La préservation de la paix avec les congrès de Vienne et de Paris

Le début du XIXe siècle est marqué par une profonde instabilité en Europe, notamment à la suite des guerres napoléoniennes. Face aux bouleversements politiques et territoriaux engendrés par ces guerres, les grandes puissances cherchent à rétablir la paix et la stabilité sur le continent. Le Congrès de Vienne (1814-1815) constitue un moment décisif, posant les bases d’un nouvel ordre européen fondé sur l’équilibre des puissances et la restauration des monarchies.

Quarante ans plus tard, le Congrès de Paris (1856) se réunit à l’issue de la guerre de Crimée, dans un contexte où l’ordre issu de Vienne a été partiellement fragilisé par les révolutions de 1830 et 1848, ainsi que par les ambitions impériales. Les deux congrès ont pour objectif de préserver la paix, mais face à des défis différents, ils adoptent des stratégies distinctes pour contenir les aspirations nationales et éviter les conflits.

Problématique : Comment les Congrès de Vienne et de Paris ont-ils tenté de faire et de maintenir la paix en Europe tout en réprimant les aspirations nationales et libérales, et quels liens peut-on établir entre leurs approches ?

I. Le Congrès de Vienne (1814-1815) : restaurer la paix par la légitimité monarchique et l’équilibre des puissances

Le Congrès de Vienne se réunit après l’abdication de Napoléon afin de réorganiser l’Europe. Son objectif principal est de restaurer l’ordre monarchique et de garantir une paix durable en Europe.

• Restauration des monarchies :

• Le principe central du Congrès est le rétablissement des dynasties légitimes renversées par les guerres révolutionnaires et napoléoniennes. Les Bourbons sont ainsi restaurés en France, et des monarques légitimes reprennent le pouvoir en Espagne, en Italie et ailleurs.

• La priorité est de maintenir les trônes des monarchies européennes, perçues comme garantes de la stabilité politique. Cette restauration vise à effacer les bouleversements provoqués par les révolutions et à prémunir l’Europe contre de nouvelles révolutions libérales ou républicaines.

• Équilibre des puissances :

• Le Concert européen est mis en place pour maintenir un équilibre des puissances, où aucune nation ne pourrait dominer le continent. Ce système de concertation diplomatique vise à prévenir les conflits en Europe en maintenant un équilibre entre les grandes puissances (Autriche, Prusse, Russie, Royaume-Uni, et France à partir de 1818).

• De nouvelles frontières sont dessinées, avec la création d’États-tampons autour de la France (Belgique, Pays-Bas, Piémont-Sardaigne), afin de prévenir toute nouvelle tentative d’expansion française.

• Répression des aspirations nationales :

• Le Congrès de Vienne s’oppose fermement aux mouvements nationalistes et libéraux qui émergent en Europe. Des États comme l’Italie ou l’Allemagne, divisés en une multitude de petits royaumes et principautés, sont empêchés de s’unifier. L’Autriche de Metternich joue un rôle clé dans la répression des mouvements d’indépendance, notamment en Italie, afin de préserver le statu quo.

• L’objectif est de réprimer toute tentative de transformation politique ou sociale pouvant mettre en danger l’ordre établi.

II. Le Congrès de Paris (1856) : maintenir la paix en contenant les ambitions nationales et impériales

Quarante ans plus tard, le Congrès de Paris est réuni à l’issue de la guerre de Crimée (1853-1856), qui a opposé la Russie à une coalition comprenant la France, le Royaume-Uni, l’Empire ottoman et le Royaume de Sardaigne. Ce conflit révèle les tensions croissantes dans l’ordre européen et remet en cause certaines des bases posées à Vienne.

• Éviter l’émancipation des nations et des tensions impériales :

• Le Congrès de Paris vise à restaurer la paix tout en contenant les ambitions de la Russie, notamment dans les Balkans et l’Empire ottoman. La neutralisation de la mer Noire prive la Russie de la possibilité d’étendre son influence vers le sud, ce qui permet de maintenir l’équilibre en Europe.

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