Portrait de Cimon

Texte : Portrait de Cimon

Le texte est issu des Vies Parallèles de Plutarque. Plutarque met en parallèle Cimon et Lucullus. Il dit que les deux sont gentils et modérés dans leur conduite politique. Ils sont sympas avec leurs amis. Ni l’un ni l’autre n’a été irréprochable mais les petits problèmes qu’ils ont pu rencontrer dans leur jeunesse ne sont pas les effets de la perversité mais les défaillances de la vertu. Ils n’ont donc pas un mauvais fond mais parfois ça dérape. L’un comme l’autre ils ne sont pas hyper sérieux et pas hyper disciplinés dans leur vie quotidienne et qu’il y a des excès. Le point commun le plus important est que l’un et l’autre a mené des campagnes militaires restées inachevées. Ils ont vaincu leur ennemi mais ne l’ont pas détruit, Lucullus avec Mithridatopator et Cimon dans le cadre de son expédition à Chypre. Cimon a mené l’essentiel du conflit mais est mort au moment où il s’achève avec la paix de Callias en 449. Plutarque est un biographe moraliste et il peut avoir tendance à exagérer des traits de caractère qui servent son propos. La grande thématique du texte est de montrer que Cimon est plus Spartiate qu’Athénien par sa tournure d’esprit et que c’est une grande force et aussi une grande faiblesse.

Le père de Cimon est Miltiade, le vainqueur de Marathon. Miltiade a épousé en deuxièmes noces Hegésipylé, la fille d’Oloros, un roi Thrace, car Miltiade est tyran en Chersonèse de Thrace, une bande de terre entre le détroit des Dardanelles et le détroit du Bosphore. Sa famille a été installée là par Pisistrate. Lors de la première guerre médique, lorsque les troupes perses passent de la Perse à l’Europe, il doit fuir la Chersonèse de Thrace et doit revenir à Athènes. La perte de ses terres explique sa pauvreté. Miltiade échoue lors d’une expédition à Paros et doit payer une amende de 50 talents qu’il ne peut pas régler et est donc mis en prison où il meurt de la gangrène.

L’amende retombe sur le fils Cimon qui est maintenant le Kurios, le chef de la famille. Sa monnaie d’échange, c’est sa sœur. Il « vend » donc sa sœur à un homme politique majeur, Callias. Sa sœur Elpinice est mariée à Callias en échange de 50 talents, le montant de l’amende. Cimon peut donc désormais jouer un rôle politique. On ne sait pas si Cimon et Elpinice sont frère et sœur ou demi-frère et demi-sœur. Cela a de l’importance car à Athènes, on pouvait se marier avec sa demi-sœur s’il n’ont pas partagé le même utérus, c’est-à-dire s’ils n’ont pas la même mère. Certaines sources disent que Cimon et Elpinice ont été mariés, d’autres non. La réputation de Cimon et de sa sœur est entachée par ça d’autant plus que sa sœur n’avait pas une grande rigueur morale d’où les accusations contre sa sœur. Cimon a mauvaise réputation, il est indiscpliné, grand buveur, c’est un nigaud.

La question de l’éducation doit être vue comme une brique dans la construction du personnage car Plutarque veut en faire plus un laconien qu’un Athénien et qu’il a reçu une éducation sommaire. Sauf que dans la suite de la vie de Plutarque il dit qu’il connaît quand même les arts libéraux contrairement à ce qu’il dit dans un premier temps. C’est donc plus l’image qu’on a de Cimon que la réalité. On dit aussi qu’il n’est pas éloquent mais cela veut dire qu’il n’enfume pas les gens par ses discours contrairement à Thémistocle ou Éphialte. Il est donc élu pour une bonne raison. De même, on dit que Cimon est noble et sincère, caractéristiques plutôt associées à Sparte. Il y a donc le tableau d’un Athénien dont le caractère le porte naturellement vers Sparte et cela se ressent dans ses prises de position politique. C’est aussi quelqu’un de vertueux car sa façon de se comporter renvoie à Cronos, à l’âge d’or, au mythe des races. Sous Cronos, les hommes n’ont pas besoin de travailler, la nature leur fournit tout ce dont ils ont besoin et ils vivent éternellement. C’est la façon dont Cimon conçoit d’être riche en offrant un nouvel âge d’or. Cet âge d’or et le premier des cinq ou six âges où il n’y a pas de conflit.

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