Histoire et mémoire
Cours : Histoire et mémoire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Binou2345 • 26 Juin 2023 • Cours • 2 369 Mots (10 Pages) • 225 Vues
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L’Histoire est le processus de connaissance du passé, visant d’après Henry Rousso, (historien) « à une compréhension, une interprétation du passé, fondé sur l’analyse de traces de toutes sortes laissées par l’activité humaine. Elle s’écrit avec des points de vue, des angles d’observation, des questionnements pluriels et variés ». La mémoire est une manière dont des sociétés, des groupes, des individus se souviennent et se représentent le passé. On distingue la mémoire individuelle et la mémoire collective. La mémoire opère un tri parmi les souvenirs, en surinvestit certains et en occulte d’autres. Son étude constitue un champ de recherche historique récent.
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I- En quoi histoire et mémoire sont-elles complémentaires dans la compréhension du passé ?
A- La mémoire et l’histoire ont deux approches différentes du passé
La mémoire est une des procédures de connaissance du passé. La mémoire individuelle désigne les souvenir d’un individu, elle est subjective et chargée d’émotions. La mémoire collective se définit quant à elle, comme la manière dont les sociétés se souviennent et englobe les pratiques de commémoration. La commémoration est le rappel d’un évènement, d’un lieu, d’un acteur, d’une œuvre…jugé digne d’être inscrit dans la mémoire collective. Elle se construit en fonction des enjeux du présent. La mémoire résulte du vécu et elle est en perpétuelle évolution. Elle se fonde sur des choix, des oublis et sur des silences.
L’Histoire est le fruit d’une élaboration scientifique. Elle se définit comme une connaissance objective du passé et se conçoit comme un savoir scientifique et critique. Le grec Hérodote (480 av JC -435 av JC) est considéré comme le premier historien. L’Histoire est le fruit d’un travail de reconstitution mené selon une méthode une méthode rigoureuse. Elle établit une vérité partielle et relative, qui a vocation à l’universel, mais toujours susceptible d’être remis en cause. L’un des matériaux de l’historien (texte, monnaie, …) est la mémoire des acteurs qu’il collecte par le biais des archives et/ou des témoignages.
L’historien est là pour rendre compte de ces mémoires et en faire un objet de savoir. Entre mémoires individuelles et mémoire collective, devoir de mémoire et besoins de commémoration, l’historien vise l’objectivité et le recul critique.
La mémoire et l’histoire sont donc deux perceptions différentes du passé.
B- L’historiographie joue un rôle majeur pour montrer que les mémoires et la mémoire
officielle ne correspondent pas nécessairement[pic 4]
L’historiographie est un terme qui sert à désigner la façon de construire et d’écrire l’histoire. Histoire de l'Histoire, l'historiographie analyse la manière dont chaque époque écrit l'Histoire, la comprend et l'utilise.
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Aussi, les travaux pionniers sur la mémoire collective ont été menés en France par Maurice Halbwachs (Les cadres sociaux de la mémoire, 1925). Dans les années 1970, l’historien Pierre Nora lance un séminaire qui sera à l’origine de la publication des Lieux de mémoire (1984-1992). Les travaux d’Henri Rousso (Le Syndrome de Vichy, 1987) montrent un passé vichyste qui ne passe pas en France. Mais ce sont les recherches de l’universitaire R. Paxton qui montre que le régime de Vichy devance les demandes de l’Allemagne nazie. Il a d’ailleurs été appelé en tant que témoin expert au procès de Maurice Papon.[pic 7]
Dans les années 1970 se développe tout un contexte de résurgence des mémoires de différents groupes (notamment l’affirmation de la mémoire juive de la Shoah). C’est alors que les études sur la mémoire se multiplient. Dans le champ du politique, à la tête de l’Etat, une véritable explosion mémorielle et commémorative a lieu avec des actions multiples menées par le président ou encore le gouvernement. Enfin, la fin des années 1980 et des années 1990 voient la cristallisation de la notion de devoir de mémoire. Celui-ci peut se définir comme une obligation morale de se souvenir d’un évènement traumatisant et de rendre hommage aux victimes. La commémoration de la déportation et du génocide fait partie de ce devoir de mémoire. Apparait alors un débat entre les historiens sur leur rôle à jouer en tant que spécialiste de l’histoire dans les commémorations qui se multiplient. Les historiens se sont pour la plupart montrés réticents devant les appels
« au devoir de mémoire » estimant que leur rôle est d’expliquer, de comprendre et non de commémorer. Surtout, les travaux et les publications des chercheurs constituent une arme efficace pour lutter contre l'oubli, les déformations de l'histoire et l'altération de la mémoire. Ils contribuent ainsi à ce que le souvenir conservé de cette période soit vivace et fidèle. Pour que de telles recherches puissent être menées, il faut que leurs auteurs disposent d'un accès facile aux archives qui concernent la période. L’accès aux sources peut être rendu compliqué par les pouvoirs publics ou par des témoins détenant des archives privées. L’accès des historiens à de nouvelles sources leur permet
d’étudier de nouveaux objets ou de proposer de nouvelles interprétations. Les pouvoirs publics peuvent faire obstacle à la recherche ou au contraire être une force d’incitation. D’autres débats sur le rôle de l’historien animent la communauté d’historiens, tels que leur rôle dans les procès.
Lorsque les lois mémorielles (Cette expression est apparue en 2005 et désigne quatre lois : loi Gayssot 1990 qui crée le délit de négationnisme du génocide des Juifs + loi du 2001 "relative à la reconnaissance du génocide arménien de 1915" + loi 2001 "tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité" (dite "loi Taubira") + loi 2005 « portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés sont adoptées par les parlementaires, les historiens s’interrogent sur l’intervention des politiques dans leurs champs de recherches : Les "lois mémorielles" peuvent-elle établir une vérité historique ? En 2008, l’historien Pierre Nora crée une association, Liberté pour l’histoire, et sous l’action de cette dernière, une commission parlementaire préconise de ne plus adopter de telles lois.[pic 8]
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