Les Villes Islamiques Au Moyen-Age

Introduction :

La tradition arabe urbaine est fondée sur le trafic caravanier. La péninsule Arabique est un milieu homogène, dominé par les déserts, couvrant près de trois millions de kilomètres carrés et peuplée majoritairement par une société bédouine fondée sur la tribu. Le Yémen est bordé par l’océan Indien et connait donc l’influence de la mousson qui permet des cultures (l’Arabie heureuse). Dans l’Arabie du nord et du centre, le milieu est beaucoup plus aride : ce qui peut fixer une vie sédentaire ce sont les oasis, le contrôle des oasis par une tribu est vital. Certaines de ces oasis ont donné naissance à de véritables villes avec le commerce comme activité principale. Des échanges se sont développés avec l’Asie et le Proche Orient, l’essentiel des échanges se font le long des routes caravanières (Syrie-Irak). L’une de ces principales routes caravanières au temps du Prophète est sur le long de l’Hidjâz, on y trouve notamment la Mecque et Yathrib. Ce sont des villes qui existent depuis dix ou vingt générations au temps du Prophète. A l’intérieur de la ville chaque tribu occupe un espace déterminé et chaque clan un quartier. Dans ces villes on trouve une aristocratie dont le prestige repose sur la richesse acquise grâce au commerce. En outre, certaines de ces villes et la Mecque en premier lieu bénéficient aussi du rayonnement du pèlerinage et certains de ces clans tiennent aussi du fait qu’ils captent des bénéfices obtenus des pèlerinages. D’un point de vue économique les sédentaires et les nomades sont complémentaires.

Après l’Hégire (622), et l’installation de l’umma à Yathrib, Muhammad veut exercer un pouvoir spirituel et politique sur la ville. A partir de là, Yathrib devient Madinat al-Nabi (la ville du prophète). Muhammad instaure un ordre moral conforme à sa religion, c’est de là que vont naitre les principes urbains dictés par la nouvelle religion. En effet, la Shari’a définit avec précision la vie sociale et familiale dont découle l’habitation (propriété individuelle) qui appartient à une collectivité (la cité).

A la mort de Muhammad, les califes qui lui succèdent, les râshidûn (632-661), entreprennent des conquêtes territoriales dans le but d’islamiser et d’unifier des tribus bédouines. Gérer un territoire de plus en plus vaste est de plus en plus compliqué, une organisation des territoires conquis est donc nécessaire. Chaque province possède sa capitale et est dirigée par des gouverneurs (wâlî). Des camps militaires se mettent en place et appellent à la fondation de nouvelles villes. La fin des Conquêtes menées par les califes omeyyades (661-750)

La ville islamique (al-madîna) ou le « lieu de juridiction » est le terme arabe que l’on traduit aujourd’hui par « ville » et qui présente ce sens dans la langue courante actuelle, mais qui s’accompagnait à l’origine de connotations plus complexes. Les acceptions de la racine arabe originelle, celles que l’on retrouve dans le terme *din, permettent surtout de définir avec précision la fonction socioreligieuse qui était la fonction essentielle reconnue à toute ville musulmane ayant eu pour modèle la madîna de Muhammad ou future localité de Médine.

En quoi la ville islamique du VIIe au XIe siècle résulte-t-elle d’un souci de prestige, d’une nécessité de contrôle des conquêtes et d’un besoin de vie en communauté traduit par la religion ?

I. La ville islamique du VIIe siècle au VIIIe siècle, des villes camps aux villes omeyyades (632-750)

A. La fondation des premières villes suite aux Grandes Conquêtes

- Deux catégories de villes se distinguent avec l’expansion de l’Islam des râshidûn : les villes neuves et les villes conquises adoptées par les vainqueurs.

- Des fondations sont commandées par des besoins stratégiques et plus précisément par la nécessité de faire hiverner les troupes dans un lieu sur. Ces camps deviendront Bassorah et Koufa sur l’Euphrate en 638 ainsi qu’Al-Fustat en 641.

- Les vieilles villes récupérées sont par exemple Damas ou Alep qui présentent les avantages du site et des réserves de matériaux de production. Ces villes gardent leur plan hellénistique.

B. L’organisation urbaine

- Les enceintes jouent un double rôle : elles assurent la sécurité et l’unité de la communauté, la création d’une ville c’est l’affirmation du pouvoir et le rassemblement

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