Les délimitations de l'Europe

Intro

Le terme de l'Europe est une idée très ancienne, un objet géographique flou dont ses limites varient sensiblement selon les auteurs. Pour certains, elle tient ses origines d'Hésiode qui, au VIIIème siècle avant J-C, la présente comme une des trois milles océanides, nymphes marines nées d'Océan et de Téthys, habitant dans les eaux des lacs. Pour d'autres, l'Europe tient ses origines de l'Antiquité, elle est baptisée du nom de l'une des filles d'un roi légendaire de Phénicie, Agénor, aimée et enlevée par Zeus.  L’Église reprend ensuite cette conception antique de la division du monde et les planisphères du Moyen-Age, représentant l'Europe par un disque plat, ou le bloc continental est entouré d'un océan disparaissant à la circonférence du disque. Vaste péninsule, elle est à l'extrémité occidentale du bloc eurasiatique, ou ses altitudes sont globalement modestes, la plus faible de tout les continents avec l'Océanie.

Selon l'écrivain et philosophe français Paul Valery, l'Europe serait une région du monde qui aurait subi une triple influence, notamment l'héllisme (philosophie, république, démocrate et technique). Ainsi que la romanité et le christianisme.

D'autres auteurs utilisent le mot « Europe » pour désigner l'ensemble de la péninsule rattachée à l'Asie. Hérodote en fixera même la limite orientale au niveau du fleuve Tanais (le Don). Pour les Grecs, l'Europe est une notion moins importante que le monde hellénique car elle se déploie sur des espaces occupés par les peuples considérés comme barbares au-delà des limites du monde grec.

C'est une représentation que l'on retrouve aussi chez les romains. Strabon (65 – 25 av JC), reconnaît que les Romains ne tiennent qu'une partie de l'Europe, celle située au sud du Danube et à l'ouest du Rhin. La conception géographique s'étend donc vers les terres inconnues situées plus au nord et à l'est, régions ou ils ne pourront s'installer durablement.

Par la suite, l'Empire romain d'Occident s’effondrera au Vème siècle après J-C et est remplacé par des royaumes dits « barbares ». Le mot Europe disparaît presque, mais l'idée reste. Sous l'action de l'Eglise, on voit se développer une « civilisation européenne », fondée sous trois piliers : le christianisme, la féodalité et l'idée d'empire. L'idée d'Europe va peu à peu se confondre avec l'idée de christianitas. L'Eglise de Rome en est le principal vecteur.

Mais c'est bien la conquête arabe qui a fait resurgir le mot en lui donnant un sens politique. Peu après, en 769, Isidore désigna l'armée de Charles Martel comme l'armée des européens. L'état carolingien joue un rôle considérable dans ce début de prise de conscience en travaillant à l'unification de l'Europe. Charlemagne était ainsi appelé « père de l'Europe » en 799. Une sorte de coincidence s'opère entre la notion d'Europe et celle de Rome Nouvelle, avec l'idée que l'Empire d'Occident est enfin reconstitué.

Plus tard, suite à la disparition de l'Empire carolingien, les mots Europe et Occident connaissent une éclipse jusqu'au XIVème siècle, ils sont remplacés par le mot Christianitas qui envoie lui aussi au vieux rêve de l'unité européenne, portée par deux forces opposées, l'empire germanique et la papauté.

Entre temps, la reconquête de la péninsule ibérique par les chrétien aura contribué à construire et diffuser le sentiment d'une identité européenne placée en opposition avec le monde arabo musulman.

Ensuite, le rôle essentiel du rapport à l'altérité dans la formation de l'identité européenne se confirme à partir du Xve siècle. Grâce à certains progrès techniques, les principautés et les marchands européens se lancent dans les grandes découvertes. Cette révolution se traduit par un brutal élargissement de l'horizon intellectuel des habitants de cette partie du monde et par la confrontation avec des mondes jusque là ignorés.

Par la suite, Montesquieu fait dresser des cartes qui montrent une Europe qui s'étend jusqu'à la Volga. Enfin, entre la fin du XVIIème siècle et le début du XIXème siècle, l'idée d'Europe s'est définitivement imposée au sein des élites intellectuelles et poilitiques, et dans une part notable de la population.

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