Shoulder arms de Chaplin
Commentaire d'oeuvre : Shoulder arms de Chaplin. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Romain Deweerdt • 6 Octobre 2023 • Commentaire d'oeuvre • 3 403 Mots (14 Pages) • 149 Vues
B - Le rêve pour peindre la réalité : le lieu en constant déplacement.
La thématique du rêve est souvent présente dans le cinéma de Chaplin, monde onirique il revêt l’espace d’un instant un univers idéal, un changement d’époque. C’est un moyen cinématographique qui permet à Charlot de fuir la réalité. Dans Shoulder Arms, c’est l’inverse, Chaplin utilise non plus le rêve comme échappatoire mais permet à son protagoniste d’aller vers la réalité, d’offrir à son protagoniste un plongeon réaliste de la vie dans les tranchées. Ainsi la vie difficile menée par les soldats, dans la boue et l’eau, loin de leur proches, les nuits sans sommeil dans l’attente de l’assaut, l’intime proximité de la faucheuse sont ainsi intégré dans le rêve du soldat.
L’utilisation de cet espace onirique, utilisé par Chaplin comme un « twist » final à son film permet une réalisation faite de déplacement constant des lieux et des choses. Ce monde creux révèle des image emprunte de réalisme troublé par les geste décalé qui provoque le rire.
Ce film est pour ainsi dire un récit dans le récit, la narration se creuse et montre un mondes d’espaces vides, remplie d’horreur et de vie, les tranchées, les maison en ruine, la campagne.
La véritable action se déroule alors dans le camp d’entrainement américain ou Charlot fait ses classes dans les premières minutes du film jusqu’à ce qu’il aille se coucher dans sa tente et quelques secondes à la fin du film au moment où il se réveil. L’Ambiguïté entre rêve et réalité est maintenu par les diverse transition qui parcoure et rythme le récit. Ainsi, après que le jeune soldat s’endorme en Amérique un carton indique « over there ».
Simple indication de lieu, la sobriété de ce « là-bas » trompe le spectateur et lui fait penser à une éclipse, retrouvant son héros quelques mois plus tard sur le front, lui offre la possibilité de construire ainsi son propre scénario entre les deux plans.
Le spectateur a laissé le soldat endormi sur sa couchette et le trouve plongé, un instant plus tard dans le réalisme fangeux des tranchés en France. Ce que le spectateur ne voit pas, du moins pas avant les dernière seconde du film c’est que Charlot n’a pas quitté sa couchette et que ce qui se déroule alors sous ses yeux est un espace onirique représentant la guerre. Il le voit d’autant moins, et c’est là tout le talent de Chaplin, les images sont tout sauf onirique, représentation de la guerre en creux de l’imaginaire du spectateur, utilisant des images fictive inspirée d’images réelles. Le fil de l’ambiguïté se poursuit ainsi, l’espace réel des tranchées et du front titille l’imagination du spectateur grâce à des panneaux indicateur dans les tranchées « Broadway » et « Rotten Row » qui déplace ainsi, par le biais de l’imaginaire des tranchées a la ville. Cette utilisation du double lieux au même endroit est renforcée par la technique du dédoublement et permet à notre héros de rêver avec nostalgie de New-York et de la chaleur d’un comptoir de bar.
C’est l’utilisation du rêve dans le rêve, à la fois la tristesse du lieux et de l’espace de la guerre et la nostalgie du lieu d’où vient le soldat. Le lieu se déplace pour raconter la guerre, il n’est pas là pour permettre de fuir la réalité mais offre la peinture de la réalité des tranchées, faites de nostalgie du chez soi. C’est une boucle qui s’opère, c’est depuis l’Amérique que Charlot se retrouve plongé dans la guerre et depuis les tranchées qu’il revient, en imagination dans l’Amérique et l’Angleterre de ses origines
L’écriture en ellipse parcoure le film, la scène ou Charlot, oubliant la solitude de ne pas avoir reçu de courrier lit la lettre de son camarade par-dessus son épaule. Le texte est invisible au spectateur mais semble s’ancrer dans le réel car elle se transpose sur le visage de Charlot. Charlot ainsi ne cesse de faire entrer le texte dans son film, appuyant le dédoublement de signes symboliques, les lieux présenté sur les panneaux, la lettre lu à travers lui, la scène de la rencontre avec la jeune femme, qui soignant sa main, semble prolonger le tableau de famille derrière elle, imaginaire de la vierge et l’enfant.
Aussi cette écriture onirique est celle d’un monde en creux, caractéristique de la Grande guerre, les tranchées, cratère dobus, sensation de vide ressenti par le soldat. Dans le film de Chaplin l’espace creux de la tranché se remplit d’eau, menaçante, engloutissant les soldats. Mais chez Chaplin il se rempli aussi du détournement des objets et de gestes décalé qui introduise l’humour, construire le rire en important par la même la satire.
C - Le comique de l'absurde pour décrire l'absurdité de la guerre
Traiter aussi tôt de la guerre de manière comique inquiète l’entourage de Chaplin et son ami Cecil B. DeMille (réalisateur des 10 commandement) lui exprime le coté dangereux de se moquer de la guerre. Chaplin s’en agace et à « l’intuition que la comédie peut s’appuyer sur des événements tragiques à condition de ne pas en atténuer la gravité ».
Ainsi le rire n’est pas là pour cacher ou faire oublier les horreurs, non plus pour les accepter mais bel et bien pour en montrer l’absurdité. Shoulder Arms est ainsi fait de décalages burlesque sans cesse présent à l’écran et c’est avec ce biais qu’il introduit l’humour au cœur de la tragédie pour construire une satire par le rire.
La scène de la tranché inondé représente les conditions de vie précaire des soldats sur le front. Elle nous montre le camarade de Charlot disparaitre petit à petit sous les flot dans un sommeil paisible. Charlot y introduit de l’humour, un crapaud est tranquillement posé sur le pied du soldat endormi, le cornet du phonographe est transformé en tuba. Les objet permette ainsi à Chaplin de détourner la tragédie en absurde. L’utilisation du masque à gaz lui permet de se protéger de l’odeur d’un camembert, lui-même jeté dans les ligne ennemie avec le geste du soldat lançant une grenade. L’utilisation terrorisante des gaz est ainsi mise en scène par le rire et le jeu autour des objets lourds de sens tragique.
Le détournement des objet est un moyen de mettre de la vie dans les artefact de mort, le soldat repousse la guerre par le travail des mains. C’est ce que font des millier de soldat qui réalisent de beaux objets d’art, gravé et leurs insuffle l’amour et la vie.
Le lien de l’absurde et de l’objet se trouve ainsi confondu quand Charlot pour ouvrir une bouteille ou allumer une cigarette les tend aux tirs ennemie. Il réadapte l’objet de guerre au geste de vie, analogie de la vie dans les tranchées retranscrite ici par le mime. Ainsi le soldat réutilise la guerre, il semble indifférent au danger et vit simplement en utilisant pour vivre une guerre qui lui confisque sa vie.
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