Composition : Socialisme et communisme en Allemagne de 1918 à 1990
Commentaire d'oeuvre : Composition : Socialisme et communisme en Allemagne de 1918 à 1990. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar laura.z • 5 Novembre 2014 • Commentaire d'oeuvre • 1 510 Mots (7 Pages) • 919 Vues
Composition : Socialisme et communisme en Allemagne de 1918 à 1990.
L'Allemagne est le premier pays européen à avoir vu se développer un mouvement social puissant, politiquement structuré et efficace tant sur le plan électoral que sur le plan syndical. Mais c'est aussi l'un des premiers pays à avoir réprimé le socialisme. La force du courant socialiste n'a pas été en mesure d'empêcher la prise du pouvoir par les nazis en 1933, et on peut même se demander s'il ne l'a pas favorisé par les divisions et le jusqu'au-boutisme de certains de ses membres.
Nous serons amenés à nous intéresser à l'ensemble du mouvement social allemand entre 1875 et 1933, c'est-à-dire aux différents partis politiques socialistes et communistes, dont les idéologies, très proches, ne se distinguent clairement qu'au fil du temps, mais aussi aux syndicats qui, dans les entreprises, contribuent à la diffusion de ces idées, et à l'obtention d'améliorations sociales concrètes. La séquence chronologique de notre étude s'étend de la fondation du premier grand Parti socialiste allemand, le SAP, en 1875, et s'achève avec la prise du pouvoir par les nazis en 1933. Autrement dit, il s'agira de retracer l'itinéraire du point de vue socialiste qui conduit de l'espoir (1875) à la catastrophe (1933). Comment expliquer que la précocité et la force du mouvement social allemand n'aient pas pu empêcher le triomphe nazi ?
Pour tenter de trouver une solution à ce problème, nous retracerons en trois périodes les évolutions du mouvement social allemand. On verra d'abord ses premiers pas et les réticences qu'il suscite. Puis, nous montrerons dans un deuxième temps comment la révolution russe de 1917 a accru ses divisions. Enfin, on observera la manière dont l'ascension du parti nazi l'a placé dans une situation compliquée qui l'a conduit à une impasse.
I.La naissance du mouvement social allemand (1875-1917)
1 La naissance du SAP
L'Allemagne est le premier pays européen à se doter d'un grand parti socialiste unifié. Il existait certes, comme ailleurs depuis le début du XIXe siècle, de nombreux groupuscules se réclamant du socialisme, mais aucun n'atteignait l'envergure suffisante pour influer en profondeur sur le cours des choses. C'est chose faite en Allemagne avec la naissance en 1875, à l'occasion du congrès de Gotha, du Parti socialiste des ouvriers allemands (SAP). Ce parti résulte de la fusion de deux groupements plus anciens : l'Union générale allemande des travailleurs (ADAV, créée par Ferdinand Lassalle en 1863) et le Parti social-démocrate des travailleurs d'Allemagne (SDAP, créé par August Bebel et Wilhelm Liebknecht en 1869). Le SAP se réclame du marxisme et prétend construire une société allemande plus juste en préparant le terrain à une nécessaire révolution. Il participe cependant à la vie électorale et obtient bientôt des sièges de députés. Ceux-ci contribuent à inscrire dans une logique de réforme (par la voie parlementaire légale) un parti qui prône officiellement la révolution (par l'action violente).
2 Une répression précoce
Très tôt, le mouvement socialiste inquiète les autorités allemandes. Dans un contexte de vives tensions géopolitiques avec la France, le chancelier Bismarck voit d'un mauvais œil ces agitateurs susceptibles d'introduire troubles et divisions dans le pays. Afin de contrer leur influence, il fait adopter en 1878 une loi antisocialiste qui interdit notamment les manifestations. Il ne va pas cependant jusqu'à interdire le parti socialiste lui-même et les syndicats qui lui sont liés, car sa stratégie est de les rendre plus modérés, en les poussant à s'inscrire davantage dans le jeu parlementaire. Se voyant interdire la rue, le parti socialiste sera contraint, selon lui, de reporter ses forces dans l'activité parlementaire.
3 Des premiers succès
Bismarck ne se contente pas de réprimer le Parti socialiste. Il a conscience que le meilleur moyen de l'affaiblir est encore de saper sa légitimité en lui coupant l'herbe sous le pied.
C'est ainsi que le chancelier, après avoir édicté une loi antisocialiste, se trouve être à l'origine, dans les années 1880, du vote de plusieurs lois sociales allant dans le sens des revendications socialistes. Une première ébauche d'État-providence voit le jour avec la mise en place d'un système de retraite et d'assurance maladie. Loin de faire reculer le poids électoral du parti socialiste, ces mesures aboutissent au contraire à renforcer sa légitimité et à rassurer sur la viabilité de son programme. Ses succès électoraux vont croissant, surtout à partir de 1891.
C'est en effet à cette date qu'est créé, à l'occasion du congrès d'Erfurt, le Parti social-démocrate allemand (SPD) qui fait clairement le choix du réformisme et renonce donc à la révolution, ce qui lui assure le soutien de toute une frange de la population jusqu'alors repoussée par la radicalité du projet révolutionnaire défendu par le SAP. Symbole de la « normalisation » du
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