Commentaire de texte: "La France doit quitter l'OTAN" Lettre ouverte de Régis Debré
Commentaire de texte : Commentaire de texte: "La France doit quitter l'OTAN" Lettre ouverte de Régis Debré. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Louis HERMET • 8 Septembre 2023 • Commentaire de texte • 1 356 Mots (6 Pages) • 223 Vues
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Introduction
Régis Debray est un homme politique et philosophe français, né en 1940. Après de hautes études en philosophie à l’école normale supérieure, il s'engage auprès des forces communistes cubaines puis rentre en France en 1979 après des années de militantisme politique et de prison en Amérique du Sud.
A son retour en France il est nommé chargé de mission diplomatique auprès du Président François Mitterrand et rencontre à cette occasion Hubert Védrine, alors conseiller à la cellule diplomatique de l’Elysée.
En mars 2013, Régis Debray fait publier « La France doit quitter l’OTAN” dans le journal Le Monde Diplomatique, cette lettre ouverte est adressée à Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères.
A l’origine de cette lettre, un rapport d’Hubert Védrine remis le 14 novembre 2012, au président de la République François Hollande. Ce rapport analyse les conséquences du retour de la France dans le commandement militaire intégré de l’OTAN ordonnée par le président Nicolas Sarkozy en 2009.
Dans son analyse, Hubert Védrine affirme notamment que le maintien de la France au commandement intégré n’empêche pas la France de plaider pour une Europe de la défense dans le cadre de l’Union européenne et affirme qu’un retrait de la France constituerait un acte « incompréhensible » susceptible de nuire à la fermeté des positions Française.
Dans sa lettre adressée à cet ancien collègue[1] et visiblement[2] ami, Régis Debray s’insurge contre cette analyse et prétend que rester dans l’OTAN pénalise la France dans sa diplomatie internationale et est structurellement incompatible avec une Europe de la défense au sein de l'Union européenne.
Au vu de ces éléments, nous verrons en quoi la lettre de Régis Debray entre dans le cadre d’un débat traditionnel entre les penseurs français des relations internationales opposant deux visions du lien que la France doit avoir avec les Etats-Unis.
Après avoir montré que le texte entre dans le cadre d’un débat discuté entre les intellectuels français nous essaierons de mettre en lumière l’importance que joue la représentation de la puissance américaine dans la position de Régis Debray.
1) Les atlantistes face aux continentalistes.
Le retour de la France au sein du commandement intégré de l’OTAN, a réanimé un vif débat entre les promoteurs d’une défense atlantique, garantie par les Etats-Unis (Nous les nommerons atlantistes) et ceux qui prônent une défense prioritairement européenne et indépendante de la sécurité américaine (Nous les nommerons continentalistes). Ce débat faisait déjà rage en 1966 lorsque le Général de Gaulle annonçait la sortie de la France des organes intégrés de l’OTAN. Cet acte qui donnera lieu au dépôt d’une motion de censure à l’assemblé nationale est vivement dénoncé par la gauche de François Mitterrand et les centristes. Ce fait est d’ailleurs mis en évidence par Mr Debray lorsqu'il souligne dès le début de sa lettre le caractère oxymorique que représente le tant célèbre Gaullo-Mitterandisme (qu’il juge uniquement apte à “dégonfler les baudruches” ) alliant en théorie les visions gaullienne et mitterrandienne alors opposées en 66.
Ainsi le retour de la France aux commandements de l’OTAN remet au goût du jour cette division ancienne et l’échange épistolaire[3] entre Régis Debray et Hubert Védrine en est une démonstration. Pour les atlantistes la défense militaire européenne doit se faire à l’échelle géographique de l’océan atlantique car cela permet bénéficier facilement de la protection des Etats-Unis jugés indispensable. De fait ils s’opposent aux continentalistes qui eux voit la défense européenne comme devant être le fait des européens sur leur propre sol et conçoit la protection américaine comme un élément supplémentaire.
2) La lettre de Régis Debray : Une tribune continentaliste ?
Sous un certain angle, la lettre du philosophe prend les allures d’une tribune publique fustigeant le fonctionnement de l’OTAN et, de façon générale, l’hégémonie américaine dans la structure des processus de décisions collectives. En ce sens, il est aisé d’identifier ce texte dans son fond comme dans sa forme (ouverte) comme étant une sorte de tribune d’opinion uninominale affirmant (au minimum) un anti-atlantisme assumé.
Toutefois nous tenons à souligner le fait que l’argumentaire de Régis Debray se distingue d’une simple opposition atlantisme/continentalisme car l’auteur limite sa critique de l’OTAN dans un cadre temporel (sans pour autant le définir) en soulignant une différence entre l’OTAN de 1966 et celle de 2013. Il juge notamment l’OTAN actuelle comme étant une organisation « inutile et nocive ».
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