Fiche de lecture : “L'industrialisation”, chapitre IV de François Jarriges dans l’ouvrage Histoire du Monde au XIXème siècle

           FICHE DE LECTURE                             

Titre : “L'industrialisation”, chapitre IV de François Jarriges dans l’ouvrage Histoire du Monde au XIXème siècle.

Présentation de l'œuvre : Travail collectif d’une centaine d’historiens sous la direction de Pierre Singaravélou et Sylvain Venayre qui a duré 8 ans, publication en 2017. Première partie du livre “L’expérience du monde” qui traite de grands thèmes généraux → démographie, transports et communications…

Présentation de l’auteur : membre de l’Institut universitaire de France. Ses travaux explorent l’histoire des techniques et de l’industrialisation à l'aune des enjeux sociaux et écologiques.

Thèse : François Jarrige entend montrer comment le modèle diffusionniste, qui mettait en scène une industrialisation progressive du monde à partir de l’Angleterre et de l’Europe du Nord-Ouest, a été remplacé par la découverte du « caractère protéiforme et polycentré » du développement de l’industrie à l’échelle du monde.

Plan : l’auteur revient sur les prénotions industrielles occidentales avant d’entamer cinq parties distinctes → 1. Révolutions industrieuses et dynamiques artisanales au début du XIXème siècle   2. L’invention de l’usine   3. Mobiliser le monde   4. Spécialisation, dépendance et inégalités    5. “Grande Dépression” et nouvelles trajectoires

Développement : Jean-Baptiste Say ira  jusqu’à dire que l’industrie perfectionnée est la “différence entre nous et les sauvages des terres australes”. Tout le paradoxe est là : François Jarrige s’efforce de démonter l’idée reçue selon laquelle l’industrialisation serait née en Europe et se serait ensuite généralisée par étapes successives au monde en favorisant la suprématie européenne. Il y a d’autres trajectoires, le modèle européen n’est pas unique, la révolution industrielle a été provincialisée.

Partie 1 : une révolution industrieuse antérieure à la “grande industrie capitaliste” avant 1850, situation d’industrialisation limitée avec une croissance faible du PIB mais un poids important des activités agricoles et artisanales. Caractérisée par un travail industriel des ruraux dans un cadre domestique en Chine, Inde ou Europe : des ouvriers qui travaillent à domicile sous la dépendance d’un marchand. Le caractère hybride des techniques et des innovations frappe, ainsi que l'absence de supériorité de l’Europe dans ce domaine : 1785 à 1787, des fileurs indiens envoyés de Pondichéry à Paris afin de perfectionner l’industrie du coton (expérience échoue). L’historiographie a tendance à insister sur l’absence de divergences radicales entre les économies et les systèmes de production de certaines “régions centres” d’Europe, d’Asie.. D’ailleurs, les premiers textiles anglais imitent ceux des indiens, ce n’est qu’après qu’il y aura un perfectionnement des méthodes.

Partie 2 : Il y a une thèse qui dit que l'industrialisation se résume par l’émergence de l’usine. Cette interprétation est révisée par Jarrige : présence d’usines mécanisées mais ce sont souvent les petites structures disséminées qui l’emportent. C’est là qu’intervient le modèle de “Birmingham”, très démocratisé : sous-traitance et petites entreprises travaillant avec des méthodes artisanales. On constate ainsi une valorisation des savoir-faire artisanaux, la flexibilité des techniques et la souplesse de l’organisation du travail permettant de s’adapter plus rapidement aux évolutions des marchés. On a donc le passage d’une industrie linéaire à un “arbre à plusieurs branches” pour décrire la diversité des chemins en termes de technologie et d’organisation du travail. Les usines émergent de façon polycentrées mais pas de manière naturelle : de nombreuses contestations comme les ouvriers du textile qui brisent des machines et incendient des usines à l’époque du luddisme (1811-1812).

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