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Edouard MANET, Le déjeuner sur l’herbe, 1863, peinture à l’huile sur toile, 207x265cm, Paris, Musée d’Orsay

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Par   •  4 Avril 2023  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 845 Mots (12 Pages)  •  314 Vues

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Pasquier Ugo

Histoire de l’art du XIXe siècle

Edouard MANET, Le déjeuner sur l’herbe, 1863, peinture à l’huile sur toile, 207x265cm, Paris, Musée d’Orsay

                 Le 15 mai 1863, sous l’impulsion de l’Empereur Napoléon III, débute la première édition du Salon des refusés au palais des Champs-Elysées. Cette structure, visant à pallier l’ostracisme subit par certains artistes, s’étant vu refuser l’entrée du Salon officiel régit par les codes de l’Académie des beaux-arts, allait devenir l’occasion pour un des exposants de marquer son empreinte dans l’histoire de l’art du XIXe siècle. Ce peintre c’est Edouard Manet, alors âgé de 31 ans, qui après avoir essuyé les refus du Salon officiel, présente au sein de cette nouvelle structure Le déjeuner sur l’herbe, Une peinture en huile sur toile de 207 centimètres de hauteur sur 265 centimètres de longueur. Cette œuvre, présente un déjeuner en plein air dans un cadre pastoral. On y voit trois personnages réunis autour d’un déjeuner au centre de la composition. De son nom original, Le bain, l’œuvre présente également une femme en arrière-plan se baignant dans une mare. Au premier plan, dans la partie inférieure gauche du tableau, on peut apercevoir une brioche posée à même le sol, accompagnée d’une corbeille de fruits renversée éparpillant ça et là plusieurs fruits tels que des cerises et des poires. Ces restes d’un repas sont accompagnés d’habits féminins de couleur bleue, disposés autour des la corbeille de fruits. Parmi les trois personnages figurant au centre de la composition figure une femme dévêtue, à la carnation très claire, voire jaunâtre, qui par une pose particulière ; assise la main posée sous le menton, et le visage tourné face à la composition, semble fixer le spectateur. Les deux autres personnages figurant au premier plan sont des hommes également assis sur l’herbe, et vêtus d’habits de ville. Celui situé en face de la femme porte une redingote noire et est munit d’une canne, tandis que l’homme situé à ses côtés porte un habit marron. L’arrière-plan permet d’apercevoir une femme vêtue d’une robe, qui associée à l’humidité de la source d’eau laisse entrevoir à travers sa transparence des pans de chair. Le dos courbé, la main droite partiellement immergée dans la source, elle semble se baigner. Bien que figurant à l’arrière-plan de la composition, elle possède la même taille que les autres personnages au sein de la composition. Autour des ces personnages figure un paysage pastoral mettant en scène plusieurs éléments, tels qu’une barque à droite de la baigneuse, une grenouille à l’extrémité inférieure gauche du tableau, ou encore un bouvreuil dans la partie centrale droite du tableau.   Lors de son exposition, cette œuvre devient l’attraction principale du Salon des refusés, attisant les moqueries du public et des critiques d’art de l’époque. Il sera reproché à Manet son style en rupture avec les canons de l’Académie et le caractère lubrique induit par des éléments plus ou moins explicites au sein de la composition. Raillé par certains, il est cependant pour d’autres, tels que l’écrivain Emile Zola, le « peintre de la vie moderne, c'est-à-dire le peintre qui a compris l'art contemporain. ». Ce n’est pas pour autant que Manet s’affranchit de l’héritage de ses prédécesseurs. Ce dernier, en tira certaines inspirations l’ayant guidé dans l’élaboration du Déjeuner sur l’herbe. Le déjeuner sur l’herbe d’Edouard Manet est le confluent d’une tension entre tradition et modernité qu’il convient de confronter afin de comprendre l’ampleur de cette œuvre sur l’art au XIXe siècle et en particulier dans son apport au courant pré-impressionniste.

De ce fait, nous dresserons un commentaire de cette œuvre sur la base de la problématique suivante :    Comment Le déjeuner sur l’herbe de Manet, à travers un croisement entre tradition et modernité, s’est-il établi comme un précurseur de l’impressionnisme au XIXe siècle ?  

Cette problématisation de l’œuvre permettra de mettre en lumière, sa volonté de conserver un lien avec la tradition, cependant, nous verrons que la modernité reflétée par Le déjeuner sur l’herbe de Manet est instigatrice d’une rupture dans la conception de l’art pictural, posant dès lors la question de son appartenance au différents courants artistiques de son temps.

  1. Une œuvre picturale montrant une volonté de s’inscrire dans une continuité avec la tradition.

  1. Une iconographie en lien avec la Renaissance

    Manet est conscient de l’impact de ses prédécesseurs sur l’art. Ayant passé de longs moments à reproduire des œuvres lors de ses visites au Louvre, il possède une certaine sensibilité pour ces œuvres du passé, et notamment celles liées à la Renaissance italienne. De ce fait, lors des travaux préparatoires à la création du Déjeuner sur l’herbe, il va puiser son inspiration chez deux peintres de cette période : Raphaël et Titien. Pour le premier, Il s’inspire d’une de ses gravures, réalisée vers 1514-1518, intitulée Le jugement de Pâris, à laquelle il emprunte la composition figurant en bas à droite de l’œuvre. Dans cette gravure, deux dieux des rivières, ainsi qu’une nymphe sont disposés dans la même configuration que le tableau de Manet. La nymphe, la main droite appuyée sur le menton a le regard projeté sur le spectateur, tandis que les deux dieux semblent indifférents à la présence du spectateur. La canne présente dans la main d’un des personnages est ici remplacée par un bouquet de jonc. Le thème pastoral, couplé à la composition trouve également son sens dans l’autre source d’inspiration de l’auteur :  Le Concert Pastoral de Titien, peint en 1509, et actuellement conservé au Musée du Louvre à Paris. Dans cette œuvre on retrouve le thème du bain Avec la femme au premier plan munie d’un vase permettant de puiser l’eau de la fontaine tandis que les trois autres personnages à ses côtés nous rappellent, par leur position ainsi que leur posture  au sein de la composition les trois autres modèles de l’œuvre de Manet. Enfin, le décor, s’étendant à l’horizon, rappelle le paysage pastoral présent dans le déjeuner sur l’herbe de Manet. Ainsi, l’artiste s’inspire d’œuvres datant de la Renaissance italienne afin de créer la base de la composition de son œuvre, à travers, le paysage, la composition des tableaux, ainsi que la représentation des personnages, démontrant la volonté d’implémenter cette iconographie en lien avec la Renaissance au sein de son œuvre.

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