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Histoire Auguste, Vie d'Hadrien, III-IV

Commentaire de texte : Histoire Auguste, Vie d'Hadrien, III-IV. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Mars 2021  •  Commentaire de texte  •  3 866 Mots (16 Pages)  •  397 Vues

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Suis-je libre de penser ce que je veux ?

Depuis 2010, les contestations et révolutions du « printemps arabe » ont montré de façon spectaculaire que même

sous les régimes politiques les plus durs, ayant écrasé leurs opposants de façon systématique en réduisant à néant les

libertés publiques (droit de se réunir, de manifester, de s'exprimer, etc...), un peuple pouvait conserver la faculté de se

révolter et de renverser les tyrans qui le dominent. Mais où ces peuples ont-t-il pu trouver le moyen de retrouver leur

liberté politique, s'il ne leur restait plus aucune liberté publique pour se mobiliser ? Comment peut-on parvenir à faire de

la politique si tous les droits qui permettent d'en faire sont détruits ? C'est que même enfermé, même enchaîné, l'être

humain semble toujours conserver sa capacité à former des idées, à construire des raisonnements, à prendre du recul par

rapport à sa situation pour l'analyser, autrement dit sa capacité à penser. Il semble bien, en effet, qu'aucune limite ne

puisse être posée à la capacité qu'a l'homme de conduire son esprit par lui-même, autrement dit sa liberté de penser.

En effet la pensée, ce « dialogue intérieure de l'âme avec elle-même » (Platon, Le Sophiste) accompagne l'être

humain dès qu'il est conscient, et ne semble pouvoir être définitivement arrêtée que par la mort (à supposer toutefois que

nous n'ayons pas d'âme immortelle). Située dans notre intériorité, la pensée semble hors de portée de toute action

extérieure, et voilà pourquoi les régimes politiques tyranniques trouvent dans la pensée le dernier refuge de la résistance

qu'ils ne parviennent jamais à éliminer complètement. Ainsi la pensée semble être la dimension de la vie humaine où se

découvre avec la plus grande évidence notre liberté, c'est-à-dire notre capacité à être maîtres de nous-mêmes, à nous

diriger sans subir la contrainte de forces qui nous sont extérieures. Si nous nous sentons en permanence limités dans nos

actes par les contraintes matérielles que nous impose le monde ou par les contraintes sociales que nous imposent la

coexistence avec les autres, nous nous sentons toujours libres de penser comme nous l'entendons.

Ainsi, la question « suis-je libre de penser ce que je veux? » peut sembler étrange car elle présuppose apparemment

qu'il existe des limites à cette liberté qui nous semble être la seule à ne pas en connaître. Y aurait-il parfois une illusion

dans le sentiment de liberté inviolable qui accompagne l'activité de la pensée ? Y a-t-il des limites invisibles que rencontre

notre pensée sans que nous le sachions ? Ou bien la question signifie-t-elle que cette liberté spontanément illimitée

devrait recevoir des limites ? S'interroger sur les limites de la liberté de penser peut en effet avoir deux significations :

soit on s'interroge sur les limites de fait (quelles sont les limites de la liberté de penser ?) soit on s'interroge sur les limites

de droit (quelles doivent être les limites de la liberté de penser ?). Ce deuxième aspect peut sembler absurde, tant nous

sommes accoutumés à l'idée suivant laquelle on ne devrait limiter la liberté que lorsqu'elle nuit à autrui : or la pensée

semble être la seule activité humaine qui puisse être conduite sans jamais nuire à autrui. Mais comme nos pensées, nos

représentation sont à l'origine de nos actes, ne peut-on pas croire que la limitation des mauvaises pensées serait une

manière d'attaquer les mauvaises actions à leur source ? Les pires atrocités commises par des hommes ont été conçues et

pensées avant d'être réalisées : sans la croyance des colons belges en l'existence des races Hutu et Tutsi, sans le racisme

anti-Tutsi qui en a résulté, sans la patiente réflexion des militaires sur les moyens de perpétrer un massacre de masse de

façon économique, il n'y aurait pu y avoir de génocide au Rwanda en 1994. Alors ne faudrait-il pas imposer des limites à

la liberté de penser ? Ne faudrait-il pas interdire les « mauvaises pensées » ?

Toutefois cette question suppose que la liberté de penser est bien réelle, que notre sensation de liberté infinie dans

la pensée n'est pas une illusion. Or on peut douter de la valeur de cette sensation, car il semble assez évident que nous ne

sommes pas les seuls créateurs de notre pensée, dans la mesure où les idées qui peuplent notre esprit ont pour la plupart

leur origine hors de notre esprit, dans la société à laquelle nous appartenons, ou même dans un lointain passé (certains

hommes ont des idées sur les rapports entre hommes et femmes qui semblent trouver leur origine au néolithique...). Or, si

nos pensées viennent des autres, pouvons-nous en être les maîtres ? La question est alors de savoir si nos pensées sont

libres ou si elles obéissent à des causes que nous ne contrôlons pas, comme le mécanisme de la vie sociale, ou encore le

fonctionnement même de notre cerveau. Sous notre sensation de pensée libre, ne peut-on pas découvrir que nos pensées

sont aussi inévitables que les mouvements des planètes ? Toutefois, affirmer la nécessité de notre pensée, est-ce forcément

nier sa possible liberté ? Ne peut-on

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