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La cité de Rome

Fiche : La cité de Rome. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  7 Octobre 2022  •  Fiche  •  3 884 Mots (16 Pages)  •  387 Vues

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 OE1 : Vivre dans la cité

La parole politique à Rome

Le thème de la parole politique suscite d’emblée méfiance et défiance : lorsque la parole est politique, elle semble volontiers menteuse, hypocrite, on ne peut pas s’y fier. Pourtant l’histoire de cette parole politique est ponctuée de grands discours mémorables qui ont fait l’histoire, et parfois, ils montrent que la parole est acte. Cette parole politique, elle prend naissance dans l’antiquité, grecque d’abord, romaine ensuite. Elle ne vient pas seule. Elle s’accompagne, en Grèce comme dans la République romaine 3 ou 4 siècles plus tard, d’une réflexion sur la valeur, la force et les techniques de cette parole.  Nous allons nous intéresser à la parole politique à Rome, spécialement au premier siècle avant J.-C. Pourquoi cette époque en particulier ? Parce que la cité est encore en République, que le débat politique, même violent, peut y exister, parce que c’est le siècle de Cicéron, comparé par l’historienne Claudia Moatti au XVIIIème siècle en France, un siècle de réflexion, d’idées politiques, un siècle où les mots pèsent lourd et font sens. Pour comprendre comment et où s’exerce la parole politique, il faut d’abord comprendre comment s’organise la vie politique dans cette république qui n’est pas une démocratie.

1) L’organisation de la vie politique

a) Constitution et répartition des pouvoirs

A nos yeux de « citoyens du monde contemporain », le mot de République est avant tout significatif de liberté, d’égalité, et ressemble de près pour nous à un synonyme de « démocratie ». Ne nous y trompons pas ! Dans l’Antiquité romaine, il faut partir de son sens littéral de « chose publique ». Il désigne, de façon assez large : le domaine public, les affaires publiques, l’Etat ; mais aussi la forme de gouvernement qui se met en place à partir de -509 av. J.C. et qui s’oppose à la monarchie. Selon Cicéron, qui défend dans le De Republica l’excellence de ce règne, il est « mixtum et temperatum », c’est à dire «  mélangé » et «  réglé, maîtrisé » : il associe plusieurs formes de pouvoir, mais forme un ensemble cohérent et maîtrisé. Pour l’historien grec Polybe,il mélange plusieurs formes de pouvoirs : monarchique, aristocratique, démocratique, tout en faisant en sorte qu’ils se modèrent les uns les autres et qu’un équilibre soit préservé. Aujourd’hui nous disons que cette République est oligarchique, parce qu’une élite concentre malgré tout l’essentiel du pouvoir . Mais il ne faut pas oublier que cette oligarchie fait une place au peuple.

Concrètement, l’organisation du pouvoir s’appuie sur trois pôles : le Sénat, les assemblées du peuple, et les magistrats.

        Les insignes de l’armée romaine portaient la mention SPQR : Senatus Populusque Romanus : le Sénat représente aussi bien l’assemblée du même nom que l’ordre sénatorial, c’est à dire la noblesse, associée au fil du temps avec l’ordre équestre (on dit aussi les chevaliers). Le « Populus », c’est le peuple, mais pas tout le peuple : celui des citoyens, c’est à dire tout homme né à Rome, de naissance libre (donc, pas les étrangers , ni les femmes, ni les esclaves. Cependant, on peut offrir la citoyenneté romaine, par exemple un fils d’affranchi devient citoyen). Ils se distinguent socialement par leurs trois noms : praenomen – nomen -  cognomen. Ex : Marcus Tullius Cicero, Caïus Iulius Caesar….

Ils sont rattachés à une tribu, qui est le cadre de l’activité citoyenne de Rome (il y a 35 tribus pour toute la ville). Entre le Vème et le IVème siècle, les citoyens sont entre 103000 et 165000. Entre le IIIème et le IIème siècle, entre 214000 et 394000. A la fin du 1er siècle av. JC, environ 900000.

        La comparaison est assez parlante, si l’on songe que la digne assemblée du Sénat compte environ 300 membres. L’assemblée était très ancienne. Selon Cicéron, elle aurait été créée par Romulus et aurait constitué à l’époque royale une sorte de conseil des chefs des plus grandes familles destiné à aider le roi. Sous la République, la liste des sénateurs est révisée tous les cinq ans par des magistrats, les censeurs : ils remplacent les morts, et excluent éventuellement les sénateurs dont la conduite fait scandale (malversations, histoires de mœurs). Seuls peuvent prétendre entrer au sénat les membres des familles sénatoriales ayant accompli une magistrature du rang de « questure » (voir + bas le cursus honorum) ; autrement dit, des hommes d’âge mûr, ayant fait leurs preuves dans les campagnes militaires et dans l’exercice d’au moins deux magistratures. Ils sont appelés les « Patres conscripti », les Pères conscrits, et sont consacrés comme gardiens de la tradition, le « mos majorum ». Leur vêtement, le laticlave, tunique à large bande pourpre verticale, les distingue comme l’élite de la société.

b)  Le fonctionnement de la vie politique

 Les assemblées du peuple ou comices        : Elle représentent le pôle « démocratique » de la République  romaine.

- les comices centuriates :  « le peuple en armes », d’après la division du peuple selon le cens (193 centuries) et donc aussi selon l’organisation militaire, ne peut (pour cette raison) se réunir à l’intérieur de la ville : l’assemblée siège donc sur le Champ de Mars. Elle est chargée tous les ans d’élire les plus hauts magistrats (consuls, prêteurs, et une partie des édiles). Elle peut aussi voter des lois, sous la houlette du consul. L’organisation du vote peut paraître peu démocratique : ce sont les centuries de 1ère classe – les plus riches – qui votent en 1er. Dès que la majorité est acquise, on arrête le vote. Ainsi, il est rarissime que les plus pauvres votent.

- les comices tributes :  fondées sur l’organisation de la population romaine en tribus. Au départ, seule la Plèbe y siège, mais petit à petit les nobles (appelés aussi Patriciens) y viennent, conscients de leur importance politique. Les assemblées sont présidées et convoquées par les tribuns de la Plèbe (voir ci-dessous). Elles élisent les édiles « curules » et les « questeurs », et votent aussi des textes de lois appelés plébiscites. Elles se réunissent au forum et votent sur le champ de Mars

- les comices curiates : sont chargées d’investir de leur pouvoir (=imperium) les
magistrats élus. Peuvent aussi exercer des compétences en droit privé (valider des testaments).

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