La citoyenneté gréco-romaine
Dissertation : La citoyenneté gréco-romaine. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Guillaume Bocquet • 13 Novembre 2018 • Dissertation • 2 730 Mots (11 Pages) • 811 Vues
Noé Kinderstuth et Guillaume Bocquet Dissertation pour le 24.09.18
Sujet : La « citoyenneté gréco-romaine »
Nos sociétés occidentales sont aujourd’hui confrontées à de nouvelles problématiques identitaires, celle-ci sont notamment liés à l’augmentation des flux migratoires des pays du sud vers l’Europe. Il résulte de ce phénomène la formation de sociétés multiculturelles, générant certains mécontentements, venant d’une frange ultra conservatrice et réactionnaire de la population. Celle-ci croit en la thèse du Grand Remplacement défendue à l’extrême droite par certains théoriciens comme Renaud Camus. Ce dernier soulève des problèmes sociétaux liés à l’octroi de la citoyenneté et l’intégration de ces populations, entrainant à terme les pays dits d’accueils comme l’Europe vers un déclin irrémédiable et un affaiblissement de la culture dite traditionnelle et des « français de souche » qui sont décrits comme blancs et chrétiens. Les Grecs et notamment les athéniens dont nous effectuerons une étude plus approfondie, étaient eux-aussi intéressait question de la « pureté » du statut de citoyen. Nous étudierons donc la citoyenneté gréco-romaine. De nos jours, ce terme est sujet à diverses interprétations. En effet, dans nos sociétés modernes, la citoyenneté est définie comme un lien de rattachement entre un individu et une organisation politique. Ce lien confère à cet individu une existence politique, traduite par une personnalité juridique, en vertu de laquelle il bénéficie de droits et de devoirs. Aristote déjà, dans son ouvrage Politique, au IVème siècle avant notre ère (a.n.e), en avait donné une définition similaire. Cependant, la citoyenneté est de nos jours est également assimilée à un sentiment d’appartenance, à une histoire commune - par exemple le Roman national à partir de 1870 en France - autour duquel les individus ont la possibilité de s’identifier et ainsi de s’unir. Dans la Grèce Antique, lors de l’Age Classique entre le VIème et le IVème siècle a.n.e la citoyenneté est la clé de voûte du fonctionnement de la Cité-Etat. Aristote définissait ce concept comme « une communauté dans laquelle il y a une participation commune des citoyens à un système de gouvernement. ». Les Romains, eux, se sont inspiré de ce système développé par les grecs dès la création de la « respublica », la République Romaine, en 509 a.n.e. Ce fonctionnement a perduré tout au long de la période impériale, tout en continuant d’évoluer, de se moderniser. Ces deux civilisations antiques ont marqué l’histoire, tant par leur capacité à diffuser leur culture, leur modèle, dans le temps et dans l’espace, que par leur vaste expansion territoriale et ce surtout pour les romains. Athènes et Rome se caractérisent en partie par ce que le théoricien américain Joseph Nye, désignera plus tard sous le nom de Soft Power, c’est-à-dire la capacité à influer sur les autres civilisations, à imposer sa puissance et son mode de vie sans avoir à faire usage d’une quelconque force militaire. Il s’agira ici de se demander dans quelle mesure peut-on affirmer que la citoyenneté dans la Grèce antique à l’époque de l’âge classique et dans le monde romain à partir de la création de la république a constitué un vecteur de puissance ? Dans un premier temps, nous nous intéresserons à la capacité de ces civilisations à dominer un territoire (I), avant d’évoquer leur influence culturelle respective (II).
I. Une Domination territoriale :
Le statut de citoyen dans ces deux civilisations antiques s’est affirmé comme un outil de domination territoriale. Que ce soit dans le but de conserver, à l’échelle locale, un contrôle total sur le territoire, ou alors a contrario d’assouvir à un élargissement de ce territoire, la citoyenneté s’est révélée être un parfait instrument.
A. Le rôle du statut de citoyen dans la construction de la cité :
A Athènes, entre le VIème et le IVème siècle a.n.e, le système de Cité-Etat était à son apogée. Le monde grec, ne formant pas un Etat unitaire, était alors réparti sur toute la péninsule, s’étendant à l’Ouest vers la Sicile, et à l’est vers les Balkans. Ce territoire, tellement vaste, posait de nombreux soucis ; la communication entre les cités était mauvaise, et ces mêmes cités étaient proies d’invasions ennemis. Chaque cité devait alors se protéger par elle-même. Dès lors, les Cité-Etat, souhaitant conserver leur indépendance régionale, usèrent du statut de citoyen, pour en obtenir un instrument défensif, en revendiquant la pureté de ce statut. Selon Aristote, ne pouvait être à Athènes citoyen que le garçon qui est né de deux parents citoyens, dans le cadre d’un mariage légitime. La citoyenneté constituait un statut exclusif, souvent réservé aux familles des fondateurs de Cités. De plus, Aristote ajoute une condition dans sa définition du statut de citoyen ; pour être citoyen, il faut participer à la vie publique et politique de la Cité. Par le biais de ce système, les grecs s’assuraient qu’aucun étranger n’ait la possibilité d’exercer les hautes fonctions décisionnelles. La « pureté » du sang grec est conservé, il n’y a donc pas de réelles possibilités de métissage culturel, phénomène craint par les grecs. Ce contrôle très strict de la citoyenneté est symbolique de la puissance des Cités-Etats parce que pour les grecs antiques c’est dans un petit nombre de citoyens qui se reproduisant entre eux résidaient leur puissance, la permanence et l’immortalité de la cité comme nous le reverrons dans la seconde partie. Il n’est pas interdit de nuancer ces propos et de penser qu’au contraire ces innombrables contrôles sont le signe d’une peur de l’étranger et d’une relative.
Bien qu’avec une notion de la citoyenneté moins exclusive que chez les Grecs, les Romains, eux, avaient également pour objectif de préserver la pureté du sang de leur citoyen, et utilisaient aussi ce procédé comme instrument défensif, pour assouvir une domination territoriale sur les terres déjà annexées. En effet, pour être citoyen romain, il suffisait de naître d’un père citoyen romain. De plus, le droit romain admettait le mariage avec les étrangers. Sur la période républicaine romaine, à partir de 509 av n.e, mais également à partir de -27, quand Rome devient un empire sous le gouvernement d’Octave Auguste, la citoyenneté avait toute son importance. De fait, elle offrait le droit civil romain, ensemble de lois qui permettaient à ceux qui l’obtenaient de disposer d’une personnalité juridique à part entière. Il assurait donc une protection juridique des citoyens de la « civitas », qui signifie Cité, emprunté au grec ; possibilité de se défendre en tribunaux, de mener un procès. Ce droit était cependant exclusif aux citoyens ; il permettait aux possesseurs de ce statut d’obtenir un avantage conséquent sur les étrangers ; les Romains s’assuraient donc un total contrôle des territoires déjà conquis, les individus extérieurs au système ne pouvant donc pas s’immiscer dans ce fonctionnement. A Rome comme dans la Grèce antique les cités pouvaient se passer d’une défense intérieure forte, tant le statut de citoyen unissait la population.
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