Agésilas, roi de Sparte (436-3601)
Dissertation : Agésilas, roi de Sparte (436-3601). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Frédéric Audegond • 29 Janvier 2023 • Dissertation • 4 047 Mots (17 Pages) • 328 Vues
Mirabelle Audegond / L2 Histoire
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Agésilas, roi de Sparte (436-360[1])
Il est pratique, dans la recherche d’un fil conducteur de l’histoire complexe de la Grèce classique lors de la première partie du IVe siècle, d’utiliser la figure du roi de Sparte Agésilas II (444-360). En effet, ce dernier accède au trône en 398, prenant la succession de son frère Agis II. En effet, en tant que cadet de famille, Agésilas n’aurait pas dû régner ; il a d’ailleurs suivi l’agogé et a manifestement combattu pendant la guerre du Péloponnèse. Cependant il bénéficie à la mort de son frère des soupçons d’illégitimité portés sur l’héritier d’Agis II, Leotychidas, fils naturel probable d’Alcibiade. Agésilas entre ainsi tardivement dans l’Histoire, obtenant le trône eurypontide devant l’assemblée des spartiates âgé d’environ déjà 46 ans et pour un règne de 38 ans jusqu’à sa mort en 360, âgé d’environ 84 ans.
C’est donc la période stricte du long règne d’Agésilas (398-360) qu’il convient ici d’analyser, quant à l’importance de sa gouvernance sur le monde grec. Ce qui pose d’emblée la difficulté des sources historiques, dont peut se dégager les prémices d’un mythe élaboré. Se pose ainsi la problématique de l’objectivité de Xénophon, grand admirateur d’Agésilas tout au long de ses Helléniques. Source essentielle en dépit d’un évident soutien à la réputation de son ami Agésilas et de Sparte, Xénophon rejette les critiques à l’égard du roi de Sparte et son œuvre doit être appréhendée avec un fort sens critique. Il n’en est pas de même pour l’historien anonyme des papyrus d’Oxyrhynque[2] dans une présentation des événements beaucoup moins favorable à Agésilas et Sparte. La Bibliothèque universelle de Diodore de Sicile[3] et les Helléniques de Théopompe[4] complètent ces deux sources, et permettent d’illustrer dans quelle mesure les informations sur Agésilas contenues dans les Vies parallèles restent de l’ordre d’une reconstruction idéologique.
Le règne d’Agésilas apparaît singulier. En effet, en accédant au pouvoir en 398, il hérite de l’hegemon de Sparte sur la Grèce suite à sa victoire totale sur Athènes acquise en 404, certes avec l’aide financière perse. Sparte peut alors jouer un rôle de premier plan sur le monde hellénique, la mer Égée et l’Asie mineure. Or, Xénophon termine son histoire en 362 sur la triste note d’une « confusion et d’une incertitude encore plus grande » pour Sparte désormais éclipsée militairement et reléguée au statut d’une puissance provinciale repliée dans la plaine de Laconie où elle passera le reste son histoire à lutter pour récupérer son domaine ancestral de Messénie,
Les raisons de ce déclin de Sparte pendant le règne d’Agésilas sont d'un intérêt passionnant et d'une importance capitale pour l'histoire de la Grèce, et il est difficile de résister à la tentation de relier ce déclin à la politique d'Agésilas, dont le règne coïncide pratiquement avec la période en question, présidant à la fois à la plus grande période impérialiste de Sparte et à son éclipse.
Est il ainsi possible, d’un point de vue historique, d’attribuer la chute de la puissance spartiate en Grèce au roi Agésilas II ? Ou bien d’autres facteurs ont-ils contribué à l’échec de Sparte ?
Dans un premier temps, il faut revenir sur la nature et les problèmes systématiques de la politique intérieure de Sparte, entre autres la question de l’oliganthropie spartiate, un problème qui a pris naissance à l’âge archaïque et qui s’est révélé pleinement sous le règne d’Agésilas. Après avoir brièvement analysé les causes de cette oliganthropie, il sera possible d’évaluer dans quel mesure Agésilas s’est adapté ou a su répondre à cette situation démographique et politique complexe.
Dans un deuxième temps, il faut se pencher sur la politique extérieure d’Agésilas jusque la Paix du Roi en 386, avec ses campagnes en Asie Mineure (396-394) et pendant la Guerre de Corinthe (395-387).
Enfin, dans un troisième temps, il sera nécessaire de détailler le long déclin de la puissance spartiate à l’œuvre sous le règne d’Agésilas, consécutivement à ses campagnes béotiennes, aux désastres de Leuctres (371) et Mantinée (362), aux fins d’appréhender le cas échéant comment elles ont contribué à la détérioration définitive de l’État spartiate à la mort d’Agésilas.
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1 - La politique intérieure de Sparte sous le règne d’Agésilas
1.1 – Agésilas et la maîtrise de l’éphorat
1.2 – L’oliganthropie spartiate : une combinaison de facteurs
1.3 – La question des hilotes et des périèques
2 – La politique extérieure de Sparte sous le règne d’Agésilas : un ubris spartiate ?
2.1 – La campagne en Asie Mineure d’Agésilas (396-394)
2.2 – La guerre de Corinthe et la Paix du Roi (395-387)
2.3 – Un impérialisme à tout-va (387-376)
3 – La route vers Leuctres (371) et le déclassement de Sparte (376-360)
3.1 – Des tentatives politiques d’Agésilas ?
3.2 – Une défaite inimaginable
3.3 – Fin de règne d’Agésilas
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Il est utile d’aborder ce tableau du rôle d’Agésilas sur l’histoire de Sparte en revenant au préalable sur sa maîtrise des institutions et de la société spartiate par ce dernier et sous le règne. En effet, Agésilas a réussi à évincer l’héritier présumé de son frère Agis II (Leotychidas) pour prendre le trône eurypontide en 398, ce qui dénote une grande maturité politique (tout au moins des intrigues de la Cour) permise par l’âge, et aussi une parfaite connaissance et une habileté d’Agésilas dans ses relations avec les institutions spartiates. Dès le début de son règne, en maîtrisant aussi la tentative de conspiration de Cinadon en 396 visant à éliminer les Homoioi spartiates, Agésilas a aussi probablement acquis un statut de sauveur des institutions spartiates.
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