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Action directe et brigades rouges

Fiche : Action directe et brigades rouges. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  13 Octobre 2024  •  Fiche  •  2 554 Mots (11 Pages)  •  47 Vues

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EXPOSÉ CG : ACTION DIRECTE ET BRIGADES ROUGES

Introduction

« Nous sommes partis à la conquête d’un nouveau monde, sans nous rendre compte qu’en réalité nous contribuions à consolider le vieux », Alberto Franceschini, un des fondateurs des Brigades rouges. Alberto Franceschini a été condamné à dix-huit ans de prison pour constitution de bande armée, et occupe aujourd’hui le poste de responsable d’un centre social et culturel à Rome. En 2005, il a également publié un ouvrage sous forme de livre-entretien afin de partager son expérience. Il y révèle d’ailleurs de nombreuses informations sur les années de plomb en Italie mais aussi sur les liens existants entre le groupe terroriste, le Parti communiste et l’État italien en affirmant que les Brigades rouges étaient infiltrées et manipulées à des fins politiques. Alberto Franceschini exprime d’ailleurs une certaine amertume quant à l’action des Brigades rouges ayant finalement renforcé l’ordre établi plutôt que de le renverser.

Ainsi, au cours des années 1970 et 1980, donc post mai 1968, l’Europe a été le théâtre de mouvements politiques radicaux et de violences révolutionnaires qui marquent profondément l’histoire de plusieurs pays. Parmi ces différents groupes radicaux, nous nous concentrerons ici sur deux groupes emblématiques : les Brigades rouges en Italie et Action directe en France. D’autre part, ces deux mouvements ont émergé dans des contextes politiques et sociaux tumultueux connaissant des tensions croissantes et de nombreuses aspirations révolutionnaires. Ces organisations terroristes ont suscité la crainte et l'inquiétude des autorités, mais ont également trouvé un écho parmi une partie de la population en quête de changements radicaux.

L'émergence des Brigades Rouges en Italie s'inscrit dans un contexte de crise économique, de polarisation politique et de montée des mouvements de gauche radicale. Les tensions sociales et la répression exercée par l'État ont contribué à radicaliser certains groupes, donnant naissance à une organisation prônant la lutte armée contre l'État italien et le capitalisme. De même, Action Directe en France a vu le jour dans un climat marqué par les séquelles de mai 1968, la montée de l'extrême gauche et la contestation du système en place.

Ces groupes, bien que distincts dans leurs actions et revendications, partagent une volonté commune de renverser l'ordre établi et d'instaurer un système politique et social basé sur des idéaux révolutionnaires. Leur radicalisation et leur recours à la violence politique témoignent des profondes fractures au sein de la société européenne de l'époque, ainsi que des aspirations et des frustrations d'une jeunesse en quête de changements profonds.

Pour autant, si les groupes d’extrême gauche tels qu’Action Directe ou encore les Brigades rouges se revendiquaient héritiers de Marx, ils semblent faire fi du rôle du parti ainsi que de celui de la classe ouvrière d’après Isabelle Sommier. L’émergence de ces groupuscules violents s’inscrit donc dans un contexte particulier, au sein duquel ils ont choisi leurs stratégies d’action de manière pragmatique en fonction de l’environnement politique même si leur action, censée être motivée par une orientation idéologique en faveur du prolétariat, était souvent plus influencée par des considérations tactiques et contextuelles.

Ainsi, pour Isabelle Sommier, la radicalisation des groupes armés d’extrême gauche post années 60 se situe dans un contexte particulier, où la situation internationale nourrit un imaginaire guerrier, marquée par les « peuples en lutte ». À l’anticapitalisme des années 1950 s’ajoute l’anti-impérialisme naissant. Tout laisse alors à penser que « la révolution est en marche ». Par ailleurs, les révoltes juvéniles de 1968 sont marquées par l’idéologie marxiste-léniniste et l’idée que la violence est l’accoucheuse de l’histoire. Dans chaque pays, la gauche institutionnelle est mise à mal par des contestations internes et des attaques externes. L’extrême gauche a alors le champ libre. Enfin, il faut saisir la révolte des années 1968 dans sa dimension générationnelle. La jeunesse universitaire s’embrase pour des causes d’abord corporatistes, puis progressivement plus larges. La combinaison de ces trois facteurs conduit à l’émergence de groupuscules d’extrême gauche (maoïstes, anarchistes, situationnistes, marxistes, autonomes, etc.). « La plupart dépérissent rapidement où demeurent à l’état de petits groupes verbeux préoccupés par l’analyse des “contradictions du système” et la prédication d’une prochaine implosion du capitalisme. Quelques-uns en revanche privilégient d’emblée l’action, se radicalisent et s’acheminent vers la clandestinité et la lutte armée.» (La violence révolutionnaire, Isabelle Sommier, p. 7).

Dans le cas de l’Italie, les années de plomb, qui s'étendent des années 1970 aux années 1980, sont le prolongement d'une tension politique et sociale exacerbée, ayant ses racines dans la période post-Seconde Guerre mondiale. En effet, selon Giovanni Pellegrino, ancien président de la commission parlementaire sur les massacres et le terrorisme, la guerre civile de 1943-1945 a perduré sous une forme de "basse intensité". Dans les années 1960, les revendications des fascistes et des communistes sont toujours présentes, culminant avec le "Mai rampant" de 1968, un mouvement étudiant qui s'étend sur toute la décennie et aboutit aux années de plomb. Ce "Mai rampant" débute en février 1968 alors que les enfants d'ouvriers accèdent massivement aux universités, et s'intensifie jusqu'à l'"automne chaud" de 1969. Pendant cette période, les ouvriers, mécontents des syndicats jugés trop réformistes, commencent à exprimer des revendications plus radicales, allant au-delà des simples augmentations de salaire traditionnelles. Le syndicalisme se trouve ainsi dépassé par les mouvements ouvriers, notamment dans les métropoles du Nord de l'Italie. Les étudiants, originaires de milieux populaires, se joignent à cette agitation sociale, souvent sans adhérer à une idéologie précise. Les thèmes abordés vont de la lutte contre la guerre du Vietnam au marxisme-léninisme en passant par la révolution culturelle chinoise. Ces années de contestation conduisent à l'émergence de groupes révolutionnaires puissants, comme "Potere Operaio" (Pouvoir Ouvrier) et "Lotta Continua" (Lutte Continue). Les années de plomb débutent officiellement avec le massacre de Piazza Fontana en 1969, lorsque des attentats terroristes, dont celui à la Banque Nationale de l'Agriculture, font 17 morts et 88 blessés à Milan, suivi de quatre autres attaques dans l'heure qui suit à Milan et à Rome. Ces événements inaugurent une période sombre de l'histoire italienne, caractérisée par une violence politique et une répression étatique sans précédent.

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