Religion et société aux Etats-Unis depuis les années 1890
Compte Rendu : Religion et société aux Etats-Unis depuis les années 1890. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar laura9350 • 24 Janvier 2013 • 2 786 Mots (12 Pages) • 2 260 Vues
Religion et société aux Etats-Unis depuis les années 1890
La Constitution américaine affirme la laïcité, c’est-à-dire la neutralité de l’Etat par rapport aux Eglises. Pourtant, lors de son entrée en fonction, chaque nouveau Président de la République prête serment sur la Bible. Ce paradoxe montre que le rapport entre religion et société n’est pas le même qu’en France, par exemple. Les années 1890 se caractérisent par un afflux massif d’immigrants aux USA, avec d’autres confessions que celle des premiers colons, d’où certaines tensions et une complexification de la question religieuse. Quelles sont les spécificités des Etats-Unis sur le plan religieux ? D’une part ils se caractérisent par une grande diversité religieuse qui reflète les vagues successives d’immigration. D’autre part la religion conserve aux Etats-Unis une place plus importante que dans d’autres démocraties occidentales, aussi bien dans la vie des citoyens que dans la vie politique.
I) Les USA, un pays marqué par la diversité religieuse
1) Le protestantisme domine...
Le protestantisme, qui est la religion de 53 % des Américains, désigne un ensemble de confessions chrétiennes apparues en Europe au XVIe siècle et qui ont en commun de rejeter certains aspects de la religion catholique : refus de l’autorité du pape et du rôle d’intermédiaire entre Dieu et les hommes joué par le clergé ; insistance sur la dimension personnelle de la pratique religieuse, fondée sur la lecture de la Bible… Les trois principales religions protestantes en Europe sont le luthéranisme, le calvinisme et l’anglicanisme, mais la diversité du protestantisme est encore plus grande aux Etats-Unis.
Les premiers colons, les Pilgrim Fathers arrivés en 1620, avaient choisi de s’installer en Amérique pour fuir les persécutions religieuses qu’ils subissaient en Angleterre : ils étaient puritains, c’est-à-dire qu’ils voulaient, à l’image des calvinistes, « purifier » l’Eglise de toute trace de catholicisme alors que l’Eglise anglicane, religion officielle de l’Angleterre, en conservait certains rites. Mais si les puritains voulaient créer en Amérique une cité chrétienne modèle, ils étaient aussi très attachés à la liberté religieuse, ce qui explique l’extrême diversité du protestantisme américain : Schéma : « Les principaux courants protestants aux Etats-Unis et leurs origines » (Tableau principes de vie mormons)
Ces grands courants se divisent eux-mêmes en plusieurs dénominations, c’est-à-dire en différents groupes d’Eglises. Ainsi, on peut distinguer dans chaque courant protestant deux dénominations principales : les mainline churches fidèles à la pratique traditionnelle et les dénominations évangéliques qui insistent sur une vie chrétienne plus pure ; elles sont le résultat de « réveils », c’est-à-dire de mouvements de réforme survenus depuis le XVIIIe siècle lors desquels des prédicateurs parcourent le pays pour « réveiller la foi » des fidèles, les inciter à être des « born again » (« nouveaux convertis »). Une troisième dénomination correspond aux Eglises noires ou Eglises afroaméricaines, résultat de la ségrégation raciale instaurée officiellement en 1896 dans certains Etats du Sud. Indépendantes des Eglises blanches, elles ont contribué à la naissance d’une identité afro-américaine et leurs pasteurs ont joué un rôle décisif dans le combat des Noirs pour l’égalité des droits, à l’image du asteur baptiste Martin Luther King dont l’action a permis aux Noirs d’obtenir en 1965 la fin de la ségrégation et le droit de vote dans les Etats américains où ils en étaient encore privés.
2) Mais la diversité religieuse s'accroît depuis la fin du XIXe siècle...
Sur les 34 millions d’Européens qui s’installent aux Etats-Unis au XIXe siècle, beaucoup ne sont pas protestants mais catholiques. Il s’agit en premier lieu des Irlandais, dont l’immigration culmine au moment de la famine en Irlande vers 1850, puis des Italiens de la fin du XIXe au milieu du XXe siècle. Depuis les années 1960, le nombre de catholiques a doublé avec l’immigration venue d’Asie (Philippins) et surtout d’Amérique latine et des Caraïbes (latinos). A la différence des protestants, l’Eglise catholique forme une seule dénomination, la première des USA en 2012 avec 60 millions de membres soit le quart de la population.
Les Etats-Unis regroupent aussi la première communauté juive du monde (1,7 % population américaine), avec 6 millions de membres (dont près de 2 millions à New York), soit plus que la population juive d’Israël. Elle s’explique par l’installation de 250 000 immigrés allemands entre 1840 et 1880, puis de 2 millions de juifs fuyant la misère et les persécutions en Russie et en Pologne entre 1880 et 1914. Le judaïsme aux USA se divise en trois courants depuis la fin du XIXe siècle : le judaïsme réformiste qui prend ses distances avec les traditions (notamment avec les interdits alimentaires) pour s’adapter à la société américaine moderne ; le judaïsme conservateur qui souhaite au contraire préserver la tradition religieuse ; le judaïsme orthodoxe qui observe les rites à la lettre.
Les Etats-Unis accueillent enfin de nombreuses autres communautés religieuses. Certaines sont présentes depuis longtemps, comme le christianisme orthodoxe lié à l’immigration russe à la fin du XIXe siècle ; d’autres sont liées à l’immigration asiatique qui s’est développée depuis les années 1960, comme les bouddhistes, les hindouistes et surtout les musulmans, originaires d’Indonésie, du Pakistan et du Moyen-Orient. L’islam ne représente que 0,6 % de la population américaine mais c’est la religion qui enregistre la plus forte progression. En effet, l’islamséduit une partie des Afro-Américains dont les ancêtres musulmans avaient été contraints de se convertir au christianisme. Ils y voient une façon de retrouver leurs racines et une forme d’émancipation par rapport à la culture chrétienne des anciens esclavagistes : c’est le sens du mouvement Black Muslims fondé en 1930 et dont le plus célèbre leader fut Malcolm X.
3) En suscitant des tensions
L’arrivée des catholiques irlandais puis italiens ainsi que des juifs d’Europe centrale au XIXe siècle provoque l’inquiétude des nativistes. Le nativisme est une idéologie qui prétend défendre face à l’immigration l’identité des Native Americans (« Américains de souche »), c’est-à-dire les WASP (White Anglo
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