romaine passe donc nécessairement par les conquêtes, comme nous le montre Polybe dans ses Histoires. Cependant, cette insatiable volonté de puissance peut porter préjudice à Rome, comme le prouve la deuxième guerre punique ; c’est pourquoi notre analyse débutera en -218. Après la première guerre punique, Carthage éprouve en effet une certaine rancœur envers Rome, qui impose à l’ex-puissance phénicienne une pax romana jugée trop dure pour Carthage, si bien que le général carthaginois Hamilcar fait prêter un serment à son fils Hannibal selon lequel les Carthaginois ne doivent jamais être amis avec les romains. Notre réflexion aboutira alors sur l’avènement de la conquête du monde grec et de l’Est en général par Rome suite au triomphe du proconsul Manius Aquilius après sa victoire sur Aristonicos en Asie en 126 av. J.-C.
Ainsi, s’interroger sur les relations entre Rome et la guerre entre 218 et 126 av. J.-C., revient à se poser la question suivante : En quoi la guerre est-elle le fondement de l’expansion Romaine, de la fin du IIIe à la fin du IIe siècle ? Pour ce faire, nous étudierons pour commencer quelques principes généraux concernant la guerre à Rome. Puis nous nous pencherons sur le cas de la deuxième guerre punique afin de remettre en cause la puissance militaire romaine, avant de voir la conquête de l’Est par Rome comme l’avènement de l’impérialisme romain.
Pour bien comprendre les relations existantes entre Rome et la guerre, il faut tout d’abord comprendre l’organisation même de la guerre, c’est à dire, d’un point de vue géographique, les endroits où celle ci peut ou ne peut pas prendre place, l’organisation de l’armée romaine ainsi la stratégie guerrière romaine. Nous verrons ces trois aspects de la guerre à Rome dans l’ordre ici présenté.
Lorsque l’on s’interroge sur le lien entre Rome et la guerre, il est à noter que l’aménagement urbain de la ville de Rome même est très important. Les délimitations de la ville auraient été héritées de la fondation même de Rome, c’est à dire que Romulus aurait délimité le Roma Quadrata sur le mont Palatin. Cette délimitation primitive aurait laissé place à un espace sacré : le pomerium. En 753 av. J.-C. en effet, il effectue cette opération de fondation en tant que rex (roi), étymologiquement « tireur de trait », c’est à dire en tant que celui qui donne une limite à la ville. Mais ce qu’il est intéressant de prendre en compte, ce n’est pas seulement la portée géographique de cette première délimitation, qui devient alors la limite qui sépare le territoire antique de Rome (ager romanus) et la ville (urbs) ; c’est aussi et surtout sa portée symbolique. En effet, le pomerium est un espace sacré qui a des enjeux à la fois religieux, juridiques et militaires. Il est absolument interdit, à titre d’exemple, d’y enterrer des morts, d’y entrer si nous ne sommes pas un ambassadeur allié de Rome, et surtout d’y mener des interventions militaires. Cela expliquerait par exemple le fait que le champ de Mars (dieu de la guerre), soit exclu du pomerium. Aussi faut-il noter que la guerre en tant que telle n’a pas sa place dans l’enceinte de la ville de Rome. Pourtant, si l’on reste sur la question des origines, l’hypothèse de l’historien français du XXe siècle Dumézil est intéressante, dans la mesure où elle présente la fondation de Rome comme reposant sur trois piliers, alors propres à chaque société indo-européenne selon lui : le sacré et la souveraineté, la production et la fertilité, et puis la guerre. Dans ce sens selon lui, Romulus aurait été divinisé à sa mort et serait alors devenu Quirinus uniquement pour répondre à ce schéma ternaire de la fondation de Rome, du point de vue des Dieux : Jupiter pour la souveraineté, Quirinus pour la production et Mars pour la guerre. La guerre est donc un élément intrinsèque de la culture romaine, elle est présente dans les mœurs depuis la fondation de la cité, et bien qu’exclue de celle-ci d’un point de vue géographique, nous ne pouvons nier qu’elle est un élément à part entière de la culture romaine.
Mais si la guerre existe, et qu’elle peut être menée par Rome, c’est bien au moyen d’une armée, dont nous allons désormais étudier l’organisation. Il est important de considérer le fait que les principes que nous allons évoquer sont généraux, certains aspects de l’armée romaine évoluent selon l’époque, l’ennemi contre lequel le combat est mené, etc.. Il est à noter pour commencer, que l’armée romaine est une armée nationale reposant sur la conscription, c’est-à-dire que tous les romains sont susceptibles d’être appelés à combattre : le service militaire est une obligation du citoyen à Rome. Un citoyen qui refuserait d’être enrôlé pourrait perdre sa citoyenneté voire être vendu comme esclave, seule l’invalidité ou l’appel aux tribuns de la Plèbe peut aider à échapper au recrutement. Tous les ans, Rome lève une armée même si elle n’est pas en guerre, le dilectus. Cette armée est levée par le Sénat, mais gérée par les consuls, qui décident alors des convocations. Le commandement de cette armée est ainsi réservé aux magistrats à l’imperium (consuls, ou prêteurs en cas de besoin). Une fois convoqué, le soldat prête un serment qui le lie à l’armée et lui donne le droit de tuer. L’armée romaine est divisée en quatre légions (deux par consul) de 4 500 hommes chacune, chaque légion est divisée en trente manipules et chaque manipule est divisé en deux centuries. Sur le champ de bataille, la légion romaine s’organise en lignes. La première ligne de 1 200 hommes, appelée ligne des Vélites, est constituée de fantassins légèrement armés (elle est généralement constituée des romains les plus pauvres qui n’ont pas les moyens de financer un équipement de qualité). Les lignes suivantes sont dites « manipulaires ». Au nombre de trois, elles sont organisées des romains les plus jeunes aux romains les plus âgés. La première ligne manipulaire est constituée de hastati ; au nombre de 1 200, ils sont les plus jeunes et sont équipés de javelots. La seconde ligne manipulaire regroupe les principes, 1200 hommes d’une trentaine d’année également équipés de javelots. La dernière ligne manipulaire quant à elle, est constitués d’hommes plus âgés, entre 40 et 50 ans ; ils sont moins nombreux (600 hommes seulement) et n’ont pas de javelot mais une lance d’arrêt, ce sont les triariu. Enfin, la cavalerie (constituée de 300 hommes) se place sur les côtés. Cette dernière est souvent constituée des citoyens les plus riches. Par ailleurs, en plus d’être commandée par des magistrats à l’impérium, l’armée est dirigée par des officier supérieurs (préfets ou tribuns dits « militaires »), et des officiers secondaires (centurions et optiones). L’encadrement est un atout majeur de l’armée romaine, car la discipline y règne et qu’il est ainsi très difficile de pénétrer ses lignes.
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